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Élections présidentielles: La rupture? Quelle rupture?

category france / belgique / luxembourg | Économie | opinion / analyse author Tuesday April 03, 2012 22:03author by Grégoire Mariman - Alternative Libertaire Report this post to the editors

Sarkozy a révélé le 29 janvier dernier le contenu du nouveau plan d’austérité. La TVA sera rehaussée de 1,6 points, le patronat sera exonéré d’une partie des cotisations sociales familiales, ce qui va plomber la Sécu de 13,2 milliards d’euros de plus, et des accords «compétitivité-emploi» vont être négociés avec pour objectif l’augmentation du temps de travail sans contrepartie.
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Du point de vue des élites libérales, la seule solution pour sortir de la crise en Europe est la «dévaluation interne», c’est-à-dire la baisse généralisée du «coût du travail», afin de retrouver une compétitivité internationale et, donc, les faveurs des marchés. Cette politique n’a pas de limite autre que celle d’un abaissement des salaires au niveau des pays émergents. D’où des attaques extrêmement violentes comme en Grèce, où les salaires ont brutalement été baissés de 22 % le 11 février. La TVA antisociale est donc un avant-goût de ce qui nous attend si Sarkozy est réélu, la nouvelle hausse de la TVA devrait en outre représenter en moyenne 260 euros par an et par ménage d’après le ministère des Finances.

Accord entre PS et UMP sur l’austérité

Mais il ne faudrait pas croire que Hollande est en rupture avec cette politique. Dans une interview donnée au journal anglais The Guardian le 14 février, celui-ci reconnaît ainsi que «la gauche a gouverné pendant 15 ans, pendant lesquels elle a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a pas de crainte à avoir». Nous voilà rassurés!

Il y a donc bien accord sur le fond entre PS et UMP pour mener des politiques de rigueur et parier sur un retour à l’équilibre par l’action éclairée des marchés. Ce pari est risqué pour eux car l’austérité ne peut dans un premier temps qu’amplifier la crise économique, car elle fait baisser la consommation interne, assurée pour moitié par les ménages, et l’investissement. Elle fait donc baisser la croissance, ce qui a déjà eu pour effet la dégradation de la note de la France par deux agences de notations, donc l’augmentation du taux d’intérêt auquel l’Etat emprunte sur les marchés financiers, donc l’accroissement de la dette publique, donc la mise en place de nouvelles mesures d’austérité, etc. L’enjeu pour nos politiciens est donc de tenir assez longtemps face aux révoltes sociales provoquées par ces mesures.

A partir du moment où on accepte le totalitarisme financier, alors on admet la soumission à ses plus fidèles porte-paroles institutionnels (la Banque centrale européenne, la Commission européenne, le FMI, etc.) et donc aux politiques qu’ils préconisent, ce qui laisse au final peu de marges d’action et donc peu de moyens de se distinguer de l’autre candidat. D’où la mise en avant de divergences essentiellement techniques entre Hollande et Sarkozy [1].

De la rigueur à la technocratie

Notons qu’en Italie ou en Grèce, en acceptant le diktat financier et en restreignant le débat aux modalités techniques de l’austérité, les partis « traditionnels » ont creusé leur propre tombe en préparant le terrain à un gouvernement de technocrates en Italie et d’union nationale en Grèce. Le PASOK grec (social-démocrate) est ainsi tombé à 8 % d’intention de votes dans un sondage récent.

On est loin de cette situation en France, pour autant la situation peut évoluer rapidement avec l’amplification de la crise. Il est ainsi inquiétant de constater la progression des idées du Front national. Marine Le Pen est une des seules candidates à se prononcer pour une rupture avec les institutions européennes et le libre-échange, notamment en sortant de l’euro. Il ne s’agit que de poudre aux yeux de la part de cette fervente partisane du libéralisme, pour autant le discours fait mouche auprès d’une partie des classes populaires fatiguées par l’impuissance volontaire du PS et de l’UMP face aux marchés.

Indépendamment du résultat des élections à venir, prévisible dans les grandes lignes, l’avenir dépendra donc de l’émergence d’une force politique capable d’incarner la rupture avec l’ordre existant, et cela autour de perspectives nettement anticapitalistes. Aucune organisation anticapitaliste n’est capable d’incarner une telle force seule aujourd’hui. C’est pourquoi Alternative libertaire propose de construire des fronts anticapitalistes, c’est-à-dire des fronts politiques locaux et nationaux, mettant en débat des revendications de rupture, ancrés dans les luttes et intervenant indépendamment des échéances électorales.

Grégoire Mariman (AL Paris-Sud)


[1] A l’exception des seuls domaines où l’idéologie libérale admet une intervention de l’Etat : les fonctions régaliennes. Ainsi, Sarkozy entend lancer un referendum sur « le droit des étrangers », dans le but de simplifier les expulsions, alors que Hollande propose de leur attribuer le droit de vote aux élections locales.

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