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Sud-Rail: Anti-bureaucratisme petits bras

category france / belgique / luxembourg | luttes en milieu de travail | opinion / analyse author Sunday March 03, 2013 06:29author by Cheminots d’Alternative Libertaire Report this post to the editors

La stagnation des luttes fait mal au syndicalisme. Au lieu de militer, on se mange le nez. Au lieu de combattre le patronat, on se lance dans la chasse au «bureaucrate syndical». Le congrès de Sud-Rail, en octobre dernier, a subi ces avanies.
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Créé en 1996, Sud-Rail compte environ 11 000 syndiqué-e-s. La majorité est composée de cheminotes et de cheminots de la SNCF, mais nombreuses sont les sections syndicales dans la sous-traitance (nettoyage, prévention et sécurité, restauration ferroviaire), les comités d’établissements SNCF et certaines filiales. L’implantation dans des entreprises de transport ferroviaire privées (ECR, VFLI, Thello, Colas rail…) est réelle mais plus faible.

Le précédent congrès, en 2009, se tenait après la grève reconductible des chemin de fer de la fin 2007, des mouvements locaux parfois longs et souvent gagnants, une progression aux élections professionnelles de 2009. En cet automne 2012, l’ambiance est moins enthousiasmante : une grève nationale reconductible fort compliquée en avril 2010, les mouvements interprofessionnels de 2009 et 2010 qui ne firent pas reculer le gouvernement et durant lesquels le nombre de grévistes ne fut jamais à la hauteur des grandes grèves ferroviaires, une stagnation aux élections professionnelles de 2011.

Une ligne à ne pas franchir

Or, en période de repli, militants et militantes concentrent beaucoup d’énergie à des questions internes, plutôt qu’à analyser sereinement la situation et à mettre en œuvre une politique répondant aux enjeux. Sud-Rail n’a pas échappé à ce travers. Le fonctionnement de la fédération prévoit un double vote, par syndicats d’une part [1], par mandats d’autre part [2]. Pour qu’une décision soit validée, il faut une majorité d’au moins 66 % sur chacun des deux modes de vote. Mises en place pour garantir le respect des minorités et pour tendre vers la recherche du consensus, ces règles ont un défaut : elles facilitent le blocage du fonctionnement fédéral dès que quelques collectifs militants pensent que c’est une priorité!

C’est ce qui s’est passé à plusieurs reprises ces derniers mois, au mépris de la démocratie syndicale : votes par mandats bloqués, refus de tenir compte des positions fédérales majoritaires pour reprendre la discussion dans le syndicat, information minimale aux syndiqué-e-s, etc. Syndicalistes révolutionnaires, nous ne faisons pas preuve de naïveté : principes et efficacité doivent se conjuguer. Mais il y a une ligne à ne pas franchir, sauf à renoncer aux objectifs mêmes de la lutte.

Surtout, il s’agit d’une question politique : déstabiliser la fédération Sud-Rail doit-il aujourd’hui être un objectif des militantes et militants révolutionnaires?

À cette question, certains, qui se réclament notamment du NPA, répondent « oui », situation déjà rencontrée dans d’autres structures de Solidaires.

Nous ne partageons pas cette analyse – comme bien des militants et militantes du NPA, à la SNCF ou ailleurs – et combattons ces manœuvres. Nous n’idéalisons pas Sud-Rail, ni l’union syndicale Solidaires, ni aucune autre organisation, mais nous considérons que Sud-Rail et Solidaires sont parmi les outils les plus utiles et les plus efficaces, pour celles et ceux qui mènent un combat de classe. La grève reconductible de 2007 n’aurait pas existé sans Sud-Rail ; seule la fédération Sud-Rail a combattu la désintégration du système ferroviaire mise en œuvre par la droite en 1996 et confirmée par le gouvernement PS-PCF-Verts en 1997. En juillet dernier, le représentant de Solidaires était bien seul [3] au CES pour voter contre le rapport proposant d’anticiper la privatisation du transport ferroviaire régional de voyageurs (approuvé par CGT, CFTC, CGC et bien entendu le Medef). Notre choix est donc de travailler pour renforcer Sud-Rail ; il s’oppose à celles et ceux qui tentent d’en paralyser le fonctionnement.

Cette «opposition» se fait au nom de la lutte contre la bureaucratie. Passons sur le fait qu’en la matière nombre d’entre eux montrent dans leur syndicat une capacité certaine à recourir aux pratiques qu’ils prétendent dénoncer! Cela révèle surtout un sens politique désastreux: il faut méconnaître totalement ce qu’est la bureaucratie syndicale pour prétendre la combattre en s’attaquant au bureau fédéral de Sud-Rail!

Un climat inhabituel

Ce congrès fédéral s’est donc tenu dans un climat inhabituel. Une partie des candidats et candidates pour un nouveau mandat au bureau fédéral n’ont pas été élus ; presque tous avaient l’aval d’une très grande majorité de syndicats, mais en mandats ils et elles ont recueilli 64 ou 65 % des voix ! À l’inverse, les deux « opposants » qui avaient annoncé leurs candidatures une semaine avant le congrès sont désavoués par 60 à 70 % des syndicats. Résultat : le bureau fédéral est plus réduit que le précédent (sept membres), même si une motion affirme le soutien très majoritaire des syndicats.

Ce congrès a aussi été l’occasion de poursuivre une très intéressante réflexion sur le fédéralisme, menée en continu depuis trois ans. La résolution sur ce sujet est validée par 72% des mandats. La stratégie d’action, avec les débats sur l’unité syndicale, les assemblées générales, l’importance de l’interprofessionnel et de l’internationalisme concrets, a occupé une place importante. Cette résolution rassemble 91 % des mandats.

Construire une opposition au sein d’organisations syndicales qui bafouent la démocratie ouvrière, les mouvements reconductibles, la coordination des luttes, etc., est nécessaire. Mais les militants et militantes d’AL organisés syndicalement à Sud-Rail considèrent que c’est une erreur d’agir pareillement à Solidaires.

Nous ne nions pas les manques à Sud-Rail: une trop grande facilité à tomber dans le piège du sectarisme tendu par des collectifs CGT, une insuffisance notoire sur les entreprises privées, une pratique de terrain en recul dans certaines régions, une implication interprofessionnelle trop faible… Mais pour nous l’enjeu est d’améliorer cela, en poursuivant la construction d’un syndicalisme clairement anticapitaliste, dans le rail et ailleurs.

[1] Chaque syndicat vaut une voix.

[2] Chaque syndicat pèse selon le nombre de ses syndiqué-e-s.

[3] Avec celui de la Confédération paysanne.

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