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Ecologie

category france / belgique / luxembourg | environnement | opinion / analyse author Tuesday November 11, 2014 04:52author by Commission internationale AL - Alternative Libertaire Report this post to the editors

Éolien industriel : Le vent c’est de l’argent

Sous prétexte de développement des énergies renouvelables, les éoliennes grandissent et se multiplient. Mais les bénéfices sont plutôt d’ordre financier qu’écologique.
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Le capitalisme, encore une fois, se montre très fort pour récupérer et dévoyer tout ce qui pourrait permettre de transformer la société. L’éolien aurait pu être une solution face au changement climatique et un outil pour l’autonomie des individus et des territoires, avec du petit éolien individuel et des parcs coopératifs ou communaux de taille raisonnable. Tout cela couplé à d’autres sources d’énergies renouvelables, et surtout à une importante réduction de la consommation d’énergie.

Mais le capitalisme en a décidé autrement, et a transformé ce secteur en une énorme industrie représentant une manne de profit supplémentaire pour les grands groupes de l’énergie. Et tant pis pour l’écologie.

L’exemple le plus frappant de cette logique en France est le projet de construction de trois parcs éoliens offshore au large des côtes normandes. Ces parcs, de 125 éoliennes chacun, seront l’œuvre d’un consortium entre Areva, Vinci et GDF-Suez, des noms qui font froid dans le dos. Et les autorisations ont été accordées sans qu’il n’y ait la moindre connaissance sur l’impact environnemental et social de parcs de cette taille, l’éolien offshore n’en étant qu’à ses balbutiements. Sans compter que la France ne dispose d’aucune expertise en la matière  : pas de parc pilote, peu de formations dans ce domaine, pas de piscine d’entraînement pour l’entretien difficile de ces machines comme il existe en Allemagne. Mais qu’importe, nos belles multinationales s’occupent de tout !

Une question de sous

Il faut dire que l’éolien rapporte gros (sinon, ces multinationales ne s’y intéresseraient pas  !)... grâce au soutien de l’État. En effet, EDF est obligé de racheter cette électricité «  verte  » à un prix supérieur à celui du marché, pour favoriser le développement de ce secteur. Cette subvention est payée par l’ensemble des contribuables, via la contribution au service public de l’électricité (CSPE), qui ne cesse d’augmenter et représente déjà plus de cent euros par an sur les factures d’électricité.

Mais l’éolien rapporte gros aussi aux propriétaires fonciers  : selon les endroits, on peut louer son terrain pour l’installation d’une éolienne entre 5.000 et 10.000 euros par an. Si vous avez un grand terrain sur lequel on vous installe 10 éoliennes, vous empochez plus de 100.000 euros par an. Payés par le contribuable, puisque tout le monde consomme de l’électricité.

Cette situation donne d’ailleurs lieu à des procès pour conflit d’intérêts, puisque de nombreux élus de communes rurales autorisent l’installation d’éoliennes sur leurs communes, qui sont ensuite installées, comme par hasard, sur leurs terrains et leur rapportent des milliers d’euros  !

Mais cela peut aussi entraîner une spéculation foncière, avec des promoteurs immobiliers qui rachètent les terrains pour les louer aux producteurs d’électricité. Et en même temps, les riverains des parcs subissent la baisse de la valeur de leurs biens immobiliers, entre 20 et 30% en moyenne, car qui voudrait acheter en face d’un géant de 150 mètres d’acier qui vrombit en continu  ? Sans parler des témoignage de corruption, les récalcitrants à l’installation d’un parc se voyant proposer sous la table de belles sommes de «  compensation  ».

Et l’environnement dans tout ça ?

Mais à part générer de l’argent qui profite à ceux qui en ont déjà, l’éolien industriel génère-t-il seulement un progrès pour l’environnement  ? Comme les études produites n’émanent que des industriels du secteur, il est encore difficile de se faire une idée précise. Néanmoins, de plus en plus de critiques se font entendre.

D’une part, les éoliennes atteignant aujourd’hui des hauteurs démesurées, il leur faut des fondations profondes et extrêmement lourdes  : 800 tonnes d’acier et de béton, dont une partie restera dans le sol après démantèlement.

D’autre part, chaque éolienne industrielle contient plus de 600 kilos de métaux issus des terres rares, dont la production se fait à plus de 90 % en Chine. L’AFP a publié en 2011 son enquête Les Ravages des terres rares en Chine montrant l’impact dramatique des processus de production qui font notamment exploser le nombre de cancers chez les travailleurs et riverains des exploitations.

Enfin, une étude de la Société espagnole d’ornithologie estime qu’entre 6 à 18 millions d’oiseaux, et bien plus de chauves-souris, meurent chaque années à cause des 18 000 éoliennes installées en Espagne. Ce qui laisse le champs libre pour la prolifération d’insectes, et pourrait se répercuter au final sur la production agricole.

L’énergie, un bien commun

Mais surtout, c’est le recours aux éoliennes comme solution au changement climatique qui est de plus en plus remis en cause. Car l’éolien étant intermittent (selon les conditions de vent), la compensation se fait par l’énergie dont la production est facile à moduler  : les centrales thermiques à charbon ou gaz. Dans la logique actuelle de forte consommation d’énergie et d’immenses réseaux électrique, l’éolien s’accompagne donc forcément d’émissions de CO2.

La France, qui ne compte aujourd’hui qu’environ 5 000 éoliennes, voit donc fleurir des collectifs contre cet éolien industriel ravageur, qui tentent d’empêcher l’installation prévue de 15 000 machines supplémentaires ces prochaines années. Ces luttes, souvent dénigrées pour être Nimby (Not in my backyard : « pas dans mon jardin ») et faire le jeu de l’industrie nucléaire, posent néanmoins la question de l’industrialisation et de la privatisation des énergies renouvelables, qui concerne tous les secteurs  : solaire, biomasse, méthanisation, etc.

Cette logique doit être rompue, pour que l’énergie devienne un bien commun dont la production et distribution seront gérées collectivement dans les limites écologiques de la planète.

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