Déclaration internationale libertaire
Nous appelons les camarades libertaires à organiser, en relation avec d’autres secteurs proches et en lutte, des mobilisations et des rassemblements devant les ambassades du Pérou dans chaque pays, pour dénoncer les actions de l’Etat et des multinationales dans notre pays. [Castellano] [English] [Italiano]
Le communiqué suivant est une initiative de solidarité libertaire internationale avec les peuples originaires et amazoniens du Pérou dans leur lutte en défense de leurs terres et culture ancestrale. Celle-ci est atteinte et menacée par le gouvernement péruvien en alliance avec l’impérialisme, les multinationales et la droite (principalement l’APRA, l’Union nationale et le fujimorisme), à travers des décrets législatifs inconstitutionnels et violateurs, dans le cadre de la signature du Traité de Libre Commerce avec les Etats-Unis. ».Nous, Unión Socialista Libertaria, exhortons les organisations anarchistes, libertaires et proches du monde entier à signer ce document, à le faire vôtre et à diffuser son contenu à travers vos espace virtuels, listes e-mail, journaux, revues, bulletins, communiqués, peintures murales, forums, actions publiques, culturelles, politiques, etc… avec l’objectif d’établir une claire position libertaire et militante sur ce qui se passe au Pérou
Pour cela nous appelons les camarades libertaires à organiser, en relation avec d’autres secteurs proches et en lutte, des mobilisations et des rassemblements devant les ambassades du Pérou dans chaque pays, pour dénoncer les actions de l’Etat et des multinationales dans notre pays.
Nous en appelons à la vocation solidaire qui nous caractérise comme révolutionnaires libertaires pour faire cause commune, pour nos frères amérindiens et pour leur faire savoir qu’ils ne sont pas seuls, que leurs luttes sont les nôtres, jusqu’à parvenir à la véritable société de pleine liberté, autonomie, progrès humain, sans exploités ni exploiteurs.
Ce processus intense de la lutte indigène et amazonienne a commencé après que l’État péruvien, en contradiction avec ses propres traités internationaux, ait violé systématiquement la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui prévoit une consultation préalable des peuples amérindiens ou originaires avant toute intervention dans leurs territoires par des instances étrangères à leurs propres communautés.
Cela signifie que le gouvernement apriste a lancé (ou plutôt, a relancé) une nouvelle phase de pillage et de vente au plus offrant auprès des multinationales des terres qui, de par la tradition et l’histoire, appartiennent à chaque communauté (Awajun-Wampis, Quechua , Arabela, Huaronis, Pananujuris, Achuar, Murunahus ou Chitonahuas, Cacataibo, Matsés, Candoshis, Shawis, Cocama-Cocamilla, Machiguenga, Yines, Ashaninkas, Yanesha et autres, y compris les “sans contact” ou isolés) qui affirment leur droit à l’existence et à la résistance.
Nous ne pouvons oublier le fait que, depuis la Constitution de Fujimori de 93 elle-même, la voie a été ouverte à la spoliation des ressources mentionnées ci-dessus. Il est donc évident qu’a été commencé l’étranglement et l’isolement des communautés, pendant que la cupidité des multinationales parvenait à obtenir l’établissement de concessions en faveur d’entreprises pétrolières, gazières, minières, du tourisme et de l’exploitation forestière dans les régions qui ont traditionnellement appartenu aux populations qui y sont installés.
C’est ce qui a ouvert la voie à des règlements dans lesquels l’Etat lui-même, en esquivant les instances législatives (la Parlement), par le biais de divers décrets-lois, déclare les territoires des peuples autochtones : “négociables en fonction de l’économie de marché”.
Une fois de plus, l’Etat péruvien a fait la preuve de son caractère d’instrument de domination et d’exploitation pour les classes dominantes de notre pays qui continuent d’exproprier non seulement les droits politiques mais aussi les ressources propres à nos populations amérindiennes (peuples originaires) qui aujourd’hui se sont soulevées dans une rébellion contre le pouvoir oppresseur.
En tant que communistes libertaires, nous déclarons que le droit à la libre autodétermination des communautés originaires est un véritable exercice du pouvoir populaire, car ils se fonde sur des principes communautaires, sur l’usage collectif des ressources naturelles, et dans les méthodes communautaires de travail et de répartition des bénéfices, qui depuis des lustres se sont conservés dans la région amazonienne, où se trouvent 31 des 114 zones de vie et des écosystèmes dans le monde, 95% des forêts du pays et un important potentiel pour l’eau ou l’énergie hydroélectrique.
Tous ces principes sont inclus dans la Déclaration de Mama Quta Titicaca (lac Titicaca situé entre le Pérou et la Bolivie), qui a également décidé de mobiliser les organisations sociales et autochtones au mois de juin en défense des peuples de l’Amazonie et d’organiser des manifestation ou des rassemblements devant les ambassades du Pérou dans chaque pays.
Il est important, également, de souligner le caractère de ce Sommet amérindien qui porte en son essence le germe de l’auto-organisation, que nous-mêmes, militants libertaires, défendons car dans ses recommandations finales il est mis en avant “la construction de peuples plurinationaux communautaires, qui se fondent sur l’autogouvernement et la libre détermination de tous les peuples.”
De même, il faut dénoncer le rôle rempli par les médias officiels qui s’occupent de désinformer, de mentir et d’occulter les mesures justes qui ont été massivement suivies dans la forêt péruvienne, en collusion avec le gouvernement néolibéral actuel avec à sa tête Alan García, le Vice-président et amiral en retraite Luis Giampietri, responsable des massacres dans les prisons au cours du premier gouvernement apriste des années 80, le Premier ministre, Yehuda Simon, ancien dirigeant de gauche, qui a même été emprisonné pour ses idées et qui est maintenant un gardien fidèle de la réaction apriste.
On voit clairement que pour la bourgeoisie qui contrôle l’État sous les ordres de l’impérialisme, la voie vers la dépossession des communautés est également un plan visant à détruire leur propre type d’organisation sociale et les rapports qui les lient à leurs territoires. Cette relation dans son essence s’oppose aux critères occidentaux de la propriété privée et pour cela constituent un frein à l’avidité du capital transnational qui cherchent à pénétrer ces régions, en s’en emparant en partenariat avec l’État et en les transformant en fiefs propres à assurer la prospérité et la domination des exploiteurs
Le président Alan García ment “subtilement” quand il dit que sur les 63 millions d’hectares de la forêt péruvienne, seulement 12 millions appartiennent aux communautés amazoniennes, alors qu’en fait, elles en couvrent plus de 25 millions, comme l’a affirmé le chef de file et principal représentant des communautés en lutte, Alberto Pizango, qui est poursuivi pour “atteinte à la sécurité commune et perturbation des services publics”, de concert avec les dirigeants autochtones Marcial Mudarra, les frères Saul et Servando Puerta, Daniel Marzano et Teresita Antazu. Pizango est par ailleurs déjà poursuivi pour “rébellion, sédition et autres” par le procureur pénal provincial de Lima et fait l’objet d’une troisième plainte devant le second procureur provincial pénal de Utcubamba (Amazonas), pour “trouble à l’ordre public sous la forme d’émeutes”.
Il est clair que l’ensemble de ce processus de poursuites et de persécutions politiques et judiciaires fait partie des efforts de l’État pour criminaliser les protestations populaires et de réprimer les justes demandes sociales, en présentant les frères et les sœurs amérindiens au public comme des “simples vandales ou des sauvages ignorant du progrès que signifie la mondialisation”.
Pour notre part, en tant que libertaires, nous entendons que la lutte des peuples autochtones de l’Amazonie et des Andes, dans la défense de leurs territoires, de leurs organisations et de leurs cultures, s’inscrit dans un programme minimum qu’implique la conquête des revendications des peuples opprimés par l’Etat, le capitalisme et l’impérialisme.
Cette plate-forme doit être basée sur l’utilisation de l’action directe pour exiger l’expulsion des multinationales de leurs territoires. Cela en défense de l’intégrité et de la durabilité de l’habitat et de l’écosystème de la région qui, il faut le rappeler, est l’un des "poumons" de la planète, pour un développement soutenable et l’exploitation planifiée de la faune et la flore sur la base de critères établis par les communautés. Et également, pour l’auto-défense active de leurs territoires et leur récupération.
Nous croyons que la véritable solidarité active avec les luttes amazoniennes et indiennes passent par l’approfondissement de la protestation populaire (agitation, propagande, grèves, arrêts de travail, actions directes, etc.) et en incorporant dans toute plate-forme de lutte celle des peuples originaires aujourd’hui.
En ce sens, nous devons appuyer les revendications qui, dans l’immédiat portent en elles l’amélioration de leurs conditions de vie et la maturation de leur organisation sociale, politique et économique pour faire face à l’État et le détruire de l’intérieur, en édifiant ces germes de pouvoir populaire qui feront tomber ce géant aux pieds d’argile qu’est actuellement le capitalisme, mortellement blessé au niveau mondial, par une crise globale dont il ne pourra sortir si nous comprenons bien que cette crise, la bourgeoisie doit la payer et non les travailleurs.
En ce sens, nous soutenons la lutte du peuple amazonien et de ses diverses communautés pour obtenir des solutions immédiates et nous appelons à :
Traduction par l’Organisation Communiste Libertaire (OCL)