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Ontario: La mine aux mineurs !

category amérique du nord / mexique | luttes en milieu de travail | nouvelles author Saturday December 05, 2009 05:02author by Cause commune - Union communiste libertaire

Un texte du numéro 26 du journal Cause commune

Depuis le 13 juillet, près de 3 500 employé-es syndiqué-es de Vale Inco, une compagnie minière canadienne appartenant à la transnationale brésilienne Companhia do Vale Rio Doce (CVRD), sont en grève dans diverses régions, dont plus de 3 000 à Sudbury en Ontario. Le conflit résulte de la volonté de la compagnie d’exiger des diminutions drastiques au niveau des salaires et des conditions de travail, durement acquises dans les dernières décennies, alors qu’au même moment elle affiche des profits records.

CVRD, créée par le gouvernement brésilien en 1942, fut privatisée en 1997 pour la modique somme de 3,3 milliards de dollars US. En 2008, elle a généré un profit net record de 13,2 milliards de U$ et une hausse des dividendes aux actionnaires de 52 % comparativement à 2007, soit 2,85 milliards de U$, représentant plus que l’ensemble des salaires et des bénéfices marginaux de ses 100 000 employé-e-s. Depuis 2001, CVRD s’est lancé dans une vague d’acquisition de concurrents, dont l’énorme minière canadienne Inco en 2006, pour 19,9 milliards de U$, permettant ainsi l’achat du complexe de Sudbury, qui est le plus important gisement de nickel au monde (1). La transnationale brésilienne, qui est maintenant présente sur six continents, se classe au deuxième rang mondial des compagnies minières.
L’affrontement

Depuis 1997, CVRD affronte systématiquement ses ouvriers et ses ouvrières. Au Brésil, les emplois ont été précarisés et les travailleurs y sont congédiés pour la plupart après trois à cinq ans afin d’empêcher toute forme d’ancienneté. Avec la demande grandissante des économies émergentes pour les ressources minières et la course contre les nouveaux pays producteurs tels que la Chine, les géants miniers tentent évidemment de minimiser les coûts de production en coupant massivement dans les conditions des travailleurs. C’est dans ce contexte que, profitant de la crise qui frappe durement l’industrie ontarienne de l’automobile et de l’acier, CVRD décida d’exiger un gel salarial de trois ans, des modifications majeures du régime de retraite et de l’ajustement du salaire à l’inflation ainsi qu’une réduction considérable du bonus annuel lié au taux de profit sur la production de nickel, représentant en moyenne 25 % du salaire de base. Ce qui dans les faits ferait régresser les conditions des travailleurs trente ans en arrière (2). Les travailleurs de Sudbury, affiliés au syndicat des United Steel Workers (USW), n’avaient d’autre choix que de déclencher la grève.

Le syndicalisme nord-américain, plongé dans un marasme depuis de nombreuses décennies, fut rapidement dépassé par les événements. Les grévistes, dès la fin juillet, ont fait face à une injonction du tribunal les empêchant de bloquer les camions plus de quinze minutes. Dès lors, une quarantaine de grévistes ont été assignés à comparaître pour violation de l’injonction. Quelques semaines plus tard, l’Ontario ne possédant pas de législation anti-briseurs de grève comme le Québec, Vale utilisa évidemment des jaunes, qui sont pour la plupart des employés de bureau non grévistes membres des USW, pour faire le travail des grévistes. Ce qui isola encore plus les grévistes, pour qui la solidarité nationale et internationale s’était limitée jusqu’à tout récemment à quelques visites de chefs syndicaux et des lettres d’appui. Le mois d’octobre a cependant donné un peu d’espoir aux travailleurs en lutte avec la mise sur pied d’un comité d’appui des femmes, qui avait joué un rôle crucial dans la dernière grande grève de neuf mois en 1978-79, avec l’aide d’anciennes militantes. Ce qui pourrait ouvrir la porte à une certaine forme d’auto-organisation des grévistes. De plus, plusieurs syndicats de travailleurs de Vale ailleurs sur la planète ont intégré symboliquement les revendications de l’Ontario à leurs propres revendications, provoquant même la rupture des négociations dans deux mines au Brésil (1).

Malgré des pertes de plus de 500 millions de U$ pour CVRD depuis le début de la grève, il est évident que le syndicalisme traditionnel est de plus en plus impuissant face aux transnationales. L’auto-organisation des travailleurs et des travailleuses et l’internationalisation des luttes syndicales devront devenir le modus operandi de la lutte au 21e siècle.

(1) http://www.cahiersdusocialisme.org
(2) http://www.fairdealnow.ca

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