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category international | Économie | autre presse libertaire author Sunday August 26, 2012 18:13author by kuhing - collectif anarchiste des alpes-maritimes (France)author email kuhing at aol dot com Report this post to the editors

Ce qu'il faut construire

introduction

1) Ce que l'on peut comprendre

2) L'échec de tous les combats sectoriels

3) L'échec des solutions individuelles.

4) L'échec de l'indignation collective

5) Le pouvoir

6)L'argent

7) Les méfaits de l'argent sur l'environnement.

8) Les méfaits de l'argent sur le travail.

9) Les méfaits de l'argent sur les relations humaines et la santé.

10) Le nécessaire changement

11) Le changement est-il possible ?

12) Des voies qui mènent à d'autres impasses.

13) Qu'elle alternative au capitalisme ?

14) Faire appel à l'essence même de l'homme.

15)Une activité mutualisée et coordonnée.

16) Des ressources infinies.

17) Tout est à vraiment gagner.

18) Comment faire ?

19) Un scénario possible.

20) Une goutte d'eau dans l'océan.

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( Ce qu'il faut construire )

Le cerveau refuse et c'est peut-être l'obstacle majeur au changement nécessaire. L'humanité depuis qu'elle a mis en place des rapports sociaux a utilisé l'échange quantifié. Troc direct ou utilisation d'un intermédiaire monétaire, il a toujours été question d'établir, de jauger une valeur au produit ou au service échangé. Nous ne savons fonctionner que de cette façon et nous nous est quasiment impossible de concevoir des relations sociales en dehors d'un système de quantification de la valeur du travail. Pourtant l'immense majorité du profit financier réalisé aujourd'hui n'a plus aucun rapport avec le travail réel accompli où à faire. Le bénéfice financier, base fondamentale du système d'échange que nous employons, résulte de manipulations, d'artifices, de fuites en avant, d'opérations fictives et virtuelles. La dernière en date, le speed trading, échanges boursiers à très hautes vitesses, témoigne de l'aberration atteinte par un fonctionnement économique et social arrivé au bout d'une impasse.

1) Ce que l'on peut comprendre

Nos raisonnements sont aujourd'hui en mesure de.comprendre, nos intuitions de sentir les méfaits voire les catastrophes que le système actuel induit. La plus évidente concerne le saccage écologique du à l'impérieuse nécessité de la rentabilité financière. Le droit au travail bafoué de plus en plus peut être mis en relation dans nos esprits avec les fondements du système. Mais la plupart du temps, la revendication associée se limite au fait que les usines ne ferment pas ou ne soient pas délocalisées là où la main-d'œuvre est moins chère. Les réclamations peuvent aussi se cantonner sur un terrain moral: "la redistribution des bénéfices est injuste, les patrons et les actionnaires sont immoraux contrairement aux travailleurs qui jouent le rôle des victimes" Cette vision naïve de la situation est contestable: il y a aussi des ouvriers qui réclament l'expulsion des sans-papiers parce qu'ils croient ainsi conserver leurs emplois et il existe des patrons qui n'ont pas d'autre choix que celui de licencier sous peine de mettre l'entreprise qu'ils gèrent en faillite.

Au delà de l'écologie et du chômage, de plus en plus de consciences établissent un rapport entre l'atteinte aux droits humanitaires fondamentaux et la crise de l'économie capitaliste. Mais sur ce point, pour beaucoup, le lien de cause à effet reste difficile à réaliser. Pourtant si un gouvernement social-démocrate continue la traque aux travailleurs clandestins c'est que sa gestion de l'économie ne lui permet pas de les prendre en charge même si dans l'absolu tout être humain à droit à la vie et à une place dans le tissus social.

2) L'échec de tous les combats sectoriels

L'absence de projet global clair aboutit à des soubresauts revendicatifs disséminés, à des luttes corporatistes là où l'entreprise ferme, se délocalise pour continuer à être rentable. La survie motive alors une forme de solidarité qui s'établit entre ceux qui vont perdre leur emploi. Mais cette unité temporaire se limite à l' intérêt immédiat des concernés. Il est exceptionnel de voir des travailleurs d'une autre entreprise en fonction se mettre en grève pour soutenir ceux qui risquent le chômage. La préoccupation de chacun est circonscrite par son propre sort. Les conditions matérielles, dans ces cas, brident en quelque sorte la conscience. Dans ces conditions, toute lutte sectorielle est vouée à l'échec puisque le capital trouve d'autres moyens, d'autres forces laborieuses également soucieuses de leurs survies et dépendantes du moyen de l'assurer: l'argent. Il arrive pourtant parfois qu'une unité plus large s'organise contre les attaques du système. Mais cette lutte élargie reste toujours limitée à une revendication commune qui touche plus de monde. Là encore l'issue ne peut pas être favorable: le mode de fonctionnement actuel jouerait sa propre existence si les demandes étaient satisfaites. C'est pour lui aussi une question de vie ou de mort et, s'il lâche parfois quelques miettes d'un côté, il les reprendra de l'autre.

3) L'échec des solutions individuelles.

Est-il possible de shunter le système par un moyen individuel ou micro communautaire ? Des tentatives ont été essayées de tous temps avec un pic post soixante-huitard. Le mouvement hippie l'illustrait. Aujourd'hui, s'appuyant sur la théorie de la décroissance, certains prennent l'initiative d'un retrait à la campagne et tentent jusqu'à l'autarcie. D'autres restent urbains, se nourrissent volontairement ou par nécessité dans les poubelles et, squattent des logements vides. Si ces expériences peuvent être intéressantes, le carcan économique impose d'accumuler le capital suffisant pour investir dans un lieu d'habitation rural et le faire fonctionner. Les squats sont par ailleurs éphémères et, les grandes surfaces arrosent de plus en plus leurs surplus alimentaires de javel pour les rendre impropres à la consommation. Les contraintes culturelles et sociales constituent par ailleurs un frein suffisant pour que ces replis et ces marges ne puissent se généraliser et encore moins constituer des îlots dont l'addition puisse opérer un basculement structurel de la société. Dans le cas de communautés, les rapports de dominations inter-personnelles sont généralement reproduits puisqu'aucune structure ne peut être parfaitement étanche aux influences de l'environnement. Les rapports de forces qui régissent la société se retrouvent alors dans un espace clos et restreint. On peut parler encore d'échec relatif mais réel des solutions individuelles.

4) L'échec de l'indignation collective

L' appel récent de Stéphane Hessel a sans doute marqué un pas dans l'évolution de la conscience collective populaire. Pour une première fois avec lui, un individu lambda inconnu auparavant propose directement à la grande masse de la population, en termes accessibles, de s'indigner des conséquences générées par le capitalisme. L'appel est entendu et ne tarde pas à provoquer des rassemblements en Europe et même dans le monde. L'Espagne particulièrement touchée par la crise est une des premières à voir des occupations de ceux qui reprennent à leur compte le qualificatif "d'indignés". Ils sont suivis par des regroupements en France, en Italie, en Grèce mais surtout et, le fait est inédit, aux États-unis. Au delà de la revendication sectorielle, de la réclamation particulière sur le maintien d'un emploi menace ou par exemple de la remise en cause d'un régime de retraites, c'est l'ensemble des méfaits du système qui est contesté. De là à penser que ce sont ses fondements mêmes qu'il faut balayer pour tout changer, le pas peut paraître proche à franchir. C'est le mouvement de protestation devant la bourse de New-York, symbole fort du capitalisme dans son propre bastion, qui fut la pointe avancée de cette expression consciente. Aujourd'hui pourtant l'espoir suscité par les indignés européens et les 99% nord-américains s'est estompé, peut-être évanoui. L'indignation et la critique, fut-elle globale, ne sont donc pas suffisantes pour ébranler un mode de fonctionnement économique, politique et social même en crise subaigüe.

5) Le pouvoir

Les rapports de force, de domination et de pouvoir existent entre les hommes depuis que l'humanité existe. Basés au départ sur des capacités physiques supérieures ou sur une aptitude particulière à la manipulation, ils se sont vite assis sur l'accumulation de richesses transmissibles au moyen de lois établies par les dominants. Ces institutions élaborées par le cerveau humain ont transmuté les rapports de force primitifs en relations d'exploiteurs à exploités économiques. L'homme, au cours de son évolution, a du se battre pour survivre comme tous les organismes vivants qui sont passés sur la Terre. Sa capacité cérébrale lui a permis de se hisser au sommet de la chaîne alimentaire. Cette hiérarchisation s'est opérée au sein de sa propre espèce avec la création de structures sociales de type pyramidales dotées de moyens coercitifs pour se maintenir. D'un point de vue philosophique, cette façon de s'organiser a pu être expliquée par un darwinisme social plus ou moins édulcoré: la loi du plus fort qui régit la nature est reproduite dans la méthode utilisée par l'homme pour s'organiser en société. Cependant si de nombreuses espèces animales possèdent des structures sociales hiérarchisées avec des rôles bien définis, il en est qui fonctionnent aussi en mode de coopération et règlent leurs conflits à l'amiable. L'exemple des singes bonobos est souvent cité à ce sujet. Une expérience réalisée sur les rats est instructive: mis en situation d'abondance alimentaire et disposant d'espace suffisant, les relations communautaires des rats sont exemptés de conflits alors qu'en cas de restrictions des rapports de dominations forts s'établissent entre les individus. Une autre théorie tentant de justifier la propension humaine à établir des rapports hiérarchiques de dominations entre personnes se retrouve dans la volonté de puissance décrite par Nietzsche. Mais il ne précise cependant pas par rapport à quoi ou à qui, ce qui serait une caractéristique essentielle de l'homme, la recherche de la puissance, cherche au fond à s'établir. L'observation tenterait à conclure que celle-ci s'opère naturellement entre les hommes. La philosophie extrême-orientale ouvre une autre voie, celle du développement personnel: si un désir de puissance que l'on peut assimiler à celui d'un pouvoir existe bien chez les hommes, c'est sur lui-même et non sur les autres qu'il doit chercher à l'atteindre.

6) L'argent

Très tôt dans l'histoire de l'humanité, les échanges commerciaux se sont mis en place et, c'est un processus unique dans l'organisation du monde du vivant. Il existe bien des animaux, des insectes capables d'en faire travailler d'autres à leur profit ou même dans une relation de coopération mais aucune espèce autre que celle des hommes n' a pu mettre en place de quantifier une valeur de marchandises ou de services échangés qui correspondent à un travail fourni. Dés la mise en plaça du troc, une évaluation de la valeur a été appréciée puis établie. C'est avec la monnaie, l'argent, qu'un outil étalon a pu servir d'intermédiaire de transaction et de quantification du travail nécessaire, simple ou complexe, à la production d'une marchandise ou d'un service, la flexibilité de la valeur étant régie par la loi de l'offre et de la demande. Très vite argent et pouvoir ont tissé des liens forts au point que l'un n'aille pas sans l'autre au sein du tissus social. Le capital, convertible en argent, monnaie fiduciaire mais de plus en plus scripturale, est un élément essentiel de placement dans l'échelle sociale. Il représente en tant que tel un instrument d'aval des uns sur les autres. L'argent est un outil de transaction et d'achat mais pour qu'il conserve cette fonction, il ne doit pas fondre comme neige au soleil sous peine de rendre dépendant de ceux qui en possèdent. Il est nécessaire le faire fructifier, s'en servir pour générer des bénéfices, pour ne pas vendre sa force de travail. Des bénéfices financiers pourront apparaître si un capital investi l'est de manière rentable. La rentabilité provient directement ou indirectement d'une fraction du travail non payé de ceux qui sont contraints de vendre leur force pour vivre. Aujourd'hui et depuis de nombreuses décennies, les bénéfices financiers sont en majeure partie réalisés de manière fictive par des jeux d'écritures basés sur du travail non encore fourni. On parie qu'il le sera. La rentabilité financière, condition sine qua non du maintien du système marchand tient donc essentiellement sur une fuite en avant. Les vraies richesses ne dépendent que du travail effectif et non de l'argent qui sert à les payer. Si l'activité humaine cessait du jour au lendemain, l'humanité n'y survivrait pas plus que quelques semaines. Les billets de banques, l'or accumulé dans les coffres des banques, les pages d'écritures informatiques ne sont pas comestibles.

7) Les méfaits de l'argent sur l'environnement.

Si l'argent-monnaie peut paraître comme étant un outil d'échange pratique, il contient en lui les effets pervers et dangereux au point de remettre en cause l'existence même de la planète et de toutes les formes de vie qu'elle abrite. L'argent ne peut se satisfaire d'un état statique, il doit sans cesse produire du bénéfice et tout déficit doit être épongé, il est du. Les méfaits de cette nécessaire rentabilité financière sont bien compris d'une frange d'individus et font l'objet du cœur de la propagande de nombreuses organisations progressistes radicales. Pour vendre toujours plus cher que ça a coûté, il faut sans cesse rogner sur le coût d'extraction et de transformation des matières premières et monter les prix. Il s'agit également de gagner sur la gestion du recyclage des déchets et cela entraîne une souillure permanente et croissante de l'environnement naturel. Pour faire du bénéfice, il faut vendre sans cesse ce qui nécessite des astuces fines de la part des concepteurs et des distributeurs des produits manufacturés. L'obsolescence programmée représente un de ces artifices dont il beaucoup question actuellement. Si l'appellation est compliquée, le principe est simple: il s'agit de fabriquer des produits à durée de vie prévue et de préférence courte afin qu'ils soient renouvelés régulièrement. Une puce électronique est même parfois inséré à l’insu du consommateur dans le matériel informatique grand public pour qu'il tombe en panne juste après le délai de garantie. Le gâchis immense du travail fourni pour la fabrication de ses produits à usage volontairement limité, le gaspillage des matières premières, la pollution engendrée par cette production et ses déchets s'inscrivent dans le cadre des atteintes mortelles causées par le système monétaire. La mise sur le marché d'objets de qualité médiocre, moins cher pour être vendus aussi aux gens moins fortunés, aboutit à un résultat analogue avec ses millions de tonnes d'ordures souvent impossibles à recycler.

8) Les méfaits de l'argent sur le travail.

L'essence même du travail humain a été corrompu par sa quantification monétaire et l'obligation d'en tirer un profit financier. Sa valeur marchande en a fait un principe de survie alors que le travail représente cette activité créatrice diversifiée en fonction des aptitudes et des goûts de chacun, indispensable à son épanouissement individuel et social. Plus encore, ce moyen de survie qu'il est devenu n'est même pas donné à tout le monde puisque rentabilité implique chômage. À côté de ça, le système économique actuel dilapide une quantité d'énergie considérable pour s'auto-entretenir. Si on additionne le nombre de personnes employées à vendre ou promouvoir les produits à écouler sur le marché, à contrôler les transactions monétaires et bancaires, à réprimer ceux qui transgresseraient le système, l'énergie dépensée pour rien, parce que n'amenant rien d'utile, devrait atteindre les deux tiers de la masse de travail intellectuel et manuel fourni par l'ensemble de l'humanité active. Pour ceux qui ont la "chance" de travailler pour vivre, les objectifs de compétitivité qui ont atteindre aujourd'hui des niveaux jamais égalés affectent grandement les conditions de travail au point de provoquer stress, dépressions et même suicides de plus en plus fréquents. En plus d'être devenu une aliénation, le travail est aujourd'hui une formidable machine à broyer les esprits et à détruire les individus. Heureusement certains parviennent encore, à travers les mailles de ce redoutable filet, à retrouver la fonction réelle du travail qui est celle d'un magnifique outil d' épanouissement personnel, de construction commune et d'échanges sociaux. Le système n'a pas encore complètement anéanti la nature positive de cette activité humaine. C'est à partir de la qu'un renouveau reste possible.

9) Les méfaits de l'argent sur les relations humaines et la santé.

Les relations marchandes vont à l'encontre de cet adage connu: "les meilleures choses ne s'achètent pas". Il est permis d'aller plus loin en constatant que bien souvent les "meilleures choses" sont altérées, voire détruites par l'argent. Les simples rapports de bonne intelligence trouvent difficilement leur place dans les structures hiérarchiques établies par les disparités financières des uns et des autres. Jalousie d'un côté, mépris de l'autre, sentiment d'injustice, voilà quelques dissonances que l'argent est en mesure de générer dans les relations humaines. Un rapport d'exploiteurs à exploités amène difficilement une interaction et une communication saine. L'amitié, l'amour peuvent rarement faire bon ménage avec la vente et l'achat de sentiments tels qu'ils peuvent exister directement ou indirectement dans un système marchand. la prostitution morale ou physique, sous toutes ses formes, qui rabaisse l'homme au niveau de la marchandise perturbe des relations et une sexualité saines. On constate des formes plus massives de disharmonies relationnelles à cause du système marchand via son vecteur argent. Elles s'accentuent en période de crises et se caractérisent par la xénophobie, le racisme et le repli identitaire. Les conflits d'intérêts, les flux migratoires de ceux qui espèrent trouver de meilleures conditions de vie ailleurs, surchargent des zones où le système est à peine en mesure d'assurer un niveau de vie suffisant à ceux qui y travaillent. Loin d'apporter la richesse et le savoir-faire que l'on est en droit d'attendre d'un brassage de populations, les déplacements imposés par la nécessité génèrent des oppositions d'ampleur et creusent les fossés entre les individus et les communautés. Cependant certains dont le fond humanitaire n'est pas encore complètement submergé, parviennent à passer au dessus des conflits d'intérêts matériels et à créer le lien entre eux qui viennent d'ici ou d'ailleurs. Ceux ci savent reconnaître le fond générique commun qui existe entre les hommes. C'est à partir de là que l'espoir d'une société nouvelle reste possible.

10) Le nécessaire changement

Un malaise est palpable et, pour le moment, des consciences se bornent à l'exprimer. Ceux qui croient tirer leur épingle du jeu pensent qu'aucune autre façon de fonctionner est envisageable et encore moins réalisable. C'est aussi le cas de bien des personnes qui ne s'en sortent pas. Il mène suffit pas d'être pauvre ou exploité pour être révolutionnaire. Les tentatives de bouleversements sociaux récupérées par une gestion étatique des échanges et de la redistribution supposée plus juste des bénéfices ont non seulement échoué mais encore cadenassé les esprits sur l' éventualité d' un autre monde. Ce que l'on appelle "communisme" a abouti à des régimes liberticides, dictatoriaux qui sont la plupart revenus vers un capitalisme sauvage et mafieux. Le communisme étatique à été certainement le plus gros frein contre-révolutionnaire qui ait existé. Sous le poids de cette expérience malheureuse, les seules alternatives acceptables pour les consciences se bornent à une gestion pour ou moins re-distributive de l'économie de marché. Les plus radicaux critiquent avec plus ou moins de virulence les méfaits du capitalisme, ils proposent, sans d'ailleurs trop souvent y croire, une nouvelle tentative de gestion pyramidale hypothétiquement contrôlée par "la base" et, en attendant, axent l'essentiel de leur propagande dans le soutien aux luttes revendicatives et syndicales. Ils réclament du système qu'il ne leur donne pas moins à défaut de pouvoir leur en accorder plus. Ces combats sont vains la plupart du temps à cause de l'atomisation des luttes savamment orchestrées par les directions syndicales de connivence avec les gestionnaires du système. Les échecs à répétition, loin de participer à une élévation du niveau de conscience collective, fossilisent les esprits dans la croyance que le système est inébranlable. Doit-on pour autant renoncer à défendre des droits que la survie du capitalisme doit forcément attaquer? Sans doute pas. Cependant il ne faut pas attendre de ces luttes qu'elles participent d'une maturation de la tendance générale vers un objectif révolutionnaire.

11) Le changement est-il possible ?

Le système actuel nous envoie dans le mur et il le fait en klaxonnant. L'argent, instrument indispensable au fonctionnement de la société marchande n'est plus depuis longtemps le simple outil d'échange bien pratique pour aller acheter ses légumes. Le pouvoir qu'il permet et génère constitue une des drogues les plus dures qui soit et, ceux qui y ont accès sont prêts au pire pour le conserver. Il devrait être clair que si nous continuons dans cette voie, la fin de l'humanité est envisageable dans un avenir proche. L'extinction de l'espèce humaine est-elle donc inéluctable? Si elle intervenait, cela ne modifierait guère la face de l'univers. La planète Terre et ceux qui l'habitent ne représentent qu'un atome de sable sur la plus grande des plages. La disparition de notre espèce serait dommage pour nous-mêmes ne serait-ce que pour la curiosité de savoir jusqu'où nous aurions été capables de percer les mystères de ce qui nous entoure. Mais la curiosité n'est peut-être qu'un vilain défaut? Faut-il compter sur cet étrange instinct de survie qui caractérise tout organisme vivant pour croire que les hommes trouveront la porte de sortie qui leur évitera l'auto-destruction? Si on se fie au nombre de fois où la catastrophe générale a été évitée de justesse, on peut s'autoriser à le penser. Mais pour l'instinct ne suffira pas si l'homme n'est pas en mesure de comprendre ou de vouloir comprendre comment se sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve. Il est étonnant de constater que l'intelligence humaine a été capable de remonter théoriquement jusqu'à la presque naissance de l'univers, de reconstituer les éléments les plus élémentaires de la matière, mais qu'elle n'est pas en mesure de concevoir un projet de société cohérent qui puisse le sauver de sa mort. Pourtant la solution est simple, tellement simple qu'elle est rejetée par le caveau humain qui la considère comme simpliste. Les intérêts de ceux qui dirigent le système et l'impuissance de ceux qui le subissent alimentent aussi une propagande directe ou indirecte destinée à perpétrer l'immobilisme et à continuer à faire accepter l'inacceptable.

12) Des voies qui mènent à d'autres impasses.

Penser que le capitalisme se bonifiera avec le temps est illusoire. Croire qu'il est envisageable de l'adapter pour qu'il soit moins destructif et plus juste l'est tout autant. Pour exemples, une taxation des transactions financières liées à la spéculation serait un mince sparadrap sur une jambe de bois et, la gestion socialiste est d'ores et déjà, comme nous le constatons, vouée à l'échec. La pérennité de l'économie capitaliste est dépendante de sa capacité à générer du profit financier. Le goulot d'étranglement dans lequel elle est arrivée l'oblige à utiliser des manœuvres spéculatives qui produisent des bulles. Celles-ci éclatent régulièrement au point de provoquer les crises planétaires connues. Le capitalisme n'a plus aucune marge re-distributive. Il doit sans cesse rogner sur les salaires, les acquis sociaux, le droit au travail et utiliser la fuite en avant pour ne pas s'écrouler définitivement. S'il est encore debout c'est au prix de guerres particulièrement destructrices mais surtout parce qu'aucune alternative claire n'est suffisamment avancée.

13) Qu'elle alternative au capitalisme ?

Le capitalisme est aujourd'hui mondialisé et étroitement inter-dépendant. S'en débarrasser définitivement nécessité rien de moins qu'un mouvement planétaire. C'est justement la mondialisation de l'économie marchande qui rend possible cette réponse globale. Détruire le système ne se produira pas en lui réclamant les miettes qu'il est incapable de distribuer ni en espérant une moralisation qui stopperait les disparités et le désastre écologique. Pour trouver une alternative réelle et définitive au système actuel, il faut résoudre l'équation dont la solution empêchera tout retour en arrière. Cette équation comporte trois paramètres majeurs. Le premier concerne la liberté, le second la justice et le troisième la prospérité. Il s'agit de mettre en place une organisation sociale qui satisfasse à ces trois facteurs sans en léser un seul. La liberté individuelle ou collective est un élément essentiel à respecter pour la construction d'une société viable. Chacun, qu'il agisse seul ou avec d'autres, doit être en mesure de réaliser ses objectifs et mener sa vie sans entraves. Liberté se conjugue avec respect de ses semblables et respect implique nécessairement absence de conflits d'intérêts. Comme pour les rats qui vivent en bonne intelligence et sans agressivité entre eux quand la nourriture et l'espace sont suffisants, les conditions matérielles favorables doivent produire les mêmes effets sur les hommes. L'avantage qu'ont les hommes sur les rats, leur capacité supérieure à communiquer et à créer doit permettre de favoriser une coopération positive tendue vers un but commun: la maîtrise et la compréhension de ce qui nous entoure, l'expression de ce que chacun a en lui, la détermination de ses besoins et leur satisfaction. La justice est en lien avec l'équité et doit s'établir d'elle-même. Toute forme coercitive pour son application s'avèrent inutiles si l'organisation sociale inclue en elle-même l'équité entre tous. La règle qui permet à chacun de créer selon ses désirs et ses capacités tout en ayant la possibilité de profiter de l'activité commune en rapport avec ce qui lui est nécessaire, doit suffire à ce que justice et équité s'appliquent automatiquement. Aucune contrainte ni redistribution égalitariste planifiée par la gestion d'une fraction de la population n'est alors utile. Pire, elle ferait échouer le projet. Il s'agit plutôt de mettre en commun les ressources naturelles et permettre à chacun et à tous d'utiliser leurs aptitudes et les moyens de les transformer pour son propre bien et le bien commun. Justice et liberté ne peuvent se conjuguer sans prospérité. La prospérité ne signifie pas accumuler des biens au point qu'il devienne même impossible de les utiliser. Il s'agit d'avoir accès à tous les produits et services disponibles. Point n'est nécessaire d'en être propriétaire pour cela. A la propriété privée à usage limité, il est préférable de substituer le droit à l'usage libre des biens communs. Cette liberté d'usage doit être illimitée: celui qui souhaite rester sa vie durant au même endroit ne doit pas en être empêché. L'organisation et l'aménagement de l'espace disponible peut répondre au choix demeurer dans la même zone sans frustrer d'autres individus. La concentration urbaine extrême imposée par l'économie du vieux monde laisse des espaces vierges, désertifiés et suffisamment de place pour que sur Terre et, pourquoi pas sur et sous les mers, chacun puisse choisir de vivre isolé ou en communauté. Les infrastructures déjà existantes permettent d'offrir un logement correct en mettant à libre disposition les habitations vides non utilisées. Il ne s'agit pas de requisitionner mais de construire plus et mieux en fonction des besoins réels donc en dehors d'une course au profit financier.
Même si la production alimentaire est réalisée avec des méthodes qu'il faut changer puisqu'elles obéissent à la loi de la rentabilité, elle suffirait aujourd'hui à nourrir largement l'ensemble des habitants de la planète alors que près d'un milliard d'individus souffrent gravement de la faim. Il faut garnir les étals des supermarchés des zones favorisées pour les rendre attractifs à la vente et plutôt jeter que donner ou vendre à perte. Cet immense gâchis sera évité dans une société non marchande. La gigantesque dépense d'énergie utilisée pour faire tourner la machine capitaliste peut être recyclée pour que l'intelligence et la force humaine servent enfin pleinement.

14) Faire appel à l'essence même de l'homme.

Comme les abeilles sont programmées pour bâtir leurs essaims ou les oiseaux pour construire leurs nids, l'action créatrice et exploratrice est une caractéristique essentielle de l'homme. Cette affirmation repose sur la constatation que l'histoire de l'humanité est balisée par des constructions et découvertes que la coercition des uns sur les autres ne peut pas expliquer. Les activités librement choisies sont également les plus productives. Ces travaux peuvent être solitaires mais l'émulation d'un groupe qui se fixe un projet commun potentialise la création. Quelques fissures de l'économie du vieux monde laissent parfois passer la lumière comme par exemple pour cette encyclopédie librement consultable et alimentée par mes contributions volontaires et bénévoles des internautes : l'encyclopédie Wikipédia. Cette base de données mise en place collectivement par des gens qui ne se connaissent pas, sans cesse améliorable, donne une pâle idée de ce que pourrait devenir la coopération de toutes les intelligences et les savoir-faire si elle était appliquée à tous les secteurs de la création humaine, intellectuelle ou matérielle.
Pour le partage de l'espace, un mouvement brownien s'appliquerait dans l'utilisation de tous les lieux d'hébergement permettant à l'homme d'accomplir ce pour quoi il est fait : connaître la planète qui l’accueille et s'enrichir des cultures qui l'entourent. Tout reste une question d'organisation des échanges que déjà les techniques informatiques sont en mesure de régler. La liberté d'utilisation restant entière, rien n’empêcherait qui que ce soit de rester le temps souhaité à un endroit fixe mais cette immobilité semble aussi peu probable qu'il parait inconcevable que le concepteur d'une page wikipédia stationne en permanence sur sa propre création.

15) Une activité mutualisée et coordonnée.

Ce qui peut être valable pour l'hébergement peut être généralisé à tous les secteurs de l'activité humaine. Pour manger, vivre, se déplacer, l'homme doit répondre à ses propres besoins et, pour cela il est nécessaire de les évaluer.
Se nourrir constitue une priorité. A raison de trois mille calories par jour d'une alimentation équilibrée et environ sept milliards d'individus sur Terre, le calcul est fait. Produire vingt et un mille milliards de calories alimentaires quotidiennes est une mission tout à fait raisonnable d'autant qu'elle est déjà accomplie aujourd'hui. Un quart de cette production est cependant jetée mais aussi obtenue par l'emploi de substances pétro-chimiques toxiques pour l'homme et son environnement. Les habitudes alimentaires, dépendantes de l'économie de marché, sont orientées dans un sens qui pose les problèmes de santé publique que nous connaissons. Sortir du système marchand doit permettre de faire le point sur sa façon de se nourrir, d'avoir une réflexion approfondie sur la consommation intensive de nutriments comme le sucre et les protéines concentrées qui épuisent les ressources de la planète sur tout le déroulé de leurs productions et sont à l'origine de pathologies de tous ordres. Pour exemple, la fabrication d'une calorie alimentaire d'origine animale nécessite la consommation de sept à dix calories d'origine végétale. Cela représente le premier facteur de pollution environnementale. Mais adapter ses habitudes alimentaires vers un mieux dépendra d'une réflexion individuelle et commune et cette maturation des consciences qui fait encore défaut. La fonction créant l'organe, il est cependant permis de rester confiant.
Comme pour le reste la production qu'il faudra assurer pour satisfaire aux besoins humains, une coordination et mutualisation du travail devra être organisée sur tous les secteurs. Rien n’empêchera le particulier isolé ou celui qui s'associe à d'autres de faire pousser localement ses légumes mais en fonction de la demande générale, des unités de production alimentaire pourront se mettre en place. La collectivisation des ressources naturelles associée à l'intelligence humaine devront permettre de produire suffisamment et proprement. Coordination, synthèse et organisation horizontale tels que les réseaux du net peuvent d'ores et déjà offrir seront les moyens les mieux adaptés pour le faire.

16) Des ressources infinies.

Plus-value monétaire et gaspillage induisent une dilapidation des ressources aussi rapidement accessibles qu'il faut pour faire du profit financier. Sortir de ce carcan permettra de libérer l'intelligence aujourd'hui bridée parce que occupée à des tâches inutiles ou empêchée à cause des moyens confisqués par les détenteurs de capitaux. Ouvrir la cage qui libérera l'intelligence tendra vers une maîtrise de l'énergie infinie qui nous entoure. Un grand nombre de procédés propres permettent déjà d'en utiliser une infime partie. Ces moyens, loin d'être favorisés, sont étouffés par les lobbys d'intérêts différents. C'est dans la recherche et cette propension naturelle que l'humain a à vouloir découvrir que se trouve la clef d'une prospérité sans limite que la nature est en mesure d'offrir.
Les plantes ont encore beaucoup de secrets à nous livrer et de services à nous rendre. Elle le font déjà en nous nourrissant et, il est possible de vivre sainement en privilégiant les végétaux non traités par des toxiques, pour une bonne partie de nos repas. La phytothérapie nous aide aussi pour nos soins curatifs et de confort et il est possible d'aller plus loin dans ce domaine. La phyto-épuration est capable d'assainir proprement nos eaux usées dans une coopération active entre le monde végétal et nous-mêmes.
Les forces de la matière, de l'eau, de la mer sont loin de nous avoir livré l'ensemble de leurs possibilités. Les ressources qu'elles peuvent apporter sans produire de déchets toxiques restent à découvrir.
La vie animale terrestre ou marine a aussi encore bien des choses à nous apprendre aussi bien dans ses organisations sociales que dans son adaptabilité au milieu naturel.
Toutes ces recherches ne sont aujourd'hui pas ou peu rentables financièrement et ne sont donc pas développées.

17) Tout est à vraiment gagner.

Outre la croyance qu'il existe aucune alternative à l'économie marchande, la crainte de perdre ce qui a été obtenu, la peur de manquer constituent la principale résistance au changement. L'expérience malheureuse du léninisme et son aristocratie bureaucratique n'est pas étrangère à cette angoisse inscrite dans la conscience commune.
Une révolution sociale, si elle se déclenche, pourra aboutir positivement sans "prendre aux riches pour donner aux pauvres" selon la formule consacrée mais en rendant à la collectivité humaine ce qu'elle est en droit d'utiliser : les ressources naturelles et les moyens déjà existants pour les transformer afin d'en créer de nouveaux plus performants.
Il ne s'agit pas d'expulser les résidents de leurs maisons mais de construire ce qui manque pour loger ceux qui ne le sont pas sont mal. Le but n'est pas de détruire ce qui sert déjà mais de créer ce qui fait défaut.
Sortir du cycle capitaliste en remplaçant l'objectif de bénéfice financier par celui de la satisfaction du besoin réel doit permettre d'aménager le territoire offert de façon décentralisée et dans le respect de l'environnement naturel. Sera-t-il préférable de choisir de rester dans une demeure dont on est le "propriétaire" ou d'avoir la possibilité , à mesure où celles-ci se libèrent, de les occuper toutes ? Toutes options étant possibles, tout est à gagner pour tous. Reste à coordonner et organiser ces mouvements browniens en fonction des besoins locaux, inter-locaux et des activités qui en découlent. Une coordination et des synthèses réalisées à tous les niveaux ne nécessitent pas pour autant de centralisation hiérarchique. Par analogie, l'internet tel qu'il fonctionne aujourd'hui donne une idée de cette organisation horizontale d'une société à venir tout comme les contacts directs et locaux peuvent le faire.

18) Comment faire ?

Il peut sembler impossible qu'environ sept milliards d'individus puissent simultanément avoir une soudaine vision claire du nouveau monde à construire. Une réalité comportementale vient cependant tempérer tout cela : environ cinq pour cent d'un groupe ou d'une communauté large, convaincue d'une voie à prendre suffit pour entraîner l'ensemble de la collectivité. Cela reste un nombre important de consciences mais si on considère l'humanité par fractions et la vitesse à laquelle les informations circulent aujourd'hui, la propagation des idées devient plus réaliste. La cohérence du message devient le facteur essentiel pour la réalisation du projet.
Le message doit concerner la libération de l'intelligence, la propension naturelle de l'humanité à avancer, la suppression des gâchis, l'augmentation considérable de l'ensemble des forces productives qui en découle. Celle ci est comparable par analogie au fait de devoir se déplacer dans une bibliothèque pour chercher une information et celui d'en obtenir instantanément des milliers en appuyant sur quelques touches d'ordinateur.
L'économie considérable des énergies dépensées pour faire fonctionner et contrôler le système marchand, la suppression des inutilités ou des outils de destruction produits pour le faire tourner, multiplieront encore les forces productives d'une société non-marchande. Le but du passage à une autre façon de fonctionner n'étant pas de produire à tout va pour vendre mais de satisfaire les besoins réels de tous dans un objectif commun, la durée du temps de travail nécessaire pour y parvenir s'en trouvera grandement diminuée. A chacun d'utiliser le temps libre qui lui reste comme il l'entend.
Au delà de la critique du système actuel sur laquelle l'activité de la quasi totalité des regroupements s’arrêtent, il est nécessaire de proposer une nouvelle voie. Celle-ci sera, le moment venu, tracée par l'ensemble de l'humanité dans un élan propre à toutes les périodes de grands changements.

19) Un scénario possible.

Aucun bouleversement se fera sans l'intervention directe de la grande masse des populations. Même si une frange proposante est en mesure de tenir le rôle de volant d’entraînement, l'issue du mouvement dépendra de l'action commune.
Le premier tâche consiste en un débroussaillage des idées pour élaborer l'alternative.
Comme pour une réaction chimique, le substrat mis en contact avec son catalyseur provoquera la réaction en chaîne de la transformation attendue. Les populations constituent le substrat, celles des quatre vingt dix neuf pour cent ( 99%) dont les intérêts sont communs. Le catalyseur n'est autre que le niveau de conscience suffisant pour savoir vers où il faut se diriger. Sans doute faudra-t-il aussi un déclencheur imprévisible, les sciences humaines ne sont pas une science exacte.
La propagation des départs de feu constatés récemment dans les pays du Maghreb est rapide et peuvent toucher des millions de personnes en quelques jours. Il s'agit de ne plus étouffer le processus quand il se déclenchera massivement à nouveau.
Les luttes revendicatives ne sont pas une fin en soi. Elles peuvent alimenter d'une part le corporatisme et d'autre part la croyance que la position des dominants est inébranlable. Ces luttes demeurent cependant des situations contenant en germe la remise en cause du système. Elles constituent des prétextes où la réalisation d'une unité solidaire peut se mettre en place. L’extension des luttes à tous les secteurs, la propagation des grèves qui deviennent générale sont alors un tremplin unique pour le passage à une forme nouvelle d'organisation sociale. Mais cette unification des luttes, si elle parvient à se mettre en place, ne peut permettre une avancée progressiste que si elle est considérée comme une très brève étape. Elle doit se poursuivre dans un délai très court par une auto-organisation de tous les secteurs d'activité afin de relancer au plus vite la machine productive en dehors du cadre marchand. Une population privée de nourriture et de moyens de l'acheminer ne peut subsister longtemps. L'urgence est donc, dans un tout premier temps, de distribuer les denrées disponibles et surtout d'établir les liens avec ceux qui sont en mesure de produire la nourriture. Il faut aussi pouvoir la repartir, l'acheminer et la distribuer. Cette deuxième phase peut paraître ardue; elle est pourtant parfaitement réalisable puisque toutes les infrastructures existent déjà, il suffit de les réinvestir de façon différente et directe.
Sans échange marchand, l'argent sous toutes ses formes perd sa valeur. La conséquence quasi immédiate est de priver le système capitaliste de son sang circulant et donc d'en entraîner la mort rapide. L'intervention simultanée d'informaticiens expérimentés, on peut penser déjà aux Anomynous, afin d'effacer toutes traces numériques de comptes bancaires peut être un élément non négligeable de sécurisation du passage de cette étape sans retour possible. Cette phase doit être rapide pour laisser place à la coordination horizontale du monde nouveau où la quantification du travail est abolie.

20) Une goutte d'eau dans l'océan.

Ces réflexions sont une goutte d'eau dans l'océan. Elles envisagent et proposent une voie qui peut paraître ambitieuse mais y en a-t-il d'autres pour éviter la catastrophe ?
A ceux qui les trouveront utopiques, laissons un certain monsieur Alfred Capus répondre "qu'il faut rêver très haut pour ne pas réaliser trop bas"
Croire que l'humain est capable de mettre en place un système social en mesure de concilier liberté , prospérité et justice peut paraître un pari incertain. Mais qui ne parie jamais n'a aucune chance de gagner.
Aujourd'hui il est nécessaire de dépasser le cap de la critique et même de l'indignation. S'il faut savoir ce qu'il faut détruire, nous avons surtout besoin de connaître ce qu'il faut construire.
L'espoir reste que les quelques gouttes d'eau que pour le moment, seuls quelques uns avancent, l'hypothèse d'une société prospère, juste et libre, débarrassée de ce poison mortel qu'est l'argent, se dilueront dans l'océan pour le toucher tout entier et aller vers ce qu'il faut construire.

kuhing
Grèce, Août 2012.

NB: "Homme" employé au sens générique; grammaire française "de France" utilisée pour ne pas surcharger: le lecteur, la lectrice sont en charge de féminiser le texte.

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