user preferences

New Events

Irlande / Grande-Bretagne

no event posted in the last week

Irlande : Encore un « non » de classe

category irlande / grande-bretagne | impérialisme / guerre | opinion / analyse author Monday July 14, 2008 19:20author by Matthias - Alternative libertaireauthor email journal at alternativelibertaire dot org Report this post to the editors

Le 12 juin, les Irlandais ont mis les médias et le patronat au désespoir, en disant « non » à 54 % au traité de Lisbonne, resucée sommaire de la Constitution européenne. Les communistes libertaires se sont mobilisés pour donner à ce refus une coloration sociale et anticapitaliste. [ English]


Irlande : Encore un « non » de classe


Le 12 juin, les Irlandais ont mis les médias et le patronat au désespoir, en disant « non » à 54 % au traité de Lisbonne, resucée sommaire de la Constitution européenne. Les communistes libertaires se sont mobilisés pour donner à ce refus une coloration sociale et anticapitaliste.

En 2005, le « non » au référendum français sur le traité constitutionnel européen avait été clairement identifié comme un « non » social, tant les souverainistes ont été inaudibles face à la forte mobilisation des antilibéraux et des anticapitalistes. Dans le cas irlandais de 2008, la pluralité des oppositions contre le traité de Lisbonne rend l’analyse plus complexe.

Une chose est sûre néanmoins, ce référendum marque le divorce entre « la société civile » et son élite politique. Dans le camp du « oui », on retrouve comme il y a trois ans en France, les principaux partis de gouvernement : le Fianna Fail – parti de centre droit, actuellement au pouvoir – le Fine Gael, autre parti de centre droit, et la social-démocratie (Labour).

Dans le camp du non, on pouvait dégager trois grands courants. Les deux premiers nous sont familiers : d’une part les souverainistes, nationalistes et catholiques, hostiles à l’Union européenne (UE) pour des raisons identitaires (1) ; d’autre part la gauche antilibérale et l’extrême gauche, en défense des intérêts des classes populaires. Le troisième courant est plus typiquement britannique, c’est celui des atlantistes, qui souhaitent privilégier l’alliance avec les États-Unis plutôt qu’avec l’Union européenne. Ce courant est surtout piloté depuis les milieux d’affaires et nous rappelle au passage qu’il existe parfois des contradictions stratégiques au sein du patronat européen, en fonction des intérêts commerciaux en jeu. Si les capitalistes français, allemands ou italiens misent tout sur l’UE, d’autres (dans les pays de l’Est ou anglo-saxons) peuvent avoir d’autres préférences.

Les quartiers chic votent oui

Les communistes libertaires du Workers Solidarity Movement (WSM, « Mouvement de solidarité des travailleurs ») n’ont pas pris prétexte d’une situation complexe pour se cantonner à une posture de commentateurs. Ils se sont engagés contre le traité de Lisbonne tout en dénonçant les motivations douteuses de certains « nonistes », comme Libertas, un lobby fondé par des industriels liés à l’armée américaine.

WSM a ainsi distribué plus de 50 000 tracts et collé plus de 2 000 affiches pour faire entendre une alternative communiste libertaire à l’Europe du capital. À l’inverse de ce qui s’était passé en France où seule AL s’était mobilisée contre le Traité constitutionnel, en 2008 la campagne pour le « non » a rassemblé l’ensemble du mouvement libertaire irlandais.

La sociologie du scrutin peut cependant nous éclairer sur le sens du « non ». Il a été très majoritaire dans les zones rurales et les banlieues ouvrières, alors que les quartiers chic du sud de Dublin ont voté à 60 % « oui » ! Les classes moyennes, sur lesquelles comptaient le pouvoir, n’ont quant à elles que très peu pris part au vote, accentuant encore le clivage de classe entre les pro et les anti-Lisbonne.

La victoire du « non » au référendum sur le traité de Lisbonne peut donc faire figure de victoire du mouvement social irlandais et européen qui, à nouveau, fait barrage à la construction d’une Europe libérale. Elle reflète aussi un certain désenchantement des classes populaires vis-à-vis du régime politique et économique que représentent les partis du « oui ».

Matthias (AL Orléans)

(1) L’Église catholique a brandi la menace que l’adhésion à Lisbonne risque d’entraîner une légalisation de l’avortement.

Related Link: http://www.alternativelibertaire.org
This page can be viewed in
English Italiano Deutsch
© 2005-2024 Anarkismo.net. Unless otherwise stated by the author, all content is free for non-commercial reuse, reprint, and rebroadcast, on the net and elsewhere. Opinions are those of the contributors and are not necessarily endorsed by Anarkismo.net. [ Disclaimer | Privacy ]