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Vatican - Première encyclique de Benoît XVI

category international | religion | autre presse libertaire author Thursday January 26, 2006 08:10author by Hertje - A voix autreauthor email avoixautre at no-log dot org Report this post to the editors

"Dieu est amour". Mercredi 25 janvier, la première encyclique de Benoît XVI a été publiée. Le pape y dénonce l’amour "rabaissé au simple sexe" et y présente le couple hétéro comme destinée de l’homme et de la femme. Et y prétend que l’Eglise rejette le prosélytisme. Zoom.

"Deus Caritas est" (Dieu est amour). Tel est le titre de la première encyclique du pape Benoît XVI "sur l’amour chrétien". La brochure de 45 pages, destinée à tous les membres de l’Eglise catholique, a été publiée ce mercredi 25 janvier. En employant les mots "amour" et "charité", l’ancien gardien de la doctrine espère effacer l’image de Grand Inquisiteur qui lui colle à la soutane depuis son élection en avril 2005. Et pourtant...

Selon Benoît XVI, l’éros doit être "discipliné" et épuré. Rien de neuf à Rome, donc, où le pape s’en prend au caractère prétendument "trompeur" de l’amour lorsqu’il est "rabaissé au simple sexe", au domaine "purement biologique". Il affirme que la doctrine chrétienne a toujours dit que l’amour doit tendre à la fusion du corps et de l’esprit dans le mariage, où l’homme et la femme réalisent leur "destinée profonde". En filigrane, le couple hétérosexuel est une nouvelle fois présenté comme but ultime et valeur indépassable. Ratzinger ne perd jamais une occasion de réaffirmer clairement les positions de l’Église catholique sur des thèmes brûlants d’actualité tels que la conception de la famille et l’autodétermination des individus.

En somme, le pape continue sa croisade permanente contre l’humanité.

Si, dans cette première encyclique, le souverain pontife reconnaît du bout des lèvres "une certaine vérité" aux critiques marxistes contre la charité chrétienne, en admettant que l’Eglise a réalisé "avec lenteur" (doux euphémisme) les nécessités de l’action en faveur de la justice sociale, il a cependant récemment attaqué l’expérimentation de la pilule abortive RU486, entreprise dans quelques hôpitaux toscans. La conception vaticane de la justice ne concerne manifestement pas les femmes, à qui le Vatican interdit l’interruption volontaire de grossesse et qu’il culpabilise inutilement.

Dans son encyclique, le pape rappelle les grandes règles de l’action caritative : l’Eglise doit être "indépendante des partis et des idéologies" et rejeter tout "prosélytisme". Pourtant, Ratzinger et, de manière générale, l’Eglise ne cessent d’intervenir dans le débat public. Le 12 janvier par exemple, le pape a condamné les unions homosexuelles et la pilule abortive. Et l’Eglise catholique italienne, en prévision des élections législatives qui se tiendront dans la péninsule le 9 avril, a quant à elle fait savoir au centre-gauche qu’elle combattrait toute tentative de reconnaissance de partenariat civil pour les couples hétérosexuels non mariés et les couples homosexuels.

La pièce qui se joue est dramatique, parce qu’elle se joue réellement sur le corps de chacun d’entre nous.

C’est une question de genre, mais pas seulement. Nous devons par exemple combattre l’attaque misogyne contre l’autodétermination des femmes (un vieux cheval de bataille de l’obscurantisme catholique) en ayant conscience qu’il ne s’agit pas d’un problème exclusivement féminin. Le projet de domination sur la famille est avant tout la volonté de dominer chaque individu.

Le 14 janvier, des manifestations massives ont d’ailleurs eu lieu à Rome et à Milan pour défendre la loi 194 qui reconnaît le droit d’avorter et pour promouvoir la reconnaissance et la tutelle juridique des unions de fait. En Italie, malgré tout, il y a encore une conscience populaire vivante, qui sait résister aux attaques des réactionnaires des hiérarchies ecclésiastiques.

Plus encore, Ratzinger affirme dans son encyclique : "Nous n’avons pas besoin d’un Etat qui régente et domine tout, mais au contraire d’un Etat qui reconnaisse généreusement et qui soutienne, dans la ligne du principe de subsidiarité, les initiatives qui naissent des différentes forces sociales et qui associent spontanéité et proximité avec les hommes ayant besoin d’aide". A première vue, on pourrait percevoir ici une approbation des mouvements altermondialistes par Ratzinger. Dans ce cas, il méconnaît l’essence des mouvements alter qui aspirent à agir en dehors de l’Etat et en toute indépendance. Mais il s’agit probablement de toute autre chose... Le pape demande en effet aux Etats de soutenir les forces sociales et s’empresse d’ajouter que "l’Eglise est une de ces forces vives". Des interférences entre l’Eglise et de l’Etat sont à craindre, d’autant plus que, selon Benoît XVI, l’Eglise "veut servir la formation des consciences dans le domaine politique et contribuer à faire grandir la perception des véritables exigences de la justice". C’est une conception de la séparation Eglise-Etat pour le moins ambigüe, comme le révèle aussi cette autre phrase : "Les deux sphères sont distinctes, mais toujours en relation de réciprocité". Epinglons au passage les termes "véritables exigences"... l’Eglise détiendrait-elle la Vérité unique ?

L’Église ne veut pas défendre la vie, mais elle veut créer une non-vie qui soit assimilable à son modèle homogène et contrôlable. La criminalisation du droit d’avorter est un acte terroriste dont l’objectif est d’assimiler les partisans de l’article 194 d’Italie et d’ailleurs à de cruels bouchers.

De la même manière, l’opposition papale à la tutelle juridique des couples de fait (qu’ils soient hétéro ou homosexuels) est le symptôme d’une volonté destructrice, qui veut uniquement humilier les individus dans leurs désirs, dans leur vitalité, dans leur charge humaine.

Lutter contre la pieuvre vaticane en se limitant à la défense juste des acquis par les moyens législatifs serait absoluement réducteur. À la croisade catholique, il faut répondre en relançant un engagement anticlérical plus fort afin de démasquer les dangers de ce pouvoir politique et religieux qui voudrait nous faire retomber dans un moyen âge de brutalité et d’ignorance.

Contre la culture de la douleur à tout prix, contre celle de la culpabilité et des expiations physiques de "péchés ataviques", il est nécessaire de réaffirmer l’incontrôlable énergie de la volonté, de la liberté, de la maîtrise de soi. Ce que l’Église redoute, c’est : une femme ou un homme absolument responsable, capable de gérer son existence et ses choix. Et ceci vaut pour toute institution religieuse, sous n’importe quelle latitude et avec n’importe quel dieu.

Sources :
Umanita Nova, du 22 janvier 2006
La Libre Belgique, du 25 janvier 2006
Encyclique Deus est caritas, du 25 janvier 2006
Bellacio.org le 15 janvier 2006

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author by mathildepublication date Fri Jan 27, 2006 06:19author address author phone Report this post to the editors

Votre commentaire est tout simplement hors sujet et voit le mal là ou il n'y en a pas!!Ce texte n'est qu'une réflexion philosophique et spirituelle sur l'amour.D'autre part il ne concerne que l'Eglise.Si l'Eglise vous est si étrangère,je ne vois pas en quoi ces débats peuvent vous concerner.

author by bernardpublication date Fri Jan 27, 2006 06:31author email bcabanel at wanadoo dot frauthor address author phone Report this post to the editors

bonjour,je ne suis pas catholique mais je partage assez votre opinion Mathilde.Ce que j'ai pu en lire dans la presse m'a laissé une impression plutot "sympathique".Entendre un responsable religieux parler d'amour et de charité quand on voit tous les dégats de certaines idéologies se revendiquant de dieu est plutot une bonne chose.Il y a une vraie réflexion qui ne m'est pas apparu pour une fois moralisatrice.C'est assez nouveau et inattendu de la part de ce pape conservateur pour mériter d'etre souligné.

author by Michel Guillotpublication date Fri Jan 27, 2006 18:26author email michel.guillot at caramail dot comauthor address author phone Report this post to the editors

Je ne suis pas particuliérement papiste et encore moins "ratzingerien" mais l'article que je viens de lire dans votre blog est réellement affligeant. Il démontre, une fois de plus l'obscurantisme de notre civilisation post-judéo-chrétienne, incapable de reconnaitre dans l'homme et la femme, autre chose qu'un tas de viande soumis à ses pulsions (sexuelles et autres), ses désirs du moment qu'ils doivent assouvir immédiatement s'il veulent se sentir libres. Quelle piètre image de la liberté vous avez et vous essayez de nous faire admettre!!!
La vraie liberté ne peut naître que de l'amour, mais que cela plaise ou non, la liberté n'est pas la licence, le " n'importe quoi pourvu que ça m'arrange, moi", et l'amour est tout de même autre chose que la baise, même si elle en fait partie quant elle se manifeste comme un don réciproque du corps et du coeur l'un à l'autre. Tout n'est pas parfait dans cette encyclique, mais l'église catholique ne peut pas dire autre chose que son message religieux qui, dans le domaine de l'amour, rejoins et aide la nature humaine à s'enrichir et trouver son (vrai) bonheur.
S'il vous plaît, Messieurs les grands inquisiteur d'une morale destructrice, avilissante et empêchant l'être humain d'être libre dans le vrai sens du terme, essayez de considérer ceux qui ont l'esprit un peu moins coincé que pe vôtre (soit dit sans méchanceté !), comme des arriérés qui empêchent me monde d'évoluer.
Sans rancune.
Michel Guillot

author by Marc L.publication date Tue Jan 31, 2006 04:50author address author phone Report this post to the editors

L'église catholique n'est plus l'église d'autrefois dominante. S'il y a une institution à qui je rends une place de plus en plus importante dans ce monde d'aujourd'hui c'est bien celle ci. L'église est de bonne volonté.
Nous avons de grand défi à relevé tel que changement climatique, l'environnement, le profit à tout prix, partage des richesses, consommation à outrance, etc, Ce n'est certainement pas les grandes corporations ou le système politique International et national tel qu'on les connais aujourd'hui qui en ont les capacités. Pour l'amour de nos enfants, notre famille, notre prochain...
Nous devons nous rapprocher davantage de la spiritualité pour mieux saisir nos défis.
Je crois que l'église reviens tout simplement au source "l'amour"

author by OSCARpublication date Thu Feb 02, 2006 14:58author email oscarfortin at hotmail dot comauthor address 740, ave Désy, Québec, Canadaauthor phone 418527-2168Report this post to the editors

BENOÏT XVI ET L’AMOUR

Le jour de la publication de l’encyclique de Benoît XVI sur l’amour je visitais un centre de santé dans une des zones les plus pauvres et criminalisées de Santiago du Chili. Là, j’y ai rencontré des hommes et des femmes de tout âge, de toute croyance se dévouer avec une vitalité, une joie et un professionnalisme exceptionnel auprès d’une clientèle aux mille visages. Ces personnes, aujourd’hui employées de l’État, étaient, il n’y a pas encore longtemps, des bénévoles ou á peu prés, au service d’organismes de charité. Cette prise en charge par la collectivité ne s’est pas fait toute seule. C’est suite á des luttes, menées socialement et politiquement, que l’État a été amené á assumer cette responsabilité. Ces dernières ont ainsi donné à la charité son véritable visage : un service á la justice, á la vérité, á la solidarité et á la compassion.

Il n’y a pas moins d’amour et de dévouement maintenant que l’État en assume la responsabilité que lorsque c’était des –églises ou des organismes de charité. En ce sens « les persécutés pour la justice » qui ont mené ces combats et dont nous parlent les Béatitudes sont tout autant des témoins de la charité et de l’amour que ne l’ont été mère Teresa et des milliers d’autres oeuvrant dans « de bonnes œuvres. En effet, une charité qui ne serait pas au service de la vérité, de la justice, de la solidarité humaine et de la compassion serait á toute fin pratique une caution donnant bonne conscience aux manipulateurs du monde.

Ce n’est pas la voie prise par Mgr Romero au Salvador, l’abbé Pierre en France et combien d’autres á travers le monde qui ont témoigné d’une charité engagée sur tous les fronts allant dans certains cas jusqu’au don de leur vie. Ils n’ont pas cautionné les injustices, les mensonges, les manipulations de toute nature. Ils se sont élevés á temps et á contre temps pour les dénoncer sans égard au prestige des personnes concernées et aux conséquences pour eux-mêmes et leurs organisations.

Séparer la charité des œuvres de justice et de solidarité humaine c’est la transformer en bonne conscience des responsables de ces mêmes malheurs. Ce serait comme un accord plus ou moins tacite entre ceux qui cassent les plats et ceux qui essaient de les recoller. Les dons des premiers aidant les seconds á faire du recollage. Il y a une sorte de cercle vicieux et d’interdépendance qui transforment la charité en un placage artificiel. C’est la substituer á la véritable charité chrétienne qui plonge ses racines dans « les béatitudes » dont nous rend compte le Sermon sur la montagne. »

On n’a pas crucifié Jésus parce qu’il faisait de bonnes œuvres, mais bien plutót parce qu’il secouait les colonnes des pouvoirs religieux et politiques. Caïphe, Hérode et Pilate ont préféré s’en débarrasser parce qu’il était devenu trop menaçant. Ses sorties contre l’hypocrisie des pharisiens, contre l’usage étroit de la loi hébraïque et des pratiques religieuses se substituant au véritable culte qui plaie á Dieu, sont autant d’appels á sortir du cercle de nos pensées rationnelles pour entrer dans celui de l’existence qui donne tous les jours l’occasion de vivre l’amour. Il suffit de relire la seconde lettre de Paul aux Corinthiens, au chapitre 13, pour découvrir que l’amour n’est pas une morale mais une manière d’être.

Les réponses indispensables á apporter aux souffrances humaines laissées de coté par les responsables politiques et économiques ne doivent pas laisser dans l’ombre les réponses á apporter aux causes de ces malheurs et de bien d’autres.

Oscar Fortin

De Santiago du Chili
Le 25 janvier 2006

author by Alexandre Traubepublication date Sun Feb 05, 2006 20:49author email a.traube at bluewin dot chauthor address author phone Report this post to the editors

C'est toujours de triste de voir des personnes réagir à un événement, non en fonction de ce que l'événement apporte réellement, mais en fonction de leurs a priori idéologiques.
Si Benoit XVI avait écrit une encyclique réaffirmant sans tact des dogmes difficiles à avaler où s'était exprimé de manière négative sur les homosexuels ou toute autre chose, vous auriez jubilé et crié au loup, la preuve étant faite de son statut de grand inquisiteur. Il écrit au contraire une encyclique sur l'amour, l'action sociale, impliquant une vision positive sur l'entraide dans ce monde où règne souvent l'injustice, des mea culpa sur l'insuffisance de l'Eglise en différents moments de son histoire, conjugués avec l'urgence de s'impliquer plus sur le plan humain, et ce, sans faire de prosélytisme. Il faut alors, que sautant à pieds joints sur ce que l'encyclique veut dire, vous accusiez l'auteur de double langage, vous offusquiez qu'on puisse trouver beau l'amour entre homme et femme, sous prétexte qu'il y aurait une attaque cachée contre les personnes homosexuelles (personnellement, je ne souscris pas du tout à d'autres interventions vaticanes sur ce dernier sujet et j'ai de nombreux amis et proches gays et étant des êtres humains au sens plénier, mais là, il faut vraiment tordre le texte pour y voir une attaque). On pourrait d'ailleurs en développant votre idée, supprimer des cinémas et des programmes télé tous les films impliquant une histoire d'amour hétéro pour rester politiquement correct. Et on pourrait continuer longtemps à regarder les différences entre ce que dit l'encyclique et ce que vous y lisez.
Bref, quand on a affaire à vous et qu'on représente ce que vous détestez, quoiqu'on fasse, fut-ce dans votre sens, on se trompe et vous avez toujours raison. Belle leçon de tolérance. Bravo. Manifestement les plus dogmatiques ne sont pas toujours du côté que l'on croit.

Alexandre Traube

author by Christian Lafenêtrepublication date Sun Jun 04, 2006 23:57author address author phone Report this post to the editors

Quand les anars actuels entendent le mot purification, ils hurlent (ou pire).

J'ai pourtant eu la curiosité de relire l'encyclopédie anarchiste de Sébatien Faure, qui n'est pas une bible, mais constitue un peu une référence :

Une simple phrase non sortie de son contexte ::

« Il faut tuer en soi la jalousie, l'autoritarisme, le propriétarisme....Il faut purifier l'amour pour en faire un don de soi... »

Nos prédécesseurs avaient un peu le sens de la réalité

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