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Rail: Qui a peur de l’eurogrève ?

category international | luttes en milieu de travail | opinion / analyse author Thursday April 27, 2006 22:33author by C. Mouldi - Alternative Libertaire Report this post to the editors

Dans un précédent numéro, nous évoquions la construction d’un mouvement de grève européenne des cheminot(e)s début mars. Celle-ci n’aura pas lieu. Il semble intéressant de s’attarder un peu sur les raisons de ce relatif échec, et les perspectives qui demeurent toutefois d’actualité...


Rail: Qui a peur de l’eurogrève ?

Dans un précédent numéro, nous évoquions la construction d’un mouvement de grève européenne des cheminot(e)s début mars. Celle-ci n’aura pas lieu. Il semble intéressant de s’attarder un peu sur les raisons de ce relatif échec, et les perspectives qui demeurent toutefois d’actualité.

Depuis plusieurs années, un réseau de syndicats “ alternatifs ” existe en Europe. Son activité est inégale, le rail est un des secteurs où elle est le plus soutenue. En mars 2003, au moment de “ l’ouverture à la concurrence ” (en plus clair : privatisation) du trafic fret, plusieurs organisations avaient ainsi appelé à une grève européenne : CGT d’Espagne, ORSA, CUB et UCS d’Italie, SAC de Suède, RMT de Grande-Bretagne et SUD-Rail en France.

Faisons une petite digression pour rappeler que cette importante étape de la “ libéralisation ” du rail fut acceptée pour la France par un gouvernement Jospin/Gayssot/Voynet, le “ négociateur ” du ministre des Transports Gayssot sur ce type de dossiers était son premier conseiller, un certain Yves Salesse, président de la Fondation Copernic, qui aujourd’hui semble porter les espoirs présidentiels de 2007 de tout un courant qui surfe sur la victoire du non au référendum du 29 mai… Piètre alternative !

Depuis 2003, la “ libéralisation ” du chemin de fer européen s’est poursuivie. Après le fret international, le trafic fret intérieur, et maintenant Parlement et commission s’attaquent au trafic voyageur. La réponse syndicale est d’une faiblesse dramatique.

La fédération des transports de la CES (ETF) n’a rien organisé du tout, pour répondre à cela. Au contraire, à travers un accord avec le patronat européen des chemins de fer, ETF accompagne ce processus. Le “ comité de dialogue social ” européen, dans le secteur ferroviaire, est présidé par le secrétaire de la fédération des cheminots CGT, Didier Le Reste.

Début janvier 2006, le réseau des syndicats “ alternatifs ”, qui s’est élargi depuis 2003, a décidé de lancer une campagne pour une grève européenne début mars ; les 2 et 3 mars, les ministres des Transports tiennent un conseil européen des ministres. Il semblait que c’était là une bonne occasion pour que les cheminot(e)s fassent connaître leur refus de la privatisation.

CGT (Espagne), RMT (Grande Bretagne), ORSA, CUB, SULT (Italie), LAB (Euskadi), Bahn von unten (Allemagne), SUD-Rail (France) ont lancé une campagne en ce sens. Un tract commun à ces organisations a été réalisé et diffusé aux cheminot(e)s des différents pays.

Occasion manquée

Mais il a fallu revoir à la baisse les possibilités d’action. En Italie, le droit de grève dans les transports a été interdit durant plusieurs semaines, officiellement à cause des jeux Olympiques d’hiver à Turin. La seule journée autorisée dans la période est le samedi 4 mars. En Grande-Bretagne, la loi antigrève oblige à un processus extrêmement lourd avant de pouvoir déclencher un mouvement ; c’est pourquoi le syndicat RMT a intégré cette action européenne dans un processus d’action mené depuis plusieurs semaines, pour exiger la renationalisation du rail britannique. En Allemagne, Bahn von unten est le regroupement d’une minorité de syndicalistes de Transnet, et ne peut donc déposer de préavis de grève ; le syndicat Transnet lui, en est à accepter l’entrée en Bourse des chemins de fer allemands. En Espagne, et notamment au Pays Basque, les syndicalistes cheminots sont fortement investis dans une campagne contre la répression antisyndicale. En France, SUD-Rail a proposé une rencontre intersyndicale pour organiser ensemble l’action ; aucune fédération n’a répondu.

Le réseau syndical alternatif du rail ne souhaite pas s’enfermer dans des actions minoritaires. Nous voulons construire un mouvement de masse. La riposte des dockers, les manifestations contre la directive Bolkestein, montrent que le mouvement syndical peut agir au plan européen. Pour les cheminot(e)s, la prochaine étape ne sera pas début mars : il aurait suffit que l’ensemble des forces investies dans la campagne contre le projet de constitution européenne décide de passer à l’action pour que celle-ci ait lieu. Tel n’a pas été le choix de la CGT-cheminots en France, de la CGSP-cheminots en Belgique.

Ce n’est que partie remise. Au sein de ces deux organisations par exemple, des secteurs s’interrogent sur les choix stratégiques des responsables fédéraux. Ainsi, comment la fédération CGT des cheminots peut-elle préférer s’allier à la CFDT pour ne rien faire au plan européen, quand elle dénonce – à juste titre – la collaboration de classe dans laquelle celle-ci se complaît !

Début mars, diverses initiatives ont eu lieu pour marquer le coup, ne pas laisser les ministres européens se réunir sans réaction syndicale. Auparavant, le 17 février, CGT, SUD-Rail, UNSA, FO, FGAAC organisaient un rassemblement en gare de Lille pour dénoncer l’arrivée d’une nouvelle entreprise privée sur le réseau français (EWSI) ; des délégations belges (CGSP) et britanniques étaient présentes.

La construction d’une nouvelle grève européenne reste d’actualité. Quel que soit leur pays, leur organisation syndicale, les libertaires du rail y travaillent !

C. Mouldi


De Alternative Libertaire, mars 2006

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