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Mécanisme européen de stabilité: Les États sous tutelle financière

category international | Économie | opinion / analyse author Friday May 11, 2012 04:01author by Franz Biberkopf - Alternative Libertaire Report this post to the editors

Le MES consiste en une levée de fonds sur les marchés financiers pour aider un pays membre en difficulté à régler ses créances. En réalité, il participe à réduire davantage la souveraineté des peuples, qui deviennent les otages des États, eux-mêmes toujours davantage sous la coupe des marchés.
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Décidé en Conseil européen en décembre 2010, voté au Parlement européen le 23 mars 2011 et soumis à la ratification des pays membres de l’Union européenne (UE) durant toute l’année 2012, le mécanisme européen de stabilité (MES) est une organisation intergouvernementale dirigée par un Conseil de gouverneurs désigné par les États membres – et dont le siège se trouve comme par hasard à Luxembourg, au cœur d’un des nœuds de la finance mondiale. Le MES devra se substituer d’ici 2013 au Fonds européen de stabilité financière (FESF) – limité à la zone euro – et au Mécanisme européen de stabilité financière (MESF) – limité à l’UE – qui devaient répondre à la crise des dettes souveraines ébranlant la zone euro. Le MES aura comme rôle d’organiser la levée de fonds auprès des marchés financiers pour aider un pays membre en difficulté. D’après les économistes de la Banque centrale européenne (BCE) eux-mêmes, le MES équivaudra à un super-ministère des Finances européennes dont l’indépendance politique le soumettrait à une dépendance complète à l’égard des marchés. Les États membres se verraient contraints de respecter les limites du déficit budgétaire, autant pour disposer de l’aide financière que pour éviter la menace de la mise sous tutelle financière.

En cadeau bonus du MES: le TSCG!

À « gauche », des personnalités aussi diverses qu’Harlem Désir et Alain Lipietz, Pierre Moscovici et Yann Moulier-Boutang, Daniel Cohn-Bendit et Jean-Paul Besset soutiennent le MES sous le prétexte de la solidarité financière européenne afin d’éviter aussi bien l’extension de la crise qui frappe la Grèce que la faillite des banques qui entraînerait une crise systémique. C’est d’ailleurs pour cette raison que 130 député-e-s PS et PRG se sont abstenus lors du vote parlementaire du mardi 21 février, contrairement aux 44 élu-e-s PC, PG, EELV et 16 PS qui ont voté contre. Les 261 député-e-s UMP et Nouveau centre ont évidemment voté d’un même élan pour la « solidarité financière européenne ». Sauf que la solidarité en question se traduit par un déni de démocratie vérifié par l’absence de contrôle parlementaire sur les fonctionnaires du MES qui décideront sans contre-pouvoir de piloter les politiques budgétaires des États adhérents au dispositif. L’accord d’une aide financière sera synonyme de mesures d’austérité, le remède étant pire que le mal. Les conditions de participation à ce fonds sont indexées à l’adoption en 2013 du projet de Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance européenne (TSCG). Ce Pacte budgétaire européen, ratifié par les parlements à partir de mars, prône une « discipline budgétaire » signifiant la mainmise définitive des marchés sur les politiques budgétaires des États, dès lors condamnés à une cure. Cette cure ne sera rien d’autre que du pillage des richesses produites, sous la forme d’un nouveau recul de l’âge de la retraite, de la diminution des salaires et de la réduction des dépenses sociales.

La Grèce, laboratoire de l’ultralibéralisme européen

La Grèce est considérée comme le laboratoire européen de la nouvelle politique économique des États. Le salaire minimum a baissé de 22 %, les retraites de 15 %. Onze millions d’habitants soit 30 % de la population sont en dessous du seuil de pauvreté. Le chômage touche 20 % de la population active et 40 % des jeunes entre 15 et 24 ans. On refuse 30 % des personnes se présentant à l’hôpital. La con-sommation d’héroïne explose (+ 20 %), ainsi que les contaminations au VIH (+ 54 %) et les suicides (+ 40 %). Le doublet MES-TSCG confirme nettement la tendance autoritaire et antidémocratique des recettes néolibérales décidées par la bureaucratie européenne. À l’instar du philosophe slovène Slavoj Zizek, nous pouvons constater que le parlementarisme actuel prépare bien l’avenir à un nouveau totalitarisme.

Franz Biberkopf
Alternative Libertaire

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