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Tuesday August 02, 2011 21:26 by Alan MacSimóin - Workers Solidarity Movement
Une histoire cachée de grèves solidaires, de socialisme, de conseils ouvriers et de révolution dans un coin de l'Irlande rurale. Quand le drapeau rouge flottait dans la province de Munster... Grèves d'ouvriers agricoles, occupations de laiteries, des drapeaux rouges qui flottent et des constitutions de « soviets ». Pas le genre de choses habituellement associées aux années 1919-1923, les années de la Guerre d'Indépendance et de la Guerre Civile. Ce furent des années parmi les plus inquiétantes pour l'establishment, à tel point que même encore maintenant ils préfèrent que ces évènements demeurent oubliés. Les anarchistes, à l'opposé, sont désireux/ses de voir cette histoire redécouverte parce que cela nous rappelle l'esprit et le pouvoir potentiel qui vit dans la classe ouvrière. Irlande 1920: Un soulèvement dans la province de MunsterUne histoire cachée de grèves solidaires, de socialisme, de conseils ouvriers et de révolution dans un coin de l'Irlande rurale.Quand le drapeau rouge flottait dans la province de MunsterGrèves d'ouvriers agricoles, occupations de laiteries, des drapeaux rouges qui flottent et des constitutions de « soviets ». Pas le genre de choses habituellement associées aux années 1919-1923, les années de la Guerre d'Indépendance et de la Guerre Civile. Ce furent des années parmi les plus inquiétantes pour l'establishment, à tel point que même encore maintenant ils préfèrent que ces évènements demeurent oubliés. Les anarchistes, à l'opposé, sont désireux/ses de voir cette histoire redécouverte parce que cela nous rappelle l'esprit et le pouvoir potentiel qui vit dans la classe ouvrière.À la suite de la défaite de l'insurrection de 1916, le nationalisme commençait à recevoir un soutien grandissant qui provenait surtout du dégoût inspiré par les exécutions auxquels se livrèrent les autorités britanniques. Le mouvement syndical se développait aussi, pour la première fois depuis sa bataille épique contre les employeurs de Dublin durant le lockout de 1913. Au cours des années suivantes l'ITGWU (Irish Transport and General Workers Union, de nos jours fusionné au sein du SIPTU, Services, Industrial, Professional and Technical Union, créé en 1990 ) vit ses effectifs augmenter de 5000 à 120 000 membres. L'opposition croissante à la Guerre mondiale, combinée avec la Révolution Russe qui n'avait pas encore été défaite par la dictature bolchevique, générait une envie de changement et pour de nombreux/ses travailleurs/euses cela n'était pas juste dirigé contre le gouvernement anglais mais aussi contre les exploiteurs autochtones. En 1917, 10 000 personnes marchèrent à Dublin pour montrer leur soutien au nouveau système en Russie. L'Armée des Citoyens Irlandais (Irish Citizen’s Army) déclara, avec une grande clairvoyance, que la leçon à retenir de la Russie était que « l'État doit être détruit et le contrôle de l'industrie par les travailleurs établi ». En 1918 environ 15 000 travailleurs/euses prenant part à la manifestation du 1er mai adoptèrent une résolution disant « que nous, les travailleurs de Limerick et de son district, rassemblés en masse, présentons nos salutations fraternelles aux travailleurs de tous les pays, en rendant un hommage particulier à nos camarades russes qui ont mené une si magnifique lutte pour leur émancipation sociale et politique ». Cette année là le parlement britannique vota l'extension de la conscription à l'Irlande. Les syndicats firent face avec une grève générale le 23 avril. Tout s'arrêta, à part dans la région autour de Belfast. Le gouvernement britannique prit peur et laissa tomber ses plans pour enrôler les irlandais dans les tranchées de France et de Belgique. La victoire donna confiance aux travailleurs/euses et beaucoup d'entre eux/elles voulaient poursuivre par un combat contre les patrons. En 1919, 40 000 travailleurs/euses de la construction mécanique de Belfast se mirent en grève pour la semaine de 44 heures. L'électricité fut coupée, exceptée pour les hôpitaux. Des piquets de plus de 2000 grévistes fermèrent les chantiers navals. La parution du « Belfast Telegraph » ( le « Télégraphe de Belfast ») fut stoppée et le « Bulletin des travailleurs » du comité de grève devint le journal le plus largement lu à Belfast. Cette année vit également éclore « le Soviet de Limerick ». Durant les 2 années qui précédèrent cela, le Conseil Syndical local (« local Trades Council », apparemment une sorte d’Union Locale NDT) avait publié « The Bottom dog »(1), un journal hebdomadaire ouvrier qui déclarait représenter les intérêts de ceux/celles d’en bas; de ceux/celles qui sont oppresséEs à cause de leur classe, sexe ou nationalité. L'ITGWU, qui revendiquait 3000 membres dans la ville de Limerick, recrutait aussi massivement dans les campagnes et une vague de grève d'ouvrierEs agricoles balaya le comté. Ce fut dans ce contexte de militantisme syndical et de guerre républicaine contre la domination anglaise qu'un événement très important se produisit. L'incident qui le déclencha fut la mort de l'officier local de l'IRA (Irish Republican Army) Robert Byrne, qui était également un délégué de l'Association des Employés de la Poste Irlandaise au Conseil Syndical local. Byrne était en grève de la faim et une tentative de sauvetage par l'IRA avait échoué, laissant Byrne et un policier du RIC (Royal Irish Constabulary, la principale force de police en Irlande à l’époque NDT) mortellement blessés. En représailles pour la mort du policier l'armée occupa la ville et déclara la loi martiale. Toute personne entrant ou sortant de la ville devait montrer des permis militaires spéciaux. Le Conseil Syndical local appela à une grève générale de protestation. Durant les 2 semaines suivantes le Conseil dirigea la ville. Pas un magasin n'ouvrait sans son autorisation. Les prix alimentaires furent régulés pour stopper la spéculation. Seul les transports autorisés par le Conseil pouvaient se déplacer en ville. Les imprimeries furent prises pour expliquer leurs arguments et un bulletin quotidien fut produit. Le Conseil édita même sa propre monnaie. Les soldats britanniques furent appelés à déserter leur « gouvernement capitaliste impérialiste ». Il est raconté qu'un régiment écossais entier fut renvoyé dans ses foyers pour avoir refuser d'obéir aux ordres. Cet hiver là vit également une grève nationale des camionneurs contre le fait d'avoir à obtenir des permis délivrés par l'armée britannique. Elle fut gagnée grâce à un soutien massif dans toute l'Irlande. Tous ces évènements plantent le décor pour ce qui allait devenir connu sous le nom des « Soviets de Munster ». La famille Cleeve était millionnaire et possédait des moulins, des boulangeries, des usines de machines agricoles, le journal « Limerick Chronicle » (« La Chronique de Limerick ») et 14 laiteries de la province de Munster. Ses 3000 employés n'avaient pas de syndicats et touchaient un des plus bas salaire du pays, 85 pences par semaine. En 1919, ils/elles rejoignirent l'ITGWU et le syndicat des employéEs qui y était affilié. Ils/elles formèrent un Comité d'action et se préparèrent à la grève pour de meilleurs salaires. Des gains furent obtenus mais les Cleeve essayèrent de diviser le syndicat en offrant différentes augmentations à chaque métier. Toutefois, même quand la laiterie de Knocklong fut laissée seule, les travailleurs/euses réussirent pourtant à gagner une augmentation de leur salaire de 1,95 £ à 2,10 £ par semaine. Cela fut assuré après une campagne d'actions de grève où les livraisons de lait étaient renversées dans les fossés. L'année suivante le secrétaire de l'Union Locale, Sean O'Dwyer, qui travaillait dans une laiterie, dressa des plans pour mettre la compagnie à genoux en occupant la laiterie et ses 12 dépôts subsidiaires. Avant de prendre le contrôle, les travailleurs/euses organisèrent leurs propres commandes de beurre, avec le plus de succès à Belfast. Les travailleurs/euses des autres laiteries furent visités et ils/elles acceptèrent de ne pas prendre de lait de la part des fournisseurs habituels des Cleeve. Cela signifiait que les fermiers étaient face à un choix qu'ils ne pouvaient refuser : envoyer leur lait à la laiterie occupée ou le jeter. Le second samedi de mai la grève commença et le lendemain matin les grévistes prirent le contrôle de la laiterie. Un drapeau rouge fut hissé et le panneau de la compagnie fut enlevé. A sa place fut mis un panneau « Soviet de la laiterie de Knocklong » et au dessus « Nous faisons du beurre, pas des profits ». Tous les dépôts furent également occupés. Le directeur, Riordan, fut expulsé et un nouveau directeur élu dans les rangs des syndiquéEs. 97% des fournitures habituelles de lait continuèrent à arriver à la laiterie. 2 tonnes de beurre furent produites chaque jour et toutes les commandes honorées, y compris celles de Belfast. Les travailleurs/euses faisaient un meilleur travail et géraient les choses mieux que les patrons, et les Cleeves furent marginalisés. Ils contactèrent le syndicat où les travailleurs/euses leur donnèrent une liste de revendications incluant un meilleur salaire, des horaires réduits, plus de vacances, le renvoi définitif de Riordan et l'absence de sanctions. Après juste 11 heures, les Cleeve renoncèrent et acceptèrent toutes les revendications. La première chose qu'ils firent en reprenant possession de la laiterie fut de repeindre le panneau du « soviet »... avec de la peinture verte ! (la couleur des républicains irlandais NDT). Mais il n'y a rien de tel qu'une victoire pour en inspirer d'autres. Les salariées des Cleeve à Limerick, Clonmel et Carrick-sur-Suir occupèrent aussi leur lieu de travail et flanquèrent à la porte leur direction, gagnant des hausses de salaire et de meilleures conditions de travail. L'ultime conflit victorieux eut lieu à Tipperary où les ouvrières n'arrivèrent pas à trouver des fournitures de lait ni des marchés. Mais même là elles eurent la moitié de la hausse de salaire qu'elles demandaient. Une vague d'occupation de terres, principalement autour de la province de Munster, suivit alors. L'Association des Propriétaires du Comté de Wexford mit en garde contre les « agitateurs terroristes rouges ». A Waterdord certains des gros propriétaires organisèrent leur propre « Garde Blanche » se déplaçant en voitures, frappant à coups de crosse de pistolet les militantEs syndicaux/ales et incendiant leurs maisons à Dunhill, Holycross, Butlerstown et Ballduff. Plus de 400 propriétaires furent dépossédés par des ouvrierEs agricoles (souvent membres de l'ITGWU). Cela dura jusqu'à ce que l'IRA vienne en aide à la petite noblesse terrienne en faisant en sorte que les tribunaux républicains mettent fin aux « prises de possession illégales ». Ce ne fut pas un incident isolé. L'IRA fut impliquée de manière croissante contre les luttes des travailleurs/euses. Parmi les exemples les plus connus il y a l'écrasement de la grève des ouvrierEs agricoles à Bulgaden et l'expulsion de l'occupation « soviétique » des moulins à Quarterstown. Cependant cela ne se passait pas toujours comme ils le pensaient, par exemple à Kilmacthomas quand l'IRA essaya de maintenir les routes ouvertes tandis que les travailleurs/euses étaient en train de bloquer les transports de briseurs de grèves et de marchandises. Une « Colonne Volante Ouvrière » arriva de Stradbally et força l'IRA à se replier. La comtesse Markievicz (2) avertit de « l'imminence d'une révolution sociale ». Ses collègues au Dáil (le parlement républicain irlandais clandestin de l’époque) décidèrent que « Tout cela est une grave menace pour la république. l'esprit du peuple est en train d'être distrait de la lutte pour la liberté par une guerre de classe ». La direction républicaine n'avait pas de problème à déclarer que son idée de la liberté n'incluait pas celle de se passer de patrons. Des occupations qui s'auto-proclamaient « soviets » se produisirent au port de Cork, dans les chemins de fer du nord de Cork, dans les carrières et la flotte de pêche de Castleconnell, chez les gaziers et les constructeurs de wagons à Tipperary, dans une fabrique de vêtements de la rue York à Dublin, dans des scieries à Ballinacourty et Killarney, à la fonderie de Drogheda, chez les gaziers de Waterford, dans des mines à Arigna et Ballinderry, 2 minoteries à Cork, sur les terres de Sir John Kean à Cappoquin, à l'asile de Monaghan. Sans aucun doute, il y en eut d'autres. La plupart furent couronnées de succès comme moyens de forcer les patrons à satisfaire les revendications salariales mais elles concernaient bien plus que des hausses de salaires. Elles reflétaient la confiance grandissante de travailleurs/euses nouvellement syndiquéEs et un idéalisme politique qui escomptait une Irlande libérée de l'armée anglaise mais aussi des patrons autochtones. Les travailleurs/euses appelaient leurs occupations « soviets » parce qu'ils/elles étaient impressionnéEs par l'exemple des ouvrierEs russes qui avaient établi leurs propres conseils élus, appelés « soviets », pour faire tourner ce pays. Cela aurait pu mener à un grand changement en Ireland mais au lieu de cela le mouvement tourna court. Quand le Syndicat des Femmes Ouvrières Irlandaises (Irish Women Workers Union, IWWU, qui fait maintenant aussi partie de l’actuel SIPTU) appela les dirigeants syndicaux à soutenir les occupations et à les étendre dans tout le pays, pas un d'entre eux n’y prêta attention. Même parmi ceux qui n'y étaient pas complètement opposés aucun n'était enthousiaste ou d'un grand soutien. Comme les représentants syndicaux officiels d'aujourd'hui ils préféraient passer par des « moyens convenables » plutôt que défier l'autorité des patrons. L'écrivain Kostick, auteur d'un livre sur ces évènements, dit que « c'est une grande tragédie de ces années là qu'une perspective qui aurait pu contester l'hégémonie du nationalisme et du syndicalisme, à savoir la lutte pour une république des travailleurs/euses, n'avait virtuellement aucune forme organisationnelle ». Sa solution aurait été un parti d'avant-garde du type bolchevique (il est membre du Parti Socialiste des Travailleurs, Socialist Workers Party, SWP, trotskiste). Il suffit de dire que l'Histoire a rendu son jugement concernant ce modèle. Mais il avait raison. L'absence d'une organisation (ou d'organisations) capable de promouvoir un changement révolutionnaire en Irlande et de construire des liens entre les nombreux groupes de travailleurs/euses en lutte est très notable. Le grand intérêt du livre de Kostick est qu'il apporte une profusion d'informations sur l'histoire cachée de gens ordinaires luttant, en Irlande, pour se débarrasser des patrons accrochés à leurs dos. Les luttes dans lesquelles nos grands-parents et arrières grand-parents étaient engagéEs sont sources d'inspiration. Ils/elles prouvent la fausseté du mythe selon lequel la classe ouvrière irlandaise incline naturellement, d'une façon ou d'une autre, vers la prudence et le conservatisme. Alan MacSimóin NOTES DU TRADUCTEUR : 1) « The Bottom dog » : le titre est difficilement traduisible. C’est une sorte de jeu de mots à partir de l’expression « top dog » qui désigne quelqu’un d’important. « The bottom dog » est une inversion de cette expression et désigne les gens d’en bas.
2) La comtesse Constance Markievicz : Républicaine Irlandaise, mariée à un comte polonais,
d’où son nom. Elle eut, au sein du mouvement républicain, des positions féministes et
socialistes. Elle soutint l’ITGWU durant le grand lock-out patronal de 1913 à Dublin et participa à
l’insurrection républicaine de Pâques 1916 au sein de l’Irish Citizen’s Army, l’Armée des Citoyens
Irlandais, petite armée républicaine issue du mouvement socialiste et syndical. En 1919, elle est
ministre du travail dans le gouvernement républicain clandestin.
Cet article a été publié dans "Workers Solidarity", n.51 (été, 1997) |
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