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L’Algérie au temps du hirak : contestation et répression

category afrique du nord | luttes en milieu de travail | nouvelles author Tuesday June 15, 2021 15:25author by COURANT Alternatif Report this post to the editors

CA 311, mensuel anarchiste-communiste, juin 2021

Un aperçu du feu social qui couve en Algérie

La revue de l’Armée nationale populaire (ANP) s’est fait l’écho, en des termes menaçants, de l’agitation sociale qui traverse l’Algérie : « Cette fois, sous le couvert de certains mouvements de protestation et revendications sociales, les éléments subversifs poursuivent leurs actions criminelles et provocatrices en incitant les travailleurs et les salariés de certains secteurs à lancer des grèves, apparemment motivées par la revendication de certains droits mais qui, en réalité, visent à faire échec aux prochaines élections législatives et, par la même, engager le pays dans une impasse dont il se passerait bien. Ces éléments subversifs et d’autres qui préparaient des attentats à l’explosif contre les citoyens, sont en fait les deux faces d’une même médaille, leur objectif est de faire plier l’Algérie en recourant à tous les moyens, en explorant toutes les voies et en exécutant plu- sieurs plans subversifs dans le but de provoquer la rue et de généraliser le chaos, de la rareté des produits à la cherté des prix, d’inciter aux grèves, d’insulter et de calomnier les institutions de l’Etat et ses forces de sécurité dans des tentatives désespérées de semer le chaos et de gâcher la voie de l’Algérie nouvelle. » (El Djeich, mai 2021).

Avec cette rhétorique anti- sociale et paranoïaque qui caractérise la propagande du régime militaro-policier, le haut commandement de l’ANP rappelle qu’il se situe du côté de l’ordre bourgeois en criminalisant l’action autonome des travailleurs par l’adoption d’éléments de langage jus- qu’alors réservés à la lutte contre les groupes islamistes armés ou, plus récemment, les nationalistes kabyles. Deux mouvements réactionnaires – Rachad (fondé par d’anciens membres du Front islamique du salut) et le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (créé par le chanteur Ferhat Mehenni) – viennent d’être classés comme des « organisations terroristes » par le Haut conseil de sécurité qui choisit, à travers cette action, ses ennemis complémentaires (TSA, 18 mai 2021).
Les services du Premier ministre Abdelaziz Djerad ont annoncé, dans un communiqué, qu’« une exploitation de l’activité syndicale par certains mouvements subversifs visant à semer la fitna a été récemment relevée, des mouvements qui avaient été identifiés par le passé et leurs plans dénoncés » (Liberté, 8 mai 2021). Là encore, il s’agit de disqualifier les mouvements sociaux, assimilés à la « fitna », c’est-à-dire la discorde, en empruntant au registre religieux.
Que s’est-il donc passé au cours de la dernière période pour que les autorités fassent preuve d’autant de fébrilité ? La presse algérienne, malgré ses carences en la matière, nous donne un aperçu du feu qui couve sur le terrain social.

Le 18 avril, les travailleurs de la Direction des œuvres universitaires de Tamda (Tizi Ouzou), affiliés à l’UGTA, sont entrés en grève illimitée pour dénoncer la mauvaise gestion et exiger le respect de l’activité syndicale (Le Soir d’Algérie, 10 mai 2021).
Le 21 avril, des milliers de travailleurs des secteurs public et privés, soutenus par l’union locale UGTA, ont manifesté à Béjaïa, à l’instar des 800 employés de l’Unité algérienne du costume, en grève illimitée pour exiger le départ du directeur (L’Expression, 22 avril 2021).
Le 27 avril, le ministre de la Poste et des Télécommunications, Brahim Boumzar, a été démis de ses fonctions suite à la grève, jugée « illégale », qui a touché Algérie Poste mi-avril (Le Quotidien d’Oran, 28 avril 2021).
Le 2 mai, les 260 travailleurs de l’Entreprise régionale du génie rural (ERGR) de Béjaïa ont entamé une grève illimitée pour exiger le versement des deux derniers mois de salaire impayés et une commission d’enquête sur la gestion de l’entreprise (Liberté, 6 mai 2021).
Suite au rassemblement, le 2 mai à Alger, des agents de la protection civile qui demandaient l’amélioration de leurs conditions de travail, le ministère de l’Intérieur a décidé la suspension de 230 sapeurs- pompiers et de les poursuivre en justice (L’Expression, 5 mai 2021).
Dans la commune d’Azazga, 74 travailleuses précaires du Dispositif d’insertion sociale, qui touchent un salaire mensuel de 5000 DA, ont entamé une grève de plusieurs jours pour réclamer une amélioration de leur situation (Liberté, 20 mai 2021).
Le 19 mai, les étudiants de l’université Lounici-Ali d’El Affroun (Blida) ont bloqué l’accès à l’établissement pour défendre des revendications d’ordre pédagogique, soutenues par l’Union générale des étudiants algériens (Le Soir d’Algérie, 20 mai 2021).
Les agressions à leur domicile d’enseignantes à Bordj Badji Mokhtar ont provoqué une grève générale de leurs collègues le 19 mai et un sit-in à Adrar, situé à près de 800 kilomètres (Liberté, 20 mai 2021).
Mentionnons enfin que le secteur de l’éducation est marqué par un mouvement de contestation, qui, depuis avril, prend la forme de grèves cycliques, avec le soutien d’une intersyndicale qui regroupe 14 organisations (Le Midi Libre, 10 mai 2021).

Nedjib SIDI MOUSSA 22 mai 2021

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