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france / belgique / luxembourg / impérialisme / guerre / appel / pétition Friday December 01, 2023 03:38 byAnonyme

Ce texte est une traduction et une adaptation collectives d'un texte originellement écrit sur Puget Sound Anarchists à l'attention des anarchistes nord-américain/e/s. La section "cibles" a été adaptée par nos soins à la situation européenne et plus particulièrement française.
Ce texte se propose d'apporter des solutions à la passivité dans laquelle nombre de camarades se sont enfermé/e/s face à l'horreur des crimes d'Israël, leur permettant des sorties par le haut et qui reposent sur des principes horizontaux et anti-autoritaires, sur des modes d'action à notre portée géographique.

Le monde occidental reste sidéré face à l’attaque surprise spectaculaire menée contre une superpuissance coloniale, et les colons autant que les spectateur/rice/s occidentaux/les réclament fanatiquement du sang, craignant que sinon iels « seront les prochain/e/s ». Pour venger cette humiliation mondiale, l’État colonial exige des centaines d’yeux pour un œil, des milliers de dents pour une dent et mène une campagne agressive d’extermination de la population palestinienne qu’il retient prisonnière.

Ce génocide se déroule sous nos yeux, tandis que les idéologues du monde colonial s’empressent de nous expliquer que la vie d’un/e Israélien/ne vaut autant que celles de centaines de Palestinien/ne/s, qu’un/e otage israélien/ne équivaut à des milliers de prisonnier/es/s palestinien/ne/s, et que 70 ans de nettoyage ethnique, 16 années de blocus militaire total sur Gaza, et les bombardements et opérations militaires constantes d’une superpuissance nucléaire ne sont rien face à une offensive à coup d’armes légères et de roquettes bricolées.

Certain/e/s anarchistes, encore pétri/e/s de l’humanisme des Lumières, pourraient être tenté/e/s d’hurler qu'on ne devrait pas soutenir cet acte et qu'on devrait condamner le Hamas et les atrocités qu’il commet ! Mais à l’attention de qui formulent-iels cette condamnation ? Les Gazaoui/e/s ne peuvent nous entendre à travers le blocus, assourdi/e/s qu’iels sont par le grondement de leurs estomacs vides, par les frappes aériennes constantes ou par les pleurs des parents sans enfants et des enfants sans parents. Et même s’iels le pouvaient ? Que leur importerait, puisqu'on ne peut leur envoyer ni cargaisons d’armes, ni nourriture, ni eau potable, ni médecins.

C’est vrai : le colonialisme produit des monstres. Cependant, si on veut vraiment condamner les monstres et leurs atrocités, pourquoi ne pas alors commencer par celles du colonisateur, car c’est bien le colonialisme qui engendre ces monstres, et les modèle à son image.

On ne peut pas se contenter de condamner. Quand les bombes pleuvent, les mots ne peuvent rien. On doit penser, on doit agir. C’est par l’action que se forgent de nouveaux liens. C’est par l’action que se concrétise la solidarité. C’est par l’action qu'on peut avoir un impact tangible sur l’occupation et faire advenir un pôle d’opposition anti-autoritaire conséquent.

Je souhaite partager humblement ces quelques mots avec les anarchistes de France, et peut-être d’Europe, pour qu’iels méditent, réfléchissent, critiquent, adaptent et agissent afin d'étendre la lutte pour la libération du peuple palestinien et s’engagent dans une forme de solidarité plus durable, plus concrète et plus menaçante.

Sensibiliser, Agiter, Attaquer – Multiplier les modes d'actions
La guerre n’est pas aussi lointaine qu’il n’y parait. Israël est précurseur dans le développement de techniques de contre-insurrection et de maintien de l’ordre qui s’exportent ensuite dans le reste du monde. Ce qu’Israël fait à la Palestine, notre police et notre gendarmerie nous le fera subir. Mais cet échange n’est pas à sens unique. D’une part, de grands groupes français et européens fournissent l’infrastructure qui contribue à l’apartheid et au génocide tandis que d’une autre, nos impôts financent le terrorisme d’État si directement que ça fait de nous, plus que de simples complices, de véritables coupables.

Si on veut considérer sérieusement la question de la solidarité, on doit abandonner notre attitude de soutien passif et faire nôtre leur lutte en s'y impliquant pleinement, avec tous les risques que ça entraîne. Je souhaiterais proposer un modèle d’analyse et d’action adapté à notre échelle géographique. Tirez de cet outil ce que vous trouvez pertinent et débarassez-vous du reste. La stratégie que je vous soumets repose sur trois piliers : Sensibiliser, Agiter, Attaquer. Ces trois aspects ne doivent pas forcément rester séparés ; la meilleure sensibilisation est parfois l’agitation et l’attaque peut contribuer à l’agitation tout autant qu’à la sensibilisation. Avec un peu de créativité, ces trois aspects peuvent être articulés de nombreuses manières fascinantes.

Il est important de noter que ces trois aspects ne sont pas les étapes distinctes d’une stratégie, mais des outils individuels qui se combinent aisément, ne doivent pas nécessairement être séparés, et gagneraient au contraire à être mobilisés simultanément. N’attendez pas pour passer à l’attaque et ne vous engluez pas dans la sensibilisation en étant persuadé/e/s qu’il faille, pour agir plus efficacement, atteindre un certain degré de quelque conscience abstraite.

Sensibilisation et Contre-Information
Je pense que de nombreux/ses anarchistes prennent pour acquis notre degré d’information sur les actualités mondiales et s’imaginent que tout/e un/e chacun/e est autant informé/e que nous. Non seulement est-ce tout bonnement faux mais ça revient à oublier que la majorité des informations auxquelles la population a accès sont soumises à des intérêts idéologiques privés (rappelons qu’en France, 90 % des médias sont détenus par de grands groupes privés dirigés par exemple par Bolloré, Niel, Lagardère…), des intérêts idéologiques étatiques, ou, plus fréquemment, à un déluge de fausses informations qui inondent les réseaux sociaux. S’il y a bien une chose sur laquelle les anarchistes ont 20 ans de retard, c’est sur la guerre de l’information, devenue pourtant un aspect incontournable de la lutte révolutionnaire.

Chaque jour, les canaux d’informations de l’ennemi débitent des absurdités, les idéologues en ligne rédigent leurs tweets et leurs petits blogs ridicules, et les officines militaires et autres agences de renseignement déploient leurs armées de bots pour inonder de conneries et polluer l’écosystème informatif. Le faux bon sens nous commanderait alors de faire la même chose, mais en mieux ! Ce serait cependant une impasse pour les anarchistes. On n'est pas là pour produire un flux constant de contenu pour un public passif, et on ne dispose pas non plus des capacités de financement pour entretenir l’infrastructure qu’exigerait un réseau national d’information en continu ou une armée de bots (quoique, pour celleux qui s’y connaissent en informatique, des armées de bots sont peut-être à notre portée, mais c’est une question qui mérite sa propre réflexion). Non, on doit être plus créatif/ve/s et favoriser les interventions visant à sensibiliser dans l’espace physique.

Ça inclut par exemple les traditionnels graffitis et collages (à faire régulièrement, environ tous les deux-trois jours, pour conserver une présence dans l’espace public, pas juste une fois de temps en temps), ou encore installer une table dans un parc, en pleine rue ou dans un autre lieu public et y disposer des zines ainsi que des tracts sur les évènements en cours et à venir pour tenter d’interpeler les passants. Sinon, on peut également passer à des modes d’action plus originaux quoique, c’est vrai, un peu plus embarrassants peut-être. Si vous voulez faire un collage, pourquoi ne pas le faire en pleine journée dans des costumes outranciers ou masqué/e/s et habillé/e/s tout en noir pour attirer ouvertement l’attention ? Pourquoi ne pas aller avec quelques ami/e/s et un mégaphone dans une zone très fréquentée (dans l’idéal en bloquant une route ou en perturbant un lieu, par exemple en tirant des feux d’artifice) pour parler de la situation ? Il peut alors être utile de distribuer des tracts aux gens ou même d'en lancer en l’air par centaines. Et pourquoi pas même du théâtre de rue ? Idéalement en perturbant autant que possible. Ou plus généralement, n’importe quoi qui sorte les gens un instant de leur routine et les interpelle.

Sinon, on peut aussi se lancer dans quelque chose d’un peu plus osé. Peut-être est-il temps que les radios pirates fassent leur grand retour ? Vous pourriez essayer de diffuser des informations sur les évènements actuels et sur où s’informer en piratant les ondes d’autres stations sur les heures de grande écoute. À l’occasion d’une manifestation massive, pourquoi ne pas scinder une partie de la manif vers une station de radio ou de télé et y forcer le passage jusqu’au plateau pour diffuser un message ? Ça peut sembler risqué et invraisemblable, mais merde, un génocide est en cours !

Cependant, la sensibilisation et la contre-information ont leurs limites. Idéalement, on devrait chercher à toucher directement la population, ou bien l’inviter à assister à une rencontre ou une assemblée offrant un point d’accroche concret. Il est essentiel de disposer de tracts avec de plus amples informations et des liens renvoyant à des sites permettant d’en apprendre plus et de se tenir au courant des prochains évènements.

Pour le dire clairement : il faut diffuser l’information et offrir un horizon tangible.

Agitation et perturbation
Mais on ne peut se contenter de sensibiliser. La liberté se conquiert, elle ne s’apprend pas, et on n’arrête pas un génocide seulement en informant de son déroulement. Il est vrai que, la plupart du temps, l’agitation et la perturbation n’y font pas grand-chose non plus mais c’est un début. Par agitation, j’entends mettre les gens en mouvement : motiver les personnes et leur donner une liste concrète de cibles et d’actions potentielles. Par perturbation, j’entends particulièrement la perturbation de la vie économique normale. C’est un élément essentiel, à la fois pour la lutte anarchiste en général, et parce que la France est si banalement et étroitement liée au financement et au soutien logistique du génocide en cours en Palestine.

Quand on se questionne sur la manière de perturber, on doit réfléchir à comment bloquer les échanges commerciaux : empêcher les transactions dans les magasins et les banques, perturber le fonctionnement quotidien des entreprises et des institutions qui soutiennent ou profitent de l’apartheid et du génocide, ou encore bloquer le transport des personnes et le fret. On doit également réfléchir à la manière de briser la routine de la normalité, le sentiment que tout va bien. Penser l’impact économique et psychologique. Toute perturbation est une opportunité de communiquer et de sensibiliser. Des banderoles et des tracts avec des mots d’ordre clairs, des slogans entraînants et de la bonne musique. Un discours peut parfois être utile pour enflammer les foules, mais attention, car il peut également rendre cette même foule passive. Voyez les choses en grand : comment pousser les gens à agir ? La clé est de propager et généraliser le conflit.

Certaines tactiques de perturbation ont fait leurs preuves depuis longtemps. Par exemple, les mobilisations visant à bloquer la circulation et les intersections, ou mieux encore, directement à l’intérieur des entreprises et des institutions pour les forcer à fermer le reste de la journée. Les grèves dans les entreprises et institutions qui soutiennent et s’enrichissent du génocide. Bloquer les autoroutes et les rues les plus empruntées peut se montrer une excellente idée, mais il est peut-être plus efficace encore d’installer une véritable barricade hérissée de drapeaux en ne laissant qu’une seule file ouverte de sorte à ralentir assez la circulation pour pouvoir distribuer des tracts aux conducteur/rice/s. Sinon, mettre en place des déviations, saboter les rails ou bloquer physiquement les trains sont autant de moyens d’entraver les transports ferroviaires afin de perturber efficacement les flux commerciaux.

Il existe encore d’autres moyens percutants, ceux-là exigeant bien plus de coordination et d’efforts, tels que les boycotts ou les blocages. On peut par exemple se rattacher à Boycott Divestment and Sanction (BDS), une campagne de boycott de longue date disposant de nombreuses ressources. Sinon, on peut tout bonnement perturber voire faire fermer continuellement les lieux ciblés par le boycott, voire voler leurs marchandises, idéalement via une action de masse, ou au moins les saboter.

Le point commun entre toutes ces initiatives est qu’elles permettent d’amener un conflit qui paraît lointain au contact direct de la population, de sorte qu’il ne soit plus possible de l’ignorer et de faire comme si de rien n’était ou comme si ça ne nous regardait pas. En outre, notre approche doit être mûrement réfléchie afin que nos actions et notre message incitent la population à s’engager par elle-même, sans attendre un jour bien précis de manifestation ou d’en recevoir l’ordre. Il nous faut constamment insister sur l’idée qu'on est toustes les protagonistes de ce conflit, qu'on ne peut pas attendre que les autres agissent à notre place, que de nombreuses cibles sont à notre portée et qu'on dispose d’un large éventail de tactiques pour s'y attaquer.

Passer à l’attaque !
Fondamentalement, être solidaire signifie attaquer ; détruire physiquement l’infrastructure oppressive et génocidaire. C’est ça qui inflige le plus de dégâts et est le plus à même d’entraver le bon fonctionnement de la machine génocidaire, mais c’est également la tactique la plus risquée. Il y a deux manières, complémentaires, d’approcher cette question : d’une part, en petits groupes, et d’autre part, avec la foule. Les actions en petits groupes ne nous sont pas inconnues puisque les anarchistes ont l’habitude de ce genre de pratiques. Du cassage de vitrine aux incendies volontaires, en passant par les effractions dans les laboratoires et les abattoirs pour en libérer les captif/ve/s ; des tactiques du même genre peuvent sans problème être appliquées dans la lutte pour la libération du peuple palestinien.

Cependant, il nous faut mûrement réfléchir à nos objectifs. Certes, un petit nombre d’entre nous pourrait aller mettre le feu à des infrastructures d’Amazon ou de Carrefour, mais le message envoyé ne serait-il pas bien plus impressionnant si on parvenait à entraîner un millier de personnes avec nous pour vandaliser et piller l’endroit ? On peut et devrait, chaque fois que c'est possible, entreprendre des actions en petits groupes, mais si on cherche à élargir le périmètre de lutte, c’est pour permettre à une masse de personnes de s’impliquer dans des actions enflammées et combattives. Or, forger des relations, organiser des actions et une communication audacieuses, et planifier méthodiquement de telles actions, tout ça est long et fastidieux.

Quelquefois, il pourrait s’agir de prévoir un détachement combattif du cortège de la prochaine manifestation, ou bien alors prendre le risque et faire l’effort de lancer nous-mêmes un appel à une action combattive de masse. Que ce soit à travers des petits groupes ou des actions de masse, toute action expose à des risques et exige des efforts immenses ; c’est néanmoins fondamentalement nécessaire pour ouvrir un nouveau front dans la lutte anticoloniale et prendre de court les colonisateurs.

Il est crucial qu'on cesse de croire à l’idée tenace qu'on ne serait pas capables d’être à l’initiative de grands soulèvements et révoltes, que notre unique rôle se cantonnerait au soutien et à l’intervention. Ce qu’il nous est possible de faire est en grande partie déterminé par l’effort et l’assiduité dont on est en mesure de faire preuve pour une cause déterminée sur une longue période. C’est là notre habituel point faible, mais on peut changer ça et, de toute façon, il faudra que ça change si on veut se montrer à la hauteur de l’immense tâche qui nous incombe au sein de la machine impérialiste.

Définir des cibles
Ce qui suit est une courte liste non exhaustive de cibles qui soutiennent, appuient et/ou profitent de l’apartheid et du génocide en cours depuis la France.

Premièrement, chaque ville de France abrite un certain nombre de personnes dans les administrations, les entreprises, les associations, les institutions, et autres, qui soutiennent l’État d’Israël et se font le relai de sa propagande. En cherchant un peu, on peut aisément les identifier et en faire des cibles prioritaires. On devrait faire de nos espaces des lieux, au moins socialement si ce n’est politiquement, hostiles aux sionistes. N’ayez nul doute qu’iels le font déjà envers celleux qui soutiennent la libération du peuple palestinien, en leur faisant par exemple perdre leur travail ou en les excluant de diverses industries et institutions.

Deuxièmement, de nombreuses institutions et entreprises européennes sont directement impliquées dans la colonisation des territoires palestiniens. Une quinzaine de banques européennes financent ainsi à hauteur de dizaines de milliards d’euros des groupes israéliens opérant dans les territoires colonisés illégalement par Israël. Des sociétés d’Europe exploitent les ressources minières de la Palestine et cherchent également à s'approprier ses ressources pétrolières sans que jamais le peuple palestinien n’en tire aucune retombée économique, tandis que d’autres vendent allègrement du matériel de gros travaux à des projets de démolition des maisons palestiniennes et de construction des infrastructures de la colonisation.

Troisièmement, plusieurs institutions financières françaises (donc davantage à notre portée) financent largement la colonisation, dont notamment AXA, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale ou encore BPCE. Les institutions françaises sont les troisièmes d’Europe qui coopèrent le plus avec les banques israéliennes, après celles du Royaume-Uni et d'Allemagne ; sachant que l’intégralité des banques israéliennes sont impliquées de près ou de loin dans des financements d’entreprises colonisatrices. Ce n’est cependant pas une fatalité : de nombreuses institutions européennes ont déjà mis sur liste noire les banques israéliennes après des campagnes de boycott.

Quatrièmement, on ne saurait omettre le sujet du tramway de Jérusalem, construit dans le but de relier Jérusalem-Ouest aux quartiers, illégalement contrôlés par Israël, de Jérusalem-Est et aux colonies alentours. En effet, ce projet a été largement financé par AXA - et d’autres institutions françaises et allemandes - et une importante partie des travaux a été effectuée par les entreprises françaises Alstom et Egis Rail. Plus généralement, Alstom est extrêmement impliqué dans le transport et les infrastructures en Israël et dans ses colonies, ayant par exemple construit des centrales devant les alimenter en énergie, un projet estimé à plus de 300 millions d’euros.

Cinquièmement, le groupe AXA n’est pas en reste puisque l’assureur français commerce régulièrement avec l’entreprise d’armement israélienne Elbit Systems, responsable de la production de drones de combat et de phosphore blanc pour le compte de l’armée israélienne et des colons. Il y a quelques années, AXA a sournoisement feinté de se retirer de cet investissement pour en réalité y réinvestir encore plus d’argent, mais au travers de ses filiales, de sorte que le nom AXA n’y soit plus associé. Elle participe donc toujours activement au meurtre des civil/e/s palestinien/ne/s.

Sixièmement, la campagne NoTechForApartheid explique que les multinationales Google et Amazon ont signé un contrat avec Tsahal d’une valeur de plus d’un milliard d’euros pour fournir à l’armée israélienne la technologie informatique et cloud nécessaires à leurs opérations dans les territoires palestiniens. Autant leurs sièges dans la Silicon Valley nous sont trop lointains, autant leurs sièges et leurs entrepôts en France nous sont plus accessibles.

Septièmement, le géant français Carrefour a fourni bien gratuitement des rations alimentaires aux soldat israéliens qui assaillent actuellement Gaza. Le groupe dispose également de trois magasins dans des colonies illégales en Cisjordanie. C’est à ce titre que la campagne BDS le fait figurer en bonne place dans sa liste d’entreprises à boycotter.

Enfin, le gouvernement français lui-même n’est pas exempt de tout reproche. En effet, la France d’Emmanuel Macron, en s’alignant de plus en plus sur les positions américaines, a rompu ses positions historiques vis-à-vis de la Palestine et en vient à soutenir quasi inconditionnellement l’armée israélienne. En septembre dernier encore, la France organisait un exercice militaire conjoint avec Tsahal et récemment, la France a même dépêché un de ses porte-hélicoptères près des côtes de la région, officiellement pour assister les hôpitaux débordés de Gaza. D’autre part, le ministère de la Défense a signé un contrat de cinq millions d’euros avec Elbit Systems, finançant ainsi la machine de guerre colonisatrice en se servant de matériel testé sur les civils. À travers nos diverses taxes et impôts, chaque fois qu'on achète un produit, qu'on paye notre loyer ou qu'on va au travail, on finance donc la colonisation menée par l’État d’Israël. D'autres pays européens, en particulier l'Allemagne, entretiennent également des liens privilégiés autour du commerce d'armes vers et depuis Israël.

Ces cibles listées ici ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. Il nous est nécessaire d’approfondir nos recherches pour obtenir les noms et adresses des individus, entreprises ou autres qui sont également impliqué/e/s.

Être solidaire dans la durée
Ce que j’ai écrit ici s’applique pour le court et moyen-terme, mais la solidarité est un principe qui s’affirme dans la durée et le long-terme et malheureusement, les anarchistes se sont peu illustré/e/s en ce sens. Cela peut et doit changer. On devra continuer de s'impliquer dans le combat quand on n’en entendra plus parler aux informations, et ce jusqu’à la chute d’Israël et la libération du peuple palestinien.

La solidarité entraîne risques et périls, faire nôtre leur combat implique de se mettre soi-même en danger. Nous faut-il alors aller là où pleuvent les bombes pour forger des relations personnelles avec les communautés insurgées ? Les libéraux nous tiennent ici en échec ; il nous suffit de regarder l’exemple de Rachel Corrie qui s’est rendue en territoire occupé et qui a été assassinée par l’armée israélienne quand elle s’est interposée entre un bulldozer et la maison d’une famille palestinienne qui était sur le point d’être démolie. Elle n’aurait pas dû avoir à mourir et la lutte n’a pas besoin de nouveaux/lles martyr/e/s.

Débarquer dans un contexte flou sans avoir aucune connexion nous conduira très certainement à la mort. On doit nouer en amont des relations avec des individu/e/s, des groupes et des organisations qui luttent activement sur place. Le premier pas dans cette direction est d’apprendre leur langue, qui est pour moi l’étape fondamentale à la création d’une solidarité internationale. De là, on peut nouer des liens, parfois favorisés par le biais d’ami/e/s, de réseaux, d’organisations ou d’Internet. Il nous faut ensuite monter des structures, formelles ou informelles, pour faciliter et assumer les coûts de la venue de camarades pour qu'iels puissent nous faire part de leur lutte, et pour nous permettre à nous d’aller sur place pour constater la situation, établir des connexions, nous associer à leur lutte et affronter les mêmes dangers qu’elleux.

À partir de cette base relationnelle et affinitaire, on peut alors se pencher sur des aspects plus complexes de la lutte : Comment falsifier des documents ? Comment faire passer de l’argent, des personnes, du matériel, des informations, de la nourriture et des armes ? Ces propositions peuvent nous sembler lointaines et fantasques mais elles représentaient le b.a.-ba pour nos aînés et sont ce dont a besoin l’internationalisme. Autrefois, les mouvements révolutionnaires et anticoloniaux pouvaient se reposer sur un bloc mené par une superpuissance pour leur fournir l’aide nécessaire, non sans contrepartie cependant. Nous, anarchistes, ne pourrions jamais utiliser un tel ressort, qui de toute façon n’existe même pas. Ce qu'on fait dans notre pays et ce que d’autres font dans le leur (comment on lutte, comment on noue des liens, comment on communique) doit semer les graines d’une Internationale noire, capable d’articuler l’anarchisme comme une force d’opposition mondiale en mesure de fournir une assistance matérielle aux luttes d’émancipation afin que les peuples n’aient pas à choisir entre deux ou trois tyrans différents.

Ça représente un projet à long-terme, comprenez cinq, dix, peut-être vingt ans. Mais c’est ce qu’exigent une véritable solidarité et un internationalisme antinationaliste. La tâche qui nous incombe est immense ; il nous faudra donc être à la hauteur ou sombrer à nouveau dans les bas-fonds de l’Histoire. À nous de choisir.
mashriq / arabia / iraq / imperialism / war / feature Saturday October 14, 2023 20:31 byMelbourne Anarchist Communist Group

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The Israeli military has ordered the residents of the northern half of Gaza to evacuate within 24 hours. It is impossible for over one million people to do this in such a short time. The order can only be interpreted as a public relations formality and prelude to genocide. All workers and soldiers in a position to prevent this have a duty to act.

[Français]

machrek / arabie / irak / impérialisme / guerre / communiqué de presse Saturday October 14, 2023 20:28 byMelbourne Anarchist Communist Group

L’armée israélienne a ordonné aux habitants de la moitié nord de Gaza d’évacuer dans les 24 heures. Il est impossible pour plus d’un million de personnes de le faire en si peu de temps. Cet ordre ne peut être interprété que comme une formalité de relations publiques et un prélude à un génocide. Tous les travailleurs et soldats en mesure d’empêcher cela ont le devoir d’agir.

L’ordre d’évacuation est un signe que les FDI sont sur le point de lancer une invasion terrestre de Gaza qui ne fera aucune distinction entre les civils et les combattants et contre laquelle il n’y aura pas de refuge sûr. Le résultat sera un massacre.

Ce qui se prépare n’a rien à voir avec le fait de traduire le Hamas en justice. Il s’agit de la punition collective d’un peuple entier, dominé par un système d’apartheid, que le gouvernement d’extrême droite en Israël veut voir éradiqué. L’interdiction légale du génocide érigée en 1945 sera vidée de son sens.

Les soldats enrôlés de Tsahal doivent défier leurs ordres. Ils sont envoyés pour tuer des hommes, des femmes et des enfants innocents qui ne demandent qu’à être libres et à vivre. Pour mettre fin à cette atrocité, ils doivent se mutiner. Ils doivent marcher sur Jérusalem et arrêter leur gouvernement criminel.

Les travailleurs d’Israël doivent se mettre en grève, couper les vivres à l’armée et paralyser la guerre de Netanyahou.

Les marins de la marine américaine en Méditerranée orientale doivent également défier leurs ordres. Sinon, ils seront complices de la destruction de maisons et du meurtre de familles. S’ils rentrent au port avec leur navire, ils seront accueillis comme de véritables défenseurs des droits de l’homme et de la justice.

Travailleurs des États-Unis - L’immunité d’Israël face à la justice dépend largement de l’aide et du soutien de votre gouvernement. Descendez dans la rue. Parlez-en à vos collègues et à vos syndicats. Exigez la fin de la complicité américaine dans l’apartheid et le génocide. Des actions de soutien peuvent être entreprises par les travailleurs du monde entier dans le cadre de manifestations de solidarité. Les contestations locales de la complicité de la classe dirigeante et des médias avec les crimes d’Israël peuvent commencer à faire converger la pression internationale.

Partout où un travail est effectué qui contribue à la machine de guerre israélienne, les travailleurs doivent faire grève, interrompre le commerce et mettre fin à toute activité qui aide les FDI dans leur massacre.

Nous reconnaissons qu’il est probablement trop tard pour empêcher le massacre d’Israël à Gaza. S’il est possible de l’empêcher, il faut le faire. Si l’on ne peut pas l’empêcher, il faut y mettre un terme dès que possible. Une fois que les travailleurs du monde entier auront empêché le génocide planifié, nous pourrons aborder la question de la paix et de la justice pour tous.

« PLUS JAMAIS » SIGNIFIE PLUS JAMAIS - POUR PERSONNE

russia / ukraine / belarus / imperialism / war / news report Wednesday October 11, 2023 22:55 byAssembly

Full original version: https://assembly.org.ua/ustalost-rozhdaet-zlost-pytki-harkovskogo-volontera-v-tczk-i-chto-o-nem-izvestno/
First published on Libcom: https://libcom.org/article/volunteer-kharkov-was-tortured-military-after-trying-leave-ukraine


News about the latest militaristic and repressive measures has been flowing in such a stream for weeks that it sometimes interrupts attention to events at the front. There is an increasing impression that the Kremlin and the Office of Zelensky are starting to fight not so much with each other, but with those who do not want to fulfill their “duty to their homeland.” The Ukrainian parliament will soon consider bill No. 10062 on a unified electronic register of conscripts and those liable for military service – modeled on the neighboring chamber, where summons will now be considered served from the moment they appear in it. The Ministry of Defense allowed to draft into the Armed Forces of Ukraine those who are of limited fitness due to hepatitis, cured tuberculosis, asymptomatic HIV, mental problems, etc. Bill No. 9672 proposes to cancel the deferment from the army for recipients of the second higher education, post-graduate students and those who first attended the university after 30 years. Doctors are being stormed with large-scale checks for trading in disability documents. Women from among medical staff and pharmacists will be registered with the military from October 1st, and those who have a military record will have to update their data; after the launch of the e-register, they can be screened out when trying to leave Ukraine. Threats of extradition and punishment to men who went abroad, deceiving the authorities (as the authorities themselves did to them all their lives). The Border Guard Service of Ukraine has already begun to publicly show “educational work” with violators of the western border, forcing them to listen to the anthem and the priest’s sermon, after which they are handed over to the enlistment officers. To detect such citizens in the bushes, the border patrols began using drones with thermal imaging cameras, supposedly so necessary for the front. Then, presumably, they will start to drop grenades or hunting nets on the migrants. In turn, the deputy head of the Russian Guard in Donetsk, former separatist field commander Alexander Khodakovsky called for the creation of barrier detachments for Russian soldiers – because “many are ready to wait from prison for their loved one, who threw away their weapons and refused to fight, just so as not to die.”

Against such an informational background, the story of a Kharkov resident at the military recruitment office of Staryi Sambir in the Lviv region received a huge resonance. This is not the first time that they tried to send into the army those captured trying to escape from the “country of dreams”, this time the mobilizers just did a little less work and video records were transferred to bloggers, instantly exploding social networks with anger. The inmate was kept there from September 12th to 19th, beaten on the head with a pistol, starved, not provided with medical care, threatened with death and that “the police would not look for him.” Even before this video, hardly many people doubted that the cops act in conjunction with the enlistment kidnappers, while the State Bureau of Investigation reported on the 19th that the deputy chief of one of the departments in the Sambir districtal recruitment center and its driver are detained. They face up to 10 years in prison under Part 3 of Art. 406 of the Ukrainian Criminal Code (violation of statutory rules, relationships by military personnel using weapons). The Bureau requested that both be taken into custody without bail; the court in Lviv sent them under round-the-clock house arrest for 2 months. The National Agency on Corruption Prevention has found suspicious property worth 4.4 million hryvnias owned by the chief of the same facility. Of course, even if they are found guilty and imprisoned, it will not change anything systemically – power corrupts, and absolute power corrupts absolutely.

The investigation established that the suspects illegally detained at least two men – residents of Kharkov and Krivoy Rog. After being detained by border guards during unauthorized crossing the border with Poland, they were taken to the enlistment office, where the servicemen tried to force them to go through the medical examination. One of these refusers was kept for 10 days, another one for 7 days.

The resident of Krivoy Rog says that his name is Roman Kuzmenko, born November 12, 1985. Our compatriot is 43 years old and he was hospitalized with a concussion; he introduces himself as Vadim Spokoynyi (Ukrainian spelling – Vadym Spokiynyi). “Vadym is an animator. His stage name is Max. The first weeks Vadym was in Kharkiv – he volunteered a lot, helped people, tried to entertain children in bomb shelters so that they would not be so sad and scared. Later, he moved to Staryi Sambir with his acquaintance Dina. They didn't have a home here, so they temporarily lived in a van near the river. I helped them find accommodation. Later, his father also moved in with Vadym, he has a disability, does not walk much, is practically bedridden. His father somehow found the strength to come to the Military Commissariat. But they didn't let him in. They didn't even let me see each other. It's terrible. He is not a criminal and is not in a pre-trial detention center”, his local comrade Sofia Ryzhenko told the LMN newsletter. She does not know whether Vadim has official guardianship over his father. “Can you imagine what it's like to be an animator and work with children? He is very kind, harmless. Well, how can you force a person to sign that he will go to war, if he is afraid of it or cannot?”, the girl asks a rhetorical question. The fact that he, with such a peaceful character, showed an iron will and managed to withstand many days of attempts to break him is what is most shocking in this situation.

Those living in Staryi Sambir note that this is not the first case of such imprisonment of citizens by the enlistment officers. And, as a Kharkov resident named Ivan shared with us on September 20th, hell was going on there long before the full-scale Russian aggression:

“I got into this recruitment center in 2016. I almost got beaten there too. Barely escaped. They even wanted to send me then to the ATO [Anti-Terrorist Operation, the official name for hostilities in Donbass], despite the fact that I had a referral for a surgery in Kharkov. They said I didn't need surgery. I was registered there, went to sign up through the enlistment office, I had documents that I was undergoing surgery, and receipts for payment. Two drunk doctors came (like a medical commission). They said I didn't need surgery. They decided so without practically examining it. They said that the ATO would be just right for me, since I go to the gym and am in good physical shape. I said that I would probably refuse and am informed a little about my rights. They fucked my brain for a very long time and didn’t hand over the documents, and I also communicated in Russian. This really threw them up. Military commissars generally communicated as with cattle. Like you're pissing to go to the ATO, etc., etc. Although they themselves saw this ATO only on television. Something like this, in short.”

The Ukrainian public is more and more asking the question: how does this state with such everyday practices differ from the Russian one? In particular, Yevgenia, the wife of the Russian mobilized Yevgeniy P. from military unit 61899, turned to the Russian liberal pacifists ASTRA. For refusing to go to the assault with injuries, he and other soldiers were sent to the basement in Zaytsevo (a village controlled by the so-called “Lugansk People’s Republic” near the Kharkov region), where they are threatened and forced to continue fighting. The detainee told his wife about this on September 18th by phone, after which contact with him disappeared. In May, in Bakhmut, he received a fragment wound in the leg, due to which he was sent to the hospital. However, Yevgeniy was not given aid there; the fragment was not removed, his wife says. He was sent home for rehabilitation for a month. A month later, the commander changed, the new one sent a unit to Naro-Fominsk near Moscow. The entire company with wounds was locked in the barracks and kept there for a week. The surgeon then concluded that they could all continue to fight despite their injuries. They were taken in the direction of Svatovo and abandoned in the forest without any means of subsistence. “My relatives and I cut off all the hotlines, reached the head of the unit, but our requests and prayers for the salvation of the guys are simply ignored, citing the fact that, they say, there is a war, etc. This is just madness and absurdity, the boys with wounds were thrown just like cannon fodder!”, the woman told this media.

Ukraine is a prison of the people. Russia is a prison of the peoples. That's all the difference.

international / imperialism / war / opinion / analysis Thursday August 31, 2023 03:36 byWayne Price

A talk on the Ukrainian-Russian war, from an anarchist perspective. I reviewed my reasons for being in solidarity with the Ukrainian people. But revolutionary anarchists should give no political support to the Ukrainian government nor to the U.S. imperialists who help it.

When the Russian state invaded Ukraine, I was immediately on the side of the Ukrainian people. Mainly this was because, like most people, I hate oppression, exploitation, and bullying. I am on the side of the oppressed, the exploited, the beaten, the marginalized, and the dominated. Especially whenever they fight back. While my political opinions have evolved over the years, this attitude has continued to be at the heart of my worldview.

Also, I have long supported the freedom of an oppressed people to national self-determination. I learned this concept during the fight against the U.S.-Vietnamese war (dating myself). My comrades and I had no illusions in the North Vietnamese state nor the leaders of the south Vietnamese war (the “Viet Cong” or NLF). They were Stalinists and would establish a Communist-type state-capitalist dictatorship (as they did). They received military aid from the imperialist Soviet Union. But there was no question that the peasants and workers of Vietnam were supporting the war and its leadership. We gave no political support to the Stalinist leaders and rulers, we were their opponents. Yet we definitely were in solidarity with the Vietnamese people in their fight for independence and unity and whatever freedoms they might gain. We wanted the U.S. military forces to lose.

I thought these lessons of the Vietnamese-U.S. war applied to this war. They implied solidarity with the Ukrainian people (however much we opposed the Ukrainian state and its capitalist “oligarchs”) and full opposition to the Russian invaders. It implied that the oppressed people have the right to get arms from wherever they can, even from other imperialists who were competing with their immediate aggressor (then the Soviet Union, now the U.S. and NATO).

However, when I wrote this, I received much disagreement, often expressed with great personal hostility, expressed in name-calling, childish insults, and red-baiting. I was betraying anarchism! Some of my critics could not separate political disagreement from personal conflicts.

The first wave of arguments I faced held that “no anarchist” would support the war. This was because anarchists did not support wars, or anarchists did not support wars between capitalist states. This is to say that my critics rejected (or ignored) the importance of imperialism. They did not distinguish between wars between imperialist states and wars between an oppressed, colonized, nation and an imperialist state.

It was repeatedly pointed out to me that Peter Kropotkin had supported France and the Allies in World War I but that almost all anarchists at the time and later felt that he was badly mistaken. His comrade Errico Malatesta had written to condemn Kropotkin for taking sides in the Great War. But my critics did not know that Malatesta had also supported wars of national liberation by oppressed peoples (for example, in Libya against the Italian army, or in Cuba against the Spanish empire). (Price Nov. 2022)

I demonstrated that “classical anarchists” had supported popular struggles for national self-determination: including, but not limited to, Bakunin, Kropotkin, Malatesta, Makhno, and others. All (with the exception of Kropotkin) distinguished between wars among imperialists (of which they opposed all sides) and wars between imperialists and oppressed, non-imperialist, countries (of which they supported the oppressed peoples). (Price July 2022; 2023)

I also pointed out that many—perhaps most—of the Ukrainian anarchists supported—and participated in—the Ukrainian side of the war. Similarly, Russian and Belarusian anarchists were on the side of the Ukrainian people, and so were many other anarchists.
In a report on the 2023 International Anarchist Conference at St. Imier, Switzerland, a commentator wrote,

“Most events held on the war accepted the right of self-defence for Ukrainians as the minimum anarchist political basis….The event by anarchists from Russia, Ukraine and Belarus, who are actively resisting the invasion, was one of the most interesting of the meeting.” (Transnational Institute 2023)

All this does not prove that it is right to support the Ukrainian people, but it does disprove the claim that no anarchist would take such a stand.

In general, my opponents could not distinguish between “nationalism” and “national self-determination” or “liberation.” “National liberation” meant the freeing of a people from the oppression of the state of another nation. “National self-determination” meant that a people were able to decide for itself whether to be independent and what kind of political and economic system to have (which could be a capitalist state or libertarian socialism). But “nationalism” is one possible program meant to supposedly solve national oppression—by creating a new state and national capitalist economy (perhaps state capitalist). Anarchists should be for “national self-determination” and “national liberation” but are thoroughly opposed to “nationalism.” Instead we advocate international anarchist socialism to achieve freedom for all peoples everywhere.

Others argued that Ukraine did not deserve national defense because it was not really a nation! They claimed that Ukraine was a recent invention, that its people were indistinguishable from Russians, and so on. (While not supporting the Russian invasion, many anarchists repeat Putin’s propaganda and lies.) In my opinion, all these claims were irrelevant. Historically there had been a Ukraine for centuries, oppressed by the Czars and then by the Stalinists. During the 70 years of the Soviet Union, there had been a recognized Ukrainian Republic in the USSR. But this too was not really relevant.

What was important was that the Ukrainians regarded themselves as a nation. In 1991 the Ukrainian people voted overwhelming for national independence from Russia—by more than 92 per cent. This included about 80 per cent in the eastern, mainly Russian-speaking, Donbas and about 54 per cent in Crimea. (Mirra 2023; p. 126) It was their opinion which counts, not that of foreign anarchists nor of Putin and his army.

To which some replied, that therefore the people of the eastern Ukraine, the Donbas, were a nation or nations because they had voted for their own republics merged into Russia. I would agree, except that the drive for their “national separation” was so clearly a Russian put-up job (with Russian soldiers everywhere). Indeed the whole movement for Donbas secession was organized since 2014 by Russian and pro-Russian agents.

Another argument was that anarchists must not support a capitalist state. In fact, no Ukrainian anarchists gave any political support to the Zelensky government. They did not vote for it nor urge others to vote for it. They did not join the ruling party nor any other. They did not participate in the government in any way. They have opposed the neoliberal austerity and anti-union policies of the Zelensky government. There is no “Popular Front.”

Suppose there was a strike in the U.S. Anarchists would be on the side of the workers. Outside anarchists would do labor-support activities to help the strike. Anarchist workers at the workplace would join the strike and be active in its organizing. Yet the union would undoubtedly be run by a bureaucratic and possibly corrupt leadership. Should anarchists still participate? Or should they stand aside or perhaps cross the picket lines, because the union was undemocratic and centralized? Obviously, revolutionary anarchists would join the strike and be the most militant strikers, while fighting for a more democratic, federalist, and militant union. The same is true of anarchists in a just national war of self-determination, being part of the war while working for an eventual anarchist-socialist revolution.

Anarchists are participating in the war. Some distribute food and medicines. Others help refugees. But some formed Territorial Defense groups affiliated with the army. And some joined the army, fighting at the front.

It would have been optimal if Ukrainian anarchists had been able to organize militias or guerrilla groups independently of the state. Unfortunately they are far too weak to do that. They must either support the existing army in one way or another, or be passive. After all, while Ukrainian anarchists have much to criticize the army for, anarchists are not opposed to its fighting the Russian invaders!

Suppose anarchists were to say to the Ukrainian people, “We are against the Russian invasion, but we are also against the national army—we are even for sabotaging it—because it is the army of a state and capitalism.” Most workers would (correctly) regard this as treasonous de facto support of the invaders. On the other hand, anarchist participation in the war, in whatever capacity, can only increase positive views of anarchists among the population.

Much of the opposition to supporting Ukraine is due to its getting arms and aid from the U.S. and the rest of NATO. It is often called a “proxy war.” There is an assumption by many that only U.S. imperialism is evil. But while U.S. imperialism is terrible, it is not the only imperialism. There is Russian imperialism, as the Ukrainians know.

It is not unusual for one imperialist power to intervene when a colony rebels against its imperialist master. During the Cold War, the Soviet Union often aided, with guns or money, national struggles against Western imperialists—in Africa, Asia, and Latin America. Meanwhile the U.S. was “on the side” of eastern European states against the Soviet Union. Even during World War II, Nazi Germany gave “support” to Arab rebels in Britain and France’s colonies, and even to Ireland, while Imperial Japan claimed to be “freeing” Asian colonies from Britain, France, and Holland. So it was not surprising that Soviet Russia gave aid to Vietnam against the U.S.—or that the U.S. and allies should give aid to Ukraine. The U.S. state is acting for its reasons, its imperial interests in weakening its imperial competitor, not out of the “idealism” of its cynical politicians.

But make no mistake. For the Ukrainians, this is no “proxy war.” It is their villages, towns, and cities which are bombed and destroyed, not those of the U.S., Germany, or Britain. It is their population which is being massacred on the ground and from the air. It is their soldiers who are fighting and being killed in massive numbers. They are fighting and dying for their country, their people, and no one else.

I would not offer tactical advice to Ukrainian anarchists. But strategically I would say that their goals are two-fold: to defeat the Russian invasion and to spread anarchist ideas among the people, especially the workers. As revolutionary anarchists, we continue to be in solidarity with the oppressed, especially when they fight for their freedom.

References

Mirra, Carl (2023). “The War in Ukraine.” New Politics. Summer 2023. Pp. 125—137.

Price, Wayne (July 2022). “Malatesta on War and National Self-Determination” https://www.anarkismo.net/article/32666

Price, Wayne (Nov. 2022). “Kropotkin and War—Today.”
https://www.anarkismo.net/article/32683?search_text=Wayne+Price

Price, Wayne (2023). “Anarchists Support Self-Determination for Ukraine; What Did Bakunin Say About National Self-Determination?” https://www.anarkismo.net/article/32774?search_text=Wayne+Price

Transnational Institute of Social Ecology (2023). “Report From the International Anarchist Meeting in St. Imier, Switzerland”
https://anarchistnews.org/content/report-international-anarchist-meeting-st-imier-switzerland

* submitted to Workers Solidarity: A Green Syndicalist Webzine

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Imperialism / War

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