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Situation sociale et politique en France... Analyse de la CGA

category france / belgique / luxembourg | mouvement anarchiste | opinion / analyse author Thursday May 25, 2006 20:40author by Berckman - CGA Report this post to the editors

Texte d'analyse de la situation politique en France adoptée à la dernière réunion de coordination

Situation sociale et politique en France...


Nos conditions de vie se dégradent sans cesse depuis plus d’une vingtaine d’années. Les conquêtes sociales réalisées par la classe ouvrière durant le vingtième siècle sont rognées les une après les autres par un patronat et une classe politique au pouvoir de plus en plus forts : privatisation des services publics, remise en cause de la sécurité sociale, prolongement de la durée de travail, destruction du code du travail, chômage de masse entretenu, développement de la précarité (CDD, intérim, emploi jeunes, emplois consolidés, C.N.E. ...)

En corollaire à cette casse sociale, et pour en contenir les effets, se développent des politiques sécuritaires portées par l’ensemble des gouvernements européens, de gauche comme de droite. Ce durcissement sécuritaire concerne l’ensemble de la population mais touche particulièrement les plus pauvres, criminalisés et rendus responsables de leur misère. Le racisme et la discrimination raciale sont entretenus et favorisés par ce type de politique. Les attentats du 11 septembre 2001, les émeutes dans les banlieues à l’automne 2005 ou la radicalité du mouvement contre le CPE représentent des phénomènes différents mais utilisés de façon identique par la classe politique pour faire peur et désigner « l’étranger » comme un ennemi.

Une république autoritaire s’affiche, se débarrassant de son vernis démocratique de manière spectaculaire. Les libertés individuelles et collectives sont réduites, le pouvoir judiciaire est affaibli par rapport au pouvoir exécutif, des propos racistes sont tenus par des hauts fonctionnaires d’Etat et les mouvements sociaux sont violemment réprimés. L’Etat, qui organise les régressions sociales, ne revendique plus un quelconque rôle de régulation sociale. Il propose plutôt un modèle de société où il serait uniquement chargé d’assurer la sécurité au sein du chaos capitaliste. Ce passage de la duperie du « pacte social » à un pacte sécuritaire s’opère avec l’adhésion d’une partie importante de la population.

Si les gens se saisissaient en nombre d’un projet de société alternatif au capitalisme, nos gouvernants se sentiraient menacés, mais ce n’est pas le cas. A l’inverse, cette absence de danger pour leur classe permet aux tenants du pouvoir d’afficher le vrai visage de la démocratie représentative : un système d’oppression qui permet à une classe dominante de conserver ses privilèges.

Cette situation rend les luttes sociales de plus en plus difficiles à mener et la répression exercée sur les militants accentue ce phénomène. Les conflits sociaux n’empêchent pas l’Etat et le patronat d’aller jusqu’au bout de ce qu’ils annoncent (allongement de la durée du travail, réforme des retraites, de la sécu, etc.). Dans ce contexte, la mobilisation contre le CPE, malgré ses limites, est intéressante. Elle permet de rappeler que « seule la lutte paie ». Pour la première fois depuis longtemps, un gouvernement n’a pas pu aller au bout de ses projets, et cela grâce à la mobilisation longue et massive d’une jeunesse déterminée, auto organisée, usant de méthodes d’action radicales (blocages, occupations). Cela a permis de réaliser une convergence, même partielle, avec les salarié-e-s.

L’ampleur de la mobilisation n’a permis finalement de faire reculer le gouvernement que sur le CPE. L’engagement de toutes et tous dans des grèves effectives était nécessaire pour aller plus loin. Mais qu’elles amènent une victoire ou un échec, nos luttes restent un espace de réappropriation de nos vies et nous poussent à nous organiser collectivement. Cette maîtrise de nos vies, retrouvée le temps des luttes, doit permettre d’envisager une organisation sociale globale qui ne nous dépossède plus de notre pouvoir.

C’est dans ce sens et avec ces objectifs que les militant-e-s de la CGA interviennent au sein des luttes sociales ; pour que les luttes fédèrent, arrivent à sortir du corporatisme professionnel, qu’elles soient menées et décidées directement par les gens à la base et qu’elles engagent leurs acteurs et actrices dans une remise en cause du modèle social établi. En réaction au manque de perspectives offertes par les « journées d’action » syndicales, des gens ont franchi le pas de l’action directe. Leurs formes d’actions sont intéressantes, mais aucun projet à long terme ne les sous-tend. Les luttes perdent du sens si elles ne s’intègrent pas dans une vision plus globale du monde.

L’absence de projet alternatif de société rend les pouvoirs en place plus forts. Les militants de la CGA pensent qu’un projet de société fonctionnant sur des principes anarchistes doit être popularisé, notamment en terme de prise de décision et d’organisation sociale. La CGA s’engage dans ce travail idéologique de vulgarisation des principes anarchistes d’organisation sociale (démocratie directe, mandatement et révocabilité, fédéralisme etc.), ses militant-e-s s’appuient sur leurs pratiques dans les luttes sociales pour développer ces idées et fonctionnements.

Il nous paraît indispensable de continuer à rappeler au plus grand nombre qu’une participation électorale ne constitue en rien un point de départ pour une transformation sociale. De l’accession de la gauche au pouvoir en 1981 pour « Changer la vie » à celle plus récente de Lula du parti des travailleurs qui cristallisait les espoirs de la gauche brésilienne et d’une partie de la mouvance alter mondialiste, ce même constat s’impose à chaque fois : La voie électorale est contre productive car elle met de côté les luttes sociales qui sont seules efficaces pour améliorer nos vies. Le « Non » au référendum sur la constitution européenne n’a en rien endigué les attaques du gouvernement mais a permis de redorer à peu de frais le blason des partis de gauche qui ont pourtant renoncé depuis longtemps à lutter contre le capitalisme.

Rompre avec l’électoralisme et la délégation de pouvoir est nécessaire pour construire une société égalitaire ! La CGA continuera de porter ce discours et lance dès maintenant une campagne anti-électoraliste pour dissuader le plus grand nombre de participer aux prochaines échéances électorales pour les convaincre de s’engager par la lutte sociale sur la voie du changement social.

Coordination des Groupes Anarchistes (mai 2006)
www.c-g-a.org

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