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GRANDEUR ET DECADENCE DU MOUVEMENT ANARCHISTE

category france / belgique / luxembourg | mouvement anarchiste | opinion / analyse author Friday September 14, 2012 16:46author by kuhing - CAamauthor email kuhing at aol dot comauthor address 19 bd du jeu de ballon Report this post to the editors

Me considérant comme anarchiste, l'objectif de ce texte n'est pas de discréditer le projet mais de rendre compte de l'expérience que j'ai de ce mouvement côtoyé essentiellement par le biais de dialogues sur internet ou dans le réel au sein du collectif local dans lequel je suis...

GRANDEUR ET DECADENCE DU MOUVEMENT ANARCHISTE

Me considérant comme anarchiste, l'objectif de ce texte n'est pas de discréditer le projet mais de rendre compte de l'expérience que j'ai de ce mouvement côtoyé essentiellement par le biais de dialogues sur internet ou dans le réel au sein du collectif local dans lequel je suis,

Forces de l'anarchisme.

Malgré le peu d'effectifs recensés ou non du mouvement anarchiste social, l'anarchisme contient une ambition qui fait sa force.
A peu près tous ses courants et sensibilités se retrouvent dans un point central : le respect de la liberté.
Voyons l'étymologie du terme proposée par la base de donnée en ligne «wikipedia» :

Le terme anarchie est un dérivé du grec «ἀναρχία» («anarkhia»)1. Composé du préfixe a- privatifan- (en grec αν, «sans», «privé de») et du mot arkhê, (en grec ἀρχή, «origine», «principe», «pouvoir» ou «commandement»).
L'étymologie du terme désigne donc, d'une manière générale, ce qui est dénué de principe directeur et d'origine. Cela se traduit par «absence de principe», «absence de règle», «absence de chef», «absence d'autorité» ou «absence de gouvernement»

«Absence de principe» et «absence de règle» sont contestables dans l'organisation d'une société anarchiste. Des principes et des règles sont utiles pour fonctionner et, même ne pas en avoir en deviennent.
Le fait qu'elles soient imposées par les uns sur les autres n'est cependant pas compatible avec l'anarchie.
Dans une société anarchiste, règles et principes s'imposent d'eux-mêmes et sont naturellement acceptés par tous puisque les intérêts sont communs.

L'échec des tentatives communistes «autoritaires» avec leurs dérives dictatoriales systématiques pour revenir finalement à un capitalisme sauvage, ne laissent pas grand choix stratégique pour construire le projet d'une société sans classes que bien évidemment les gestionnaires sociaux- démocrates de l'économie de marché ont abandonné depuis longtemps.
L'anarchisme est pour ainsi dire la seule voie qui permette théoriquement de mettre en place une organisation sociale où l'exploitation de l'homme par l'homme n'a plus sa place.

Ceci étant, le mouvement anarchiste, malgré un probable renouveau récent dans sa forme organisée ou dans une convergence consciente de certains individus, reste emprunt de faiblesses majeures qui l'empêchent d'avancer.

Faiblesses du mouvement anarchiste.

Je parle de faiblesse mais décadence ne serait pas un mot trop fort pour qualifier l'état du mouvement anarchiste dans son ensemble. Le fossé abyssal qui sépare l'ambition et la nécessité du projet anarchiste et l'intervention, le comportement des mouvements anarchistes «organisés» et de ses membres méritent de s'y attarder.

Une des premières constatations à faire concerne l'extrême pauvreté du renouvellement des idées qui restent le plus souvent fossilisées sur les écrits qui datent de plus d'un siècle.
L'anarchisme n'est à l'évidence, pas capable de s'adapter à la nouvelle période dans laquelle nous sommes entrés et qui n'a plus grand chose à voir avec l'état du monde du 19ème ou du début du 20ème siècle.

Les références se cantonnent, dans le meilleur des cas, à quelques principes flous de collectivisme, de liberté ou d'athéisme évoqués par Bakounine ou encore des règles mal assimilées de communisme libertaire de Kropotkine, sans tenir compte de l'évolution de la technologie, des communications ni de la mondialisation et de l'interdépendance planétaire du capital.

Et même là on en reste à quelques batailles d'étiquettes ou de définitions.

Dans le pire de cas, les plus décidés rentrent dans une organisation anarchiste par pur romantisme plus ou moins associé à une idée libertaire.
Ça donne l'occasion de discuter un peu, de manifester de temps en temps mais bien vite le nouvel adhérent se trouve confronté au jeu des pouvoirs qui sont inévitablement reproduits dans les structures organisationnelles fut-elles libertaires.
Dans ce cas les plus persévérants tentent de casser la bureaucratie qui s' installe dans tout regroupement où de l'argent et des privilèges de fonctions circulent.
La plupart du temps, de guerre lasse ou poussés vers la sortie par les bureaucrates bien installés, l'apprenti romantique retourne à ses idéaux déçus et, se retrouve souvent et définitivement perdu pour le projet auquel il croyait .
La nombre de militants anarchistes organisés, toutes nuances confondues, ne dépasse pas le millier d'individus dans un pays comme la France qui compte plus de 65 millions d'habitants.
On est loin des un sur cent de la chanson pour ne même pas atteindre les 1 sur 65000.
Et encore sur ces mille là, les relations qu'ils échangent entre eux tiennent plus du chaos que de « la morale anarchiste»
Force est de constater que la plupart du temps est consacré aux conflits d'ego et, les agressions interpersonnelles font office d'activité, pour ne pas dire de passe-temps, principale.

Le gros de la troupe anarchiste se place en dehors des petites organisations existantes et, se retrouve parfois sur internet dans les quelques forums de discussion qu'une poignée de gestionnaires, le nez collé en permanence sur leur écrans d'ordinateurs, ont finalement réussi à contrôler.
Là encore quelques «cadors» mènent la danse et, il suffit de s'écarter de la pensée unique décrétée par les biens pensants pour voir une meute virtuelle se former pour éjecter l'intrus.

D'un point de vue théorique, la confusion des esprits atteint des aberrations aussi énormes que celle entendue récemment par un militant, depuis près de 40 ans, d'une organisation communiste libertaire et qui déclarait : « l'argent est un instrument pratique d'échange » ou encore «l'obsolescence programmée donne du travail aux gens »
On en entend qui estiment que la révolution sociale est peut-être nécessaire mais impossible parce que trop dangereuse ou illusoire.
Pour certains elle fait partie du domaine de la croyance religieuse.
Il faudrait vivre l'anarchie «ici et maintenant» mais le font-ils eux-mêmes ?

D'autres encore mystifient et idéalisent la lutte revendicative sans pour autant en donner une issue et font de l'anarchisme qu'ils prônent un corporatisme radical qui est , qui plus est, systématiquement voué à l'échec.

La critique reste aussi le sport favori des discussions entre anarchistes : on aime par dessus tout condamner telle ou telle mesure gouvernementale qui attaque le travail, les droits de l'homme ou la liberté.
On aime également se donner une bonne conscience écologique, tellement à la mode actuellement en rappelant les accidents nucléaires d'une centrale ici ou là, Cela va rarement plus loin dans les propositions de règlement définitif du saccage de la planète par le capitalisme que les informations du journal de 20 heures.

Le féminisme reste aussi un des grands sujets piégés de la pensée dominante des groupements anarchistes. Il suffit souvent d'oser évoquer la disparité des tendances féministes qui sont loin d'être toutes progressistes, pour être passible d'excommunication pour «virilisme aggravé».

Le mouvement anarchiste est donc loin de bien se porter.
C'est le triste constat que je fais.
La fraternité, la sororité qu'on est en droit d'attendre de la part d'individus qui sont supposés combattre pour la liberté et la solidarité entre les hommes est la plupart du temps engloutie par les rapports de forces qui régissent la société actuelle et qui sont reproduits.
Ceux qui parlent de «travail personnel sur la conscience» sont, pour la plupart, incapables de remettre en cause par l'action individuelle, l'exploitation que la société applique avec la pire des sauvageries primitives sur les animaux de boucherie.

Ceci n'est pas très réjouissant.

Il me paraît cependant et peut-être nécessaire de garder un lien qui unit ceux qui même confusément, croient qu'un autre monde est envisageable.
Les quelques anarchistes ne contribueront à sa création que s'ils sont en mesure d'évoluer dans leur façon de fonctionner.

kuhing

Septembre 2012

NB: grammaire française «de France» utilisée pour ne pas surcharger.
Au lecteur ou à la lectrice de féminiser

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