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Bilan UCL-Saguenay et de son implication au sein de L'UCL (2008-2014)

category amérique du nord / mexique | mouvement anarchiste | opinion / analyse author Thursday March 06, 2014 14:36author by Collectif Emma Goldman Report this post to the editors

Ce texte a comme premier objectif de dresser un bilan le plus honnête possible, afin que nous puissions collectivement tirer des apprentissages de cette expérience. Ce bilan est issu d’une réflexion collective des membres actifs du collectif Emma Goldman à l’hiver 2014. Il reflète donc, avant tout chose, la réalité telle que vécue par ceux-ci.
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Bilan UCL-Saguenay et de son implication au sein de L'UCL (2008-2014)


Avertissement : Ce texte a comme premier objectif de dresser un bilan le plus honnête possible, afin que nous puissions collectivement tirer des apprentissages de cette expérience. Ce bilan est issu d’une réflexion collective des membres actifs du collectif Emma Goldman à l’hiver 2014. Il reflète donc, avant tout chose, la réalité telle que vécue par ceux-ci.

Afin de tirer un bilan de notre implication au sein de l’Union Communiste Libertaire (UCL), il nous apparaît justifié de remonter un peu avant la fondation de la fédération et de rappeler les réflexions qui nous ont menés à y adhérer.

Pour la petite histoire...

En mai 2008, des militants et militantes impliquéEs à l’UQAC (re)fondent un groupe autonome appelé Collectif de Résistance Anti-Capitaliste (CRAC-Saguenay). Ils et elles considèrent alors important voir primordial de déborder du monde universitaire et des seules questions liées à l’éducation. Leur motivation est également renforcée par l’absence de proposition à la gauche de Québec Solidaire. En effet, depuis de nombreuses années, aucune alternative organisée n’existait en dehors de la scène électorale pour la gauche radicale saguenéenne.

Le CRAC-Saguenay fait donc ses premiers pas au sein du mouvement antimilitaire québécois. Sa contribution fut somme toute modeste (participation à une manifestation à Québec, piquetage contre le recrutement militaire et affichage).

Quelques mois seulement après la refondation du CRAC-Saguenay, la nécessité de s’organiser dans une fédération s’imposa. Un long processus de réflexion s’en suit au sein du collectif. Les membres en viennent alors à la conclusion que pour développer et enraciner une pratique militante radicale et alternative dans une région comme le Saguenay – Lac-Saint-Jean, les seules ressources d’un groupe autonome et de surcroît isolé demeuraient insuffisantes. Les expériences acquises du premier CRAC-Saguenay où les difficultés reliées au manque d’unité théorique, qui entraîna la paralysie du groupe et sa disparition, emmenèrent les militants et militantes d’alors à répondre positivement à l’invitation à refonder l’anarchisme organisé au Québec. « L’organisation est nécessaire pour partager des ressources, rompre avec le localisme et maximiser l’impact des pratiques libertaires en coordonnant nos activités politiques. »[1] Leur choix fut également motivé par le désir de participer à un projet politique positif (de l’anticapitalisme au communisme libertaire).

Bilan du collectif local : Une voix dissidente présente au « Royaume » depuis 5 ans

Fondé officiellement le 28 janvier 2009, suite au congrès de fondation de l’UCL, le Collectif Emma Goldman (UCL-Saguenay) a pris le relais du CRAC-Saguenay.

Malgré le peu de moyens financiers et de matériel dont disposait le collectif lors de sa fondation, ses membres ont su amener et développer une analyse et un discours alternatif et ainsi exercer une certaine influence dans la région, le Saguenay-Lac-St-Jean. De par l'affichage urbain, l'animation d'un blogue, des lettres ouvertes, des déclarations communes et divers autres moyens d'information (brochures, tracts, etc.), les membres ont su animer d'intéressants débats, susciter de vives réactions et implanter certaines idées alternatives. Afin de rassembler la gauche sociale régionale, le collectif a également réalisé de multiples événements tels que des cabarets anarchistes, des conférences, des lancements de livres, des assemblées publiques, des contingents dans les manifestations et des « food not bombs » (distribution gratuite de nourriture). De façon plus ludique, à l'été 2013, suivant le courant de "l'anarcho-soccer", des séances hebdomadaires de sport amicales et antiautoritaires ont eu lieu dans différents quartiers de la ville afin de rassembler un réseau élargi de personnes avec lesquelles nous partageons des affinités.

En plus d'avoir participé à la rédaction et la distribution de Cause Commune, le journal de l'UCL, le collectif a fondé, au cours de ces cinq années, un bulletin d’information libertaire régional, Le Pic-Bois, paru trois fois jusqu’à maintenant. Ce bulletin, comptant un article de près de 1500 mots, nous a permis de traiter plus en profondeur des sujets et des réalités de notre région (le racisme, les radios-poubelles et les "régions-ressources"). Divers ateliers d’introduction à l’anarchisme furent également tenus au cours des années dans d'autres villes comme Alma et St-Félicien.

À travers le temps, les membres, sympathisants et sympathisantes du collectif ont également su amener une contribution originale et non négligeable aux mobilisations sociales et aux manifestations régionales. Que ce soit lors de notre participation au comité d’action autonome de l’UQAC au printemps 2012 ou encore lors des actions de solidarité avec les lock-outés des garages de la région (pour ne nommer que ceux-ci). Avant le grand « retour à la normale » (l’automne 2012), une progression dans le nombre de manifestations dans la région ayant recours à des actions de désobéissance civile était visible. Comme le soulignait le maire Jean Tremblay en 2012, « les manifs c'est tannant »! La répression, le profilage politique et les abus perpétré-e-s par la police à l’endroit de plusieurs militants et militantes démontrèrent que, pour les pouvoirs publics, ces idées dérangent et ces actions possèdent une relative efficacité. Bien que l’accès à la justice nous soit très limité en l’absence de l’aide légale militante comme il y en a par exemple à Montréal, les arrêté-e-s de manifestations se sont organisé-e-s en comité à plusieurs reprises dans les dernières années pour s’épauler dans les démarches de contestation et dénoncer la répression.

Le bilan de notre implication à l’UCL

Six collectifs, de six villes du Québec participèrent à la fondation de l’UCL. À la fin de la première année deux collectifs avaient disparu, suivis rapidement d’un troisième (Saint-Jérôme, Drummondville et Sherbrooke). Divers facteurs ont entrainé-e-s la disparition de ces groupes, l'un d'eux est leur composition majoritairement estudiantine, la difficulté de renouveler le "membership'' initial et de dépasser cette situation. Plus largement, il s’est avéré tout aussi difficile au sein de l’UCL que de la dans la mouvance anarchiste québécoise de consolider travail/famille-vie privée/militance.

Des réalités qui diffèrent

La participation à une fédération anarchiste nous a permis de collaborer à la réalisation d'un nombre considérable de campagnes, de publications et d’activités communes. Cela représente pour un collectif plutôt isolé géographiquement, un apport important, voire impossible à minimiser, dans son maintien ainsi que le développement d'un courant libertaire large et combatif.

Néanmoins, nous avons fait le constat à travers nos luttes et expériences que, pour que nos idées trouvent un écho, il faut d’abord qu’elles s’inscrivent dans une pratique cohérente, crédible et qu’elles doivent être adaptées à une certaine réalité locale. Bref, il est nécessaire de s'inspirer des expériences de lutte et d'organisation des milieux libertaires de Montréal, de Québec ou d'ailleurs pour en tirer des enseignements et des applications locales. Ce qui n’a pas toujours été facile en raison principalement de la nature des mouvements sociaux en région. Car il faut souligner, qu’à l’exception d'une petite fraction du mouvement étudiant un peu plus active, ou des quelques initiatives de permanents et permanentes du mouvement communautaire, la situation n’est guère reluisante dans notre région. Les premiers à montrer du doigt sont les directions de ces mouvements embourbés depuis de nombreuses années dans la défense d'intérêt corporatif et figés dans une identité catégorielle prenant ses références dans la social-démocratie québécoise et parfois encore, dans la « gauche » catholique. Ces groupes ont démontré leur incapacité à ajuster leur discours et leur type d’action aux besoins du moment, tout en démontrant une redoutable efficacité à agir comme éteignoir. Cet état de fait nous amène donc à affirmer que la radicalisation des mouvements sociaux passe parfois tout simplement par leur création. La situation régionale nous a donc amenés durant les dernières années à jongler avec les différentes campagnes fédérales et les outils de la fédération (Cause Commune, Rupture, etc.) afin de les adapter comme nous le pouvions à notre réalité.

Des projets fédéraux réussis

Si la première année de l’UCL fut marquée par quelques difficultés de démarrage - une campagne difficile à articuler, un projet de manifeste trop ambitieux- l’année 2010 marqua pour les membres du collectif Emma Goldman un tournant positif et prometteur. En effet, les mois de janvier à février furent marqués par une grande tournée de conférence sur les expériences d’autogestion ouvrière en Argentine avec la participation d’un membre du groupe Red Libertaria (Buenos Aires). La tournée s’arrêta dans de nombreuses villes du Québec (dans la région à Chicoutimi et St-Félicien) et d’Ontario et permit à la fédération de développer de nombreux contacts. Il ne fait aucun doute pour nous que seuls les moyens matériels et financiers d’une organisation fédérale permirent de réaliser un tel projet. Nous considérons également que ce genre de projet à la fois positif et rassembleur permet de décloisonner l’anarchisme des grands centres que sont Montréal et Québec, ce qui représente pour nous anarchistes du Saguenay une avancée non négligeable. En contrepartie, il est plutôt difficile de calculer les retombées à long terme de tels évènements.
À l’automne 2010, les collectifs de l’UCL organisèrent avec succès une série d’assemblées publiques qui permirent à des personnes de différents horizons d’échanger sur leurs visions et perspectives de la lutte contre les mesures d’austérité du gouvernement libéral. La fédération met alors l’emphase sur la grève sociale, l’action directe et alimente la réflexion sur les services publics.

Des enjeux qui évoluent

Au début de l’année 2011, une campagne de salissage est organisée conjointement par la radio-poubelle et l’extrême droite dans le cadre de la contestation judiciaire de la prière au Conseil municipal de Saguenay. Celle-ci comprenant les « documents mystères » (documents calomnieux non-signés diffusés sous le manteau, sur internet et par des médias) et de nombreuses menaces de mort reçues depuis, affectèrent les militants locaux et militantes locales. Pendant plus d’un mois, le Collectif Emma Goldman, Rebelles Saguenay et des individus s’affichant ouvertement de gauche ont fait l’objet de dénigrement sur les ondes de la radio-poubelle avec la participation récurrente d’auditeurs qui répétaient servilement ce que les animateurs disaient. Victime de la nouvelle "Peur du rouge", le collectif a été brandi comme un épouvantail pour discréditer l’ensemble des opposant-e-s à la prière au conseil municipal de Ville Saguenay, tout comme le communisme était brandi en épouvantail pour discréditer le mouvement syndical à l’époque de Duplessis. Dès lors, les membres et sympathisants et sympathisantes durent réévaluer les priorités et les enjeux du collectif. Si jusqu’à cet instant, il était juste d’affirmer que le collectif bénéficiait de l’expertise et des outils de la fédération, il en était tout autrement devant ces attaques. Cette situation a eu comme incidence d’accentuer le recentrage autour des activités du collectif local.

À la suite d'une campagne d'opposition à la radio-poubelle par des citoyens et citoyennes de la région le Collectif Emma Goldman fut paraître avec des moyens modestes et limiter son premier livre, Radio X: Les vendeurs de haine. À ce jour, trois lancements furent organisés (Montréal, Québec et Saguenay) et le livre fut présenté et distribué lors de nombreux événements.

Une dualité organisationnelle

Le maintien d'un nombre significatif de militants et militantes impliqué-e-s au sein du collectif fut et demeure un défi de tous les instants. Toutefois, les tâches (invisibles) pour assurer le bon roulement du collectif et assurer les suivis des dossiers fédéraux demeurèrent les mêmes. La participation fluctuante aux activités d’organisation et de planification du collectif a entraîné une contribution limitée du Saguenay aux activités du secrétariat fédéral et autres tâches reliées à l’UCL. En contrepartie, la quantité de dossiers fédéraux à traiter lors de rencontre régulière a diminué l’énergie et le temps pour l’organisation de lutte locale. Cette réalité a sans l’ombre d’un doute augmenté la tâche des camarades[2]. En somme, l’absence de roulement et la spécialisation de certaines tâches a entraîné un sur investissement de certains et certaines camarades et de l’épuisement. Cette situation a engendré par la suite de sérieuses lacunes organisationnelles lors du désengagement (du collectif et de l’UCL) de certains et certaines camarades.

La (dés)Union Communiste Libertaire ou la fin de la seule organisation anarchiste sur le territoire québécois
Nous osons affirmer, sans trop nous tromper, que l’expérience de l’UCL a démontré qu’il peut s’avérer pour le moins difficile (c’est le moins qu’on puisse dire) de réunir des militantes et des militants de divers horizons tout en ménagent les ego et les susceptibilités. Les questions liés aux objectifs et visions que devraient prendre une organisation, de la situation géographique de ses membres ou encore des différences de culture militante (Montréalaise, « ASSÉiste»...) se sont ainsi avérées des facteurs importants de désunions. Cette situation a entraîné des inconforts de certainEs membres au sein de l’organisation ou limité la participation à des projets tels que la rédaction du Cause Commune, pour nommer que celui-ci.Nous avions d’ailleurs souligné cette situation dès la fondation de l’UCL et par la suite introduit dans nos pratiques militantes et au sein de l’organisation des outils pour clarifier les malaises (entre autre).

En définitive, il s’avère plus facile et tout à fait compréhensible, en raison de la nature volontaire du militantisme de quitter une organisation lorsqu’on vit des déceptions (à répétition). Et les déceptions ont pu être nombreuses lors des cinq dernières années: Que ce soit par rapport à l’implication variable des membres, de plans d’action (trop) ambitieux, de projets reportés et non réalisés (le manifeste), d’une structure organisationnelle souvent trop lourde, d’une unité théorique et tactique difficile à atteindre, de la difficulté de gérer les conflits . La communication insuffisante, les outils de communications parfois inappropriés, la nature de certains débats (les chicanes de coqs) se sont également avérés des facteurs de désunion importants.

En ce qui a trait aux relations homme/femme au sein de l’organisation nous vous recommandons la lecture des trois textes suivants:
-http://chasseurdepuces.blogspot.ca/2014/02/de-celles-qu....html;
-http://yaastarougeetnoir.wordpress.com/2014/02/18/nous-...lucl/;
-http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2014/02/a-ceux-et-celle....html

Enfin, l’organisation s’est littéralement « dissoute » dès 2012 dans le cadre de la grève étudiante (par l’implication de ces membres dans le mouvement) et n’a réellement su par la suite se relever. La fédération est alors apparue pour certains et certaines comme inadaptée en période de conflit social. Évidemment cette réalité a été vécue différemment d’un collectif à l’autre.

Lors de nos rencontres pour produire ce bilan, nous avons souligné, lorsque nous faisions ressortir nos perceptions de l’UCL, que le support que nous avions reçu de la fédération lors des dernières années fut davantage le fait de quelques camarades que l’appui d’une organisation. Cet aspect peut être expliqué parce que l’UCL fut avant tout une organisation montréalaise par le simple fait que la majorité de ses membres y étaient situés et que le mouvement anarchiste montréalais a une fâcheuse tendance, celle de se suffire à lui-même. Nous constatons avec regret que le trajet « normal » demeure encore aujourd’hui : de la région ressource vers les grands centres, ce qui entraîne pour les militantes et militants de la région le choix entre l’isolement ou les très nombreux déplacements.

Pour conclure, l’expérience nous a démontré que le fait de partager une plateforme et des idées communes ne représente pas un gage d’unité et de maintien pour un groupe, un réseau ou encore une organisation. Nous croyons que nous avons besoin de projets fédérateurs et d’une pratique militante qui est tout aussi orientée sur la manière de faire que sur les résultats. Mais pour ce faire, encore faut-il avoir l’opportunité de collaborer avec d'autres collectifs de partout (mettant également de l'avant un tronc commun d'idées anarchistes), afin d’organiser des campagnes sur différents enjeux et unir nos efforts. Ce genre de coordination répond à un besoin d'efficacité dans les luttes auxquelles nos collectifs participent, et d'entraide. Nous irions même plus loin ; c'est probablement ce qui manque actuellement au Québec pour que le mouvement anarchiste puisse se propager et durer hors de l'île de Montréal.

Collectif anarchiste Emma Goldman (ex-UCL-Saguenay)


Related Link: http://ucl-saguenay.blogspot.ca
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