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Discours et faux-semblants: Qui paie leur dette s’appauvrit

category france / belgique / luxembourg | Économie | opinion / analyse author Tuesday November 08, 2011 20:36author by Vincent Nakash - Alternative Libertaire Report this post to the editors

Droite et PS nous assurent qu’on ne peut pas « vivre au-dessus de nos moyens » et qu’il va falloir se serrer la ceinture. En réalité, les travailleurs et les travailleuses ne sont en rien responsables de la dette, et nous devons refuser de la payer.
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Les dettes des États contractées ces dernières années sont l’exemple le plus caricatural de la manière dont les capitalistes et les gouvernements essaient, avec un succès mitigé tellement les ficelles sont grosses, de nous faire croire que cette dette est la nôtre. Il n’a pas échappé à grand monde que le surendettement actuel vient en réalité de l’argent injecté par l’État dans l’économie, ou tout simplement dans le renflouement des banques… à la demande des marchés financiers eux-mêmes, qui aujourd’hui font semblant d’être surpris et scandalisés. Il n’y a pas besoin d’être particulièrement radical pour refuser de céder aux tentatives d’intimidation des marchés via les agences de notation.

Une partie de la gauche, notamment la CGT et le Front de gauche, axe sa critique sur cette partie de la dette et avance l’idée qu’il faudrait évaluer la dette publique pour distinguer la partie illégitime de la dette, qui serait ensuite étalée dans le temps, réduite ou annulée. Cette proposition néglige plusieurs éléments et est largement insuffisante. La question de la dette ne se limite en effet pas à l’actuelle crise, c’est un élément central de la dynamique du capitalisme.

Le capitalisme conduit au surendettement

D’abord, l’état actuel du capitalisme, fondé sur la compression salariale, le moins disant fiscal pour les plus riches et le chômage, conduit aux surendettements des travailleurs ou des États. Dans les pays les plus violemment libéraux – Angleterre, États-Unis – la faiblesse des salaires implique l’endettement des ménages pour soutenir la demande de consommation. Dans les pays sociaux-démocrates, du fait du modèle social, c’est via l’endettement de l’État que le même but est atteint (l’État prenant par exemple en charge une partie des salaires à la place des entreprises via des exonérations de cotisations).

Dans les deux cas, la dette n’est pas due à un excès de dépenses mais bien à des recettes – salaires, impôts – insuffisantes, au refus d’une plus grande redistribution des richesses de la part des capitalistes.

Les États complices du capital

Bref, l’endettement des États est une manière d’éviter de prélever l’impôt sur la bourgeoisie et d’éviter de redistribuer les richesses. Ainsi, si les États se financent via l’endettement sur les marchés, c’est bien parce que leurs gouvernements ont décidé de le faire en décidant, au cours des années 80, de substituer un financement par endettement au financement par l’impôt. En France, la décision a été prise par les socialistes. La dictature des marchés, dont les gouvernements se plaignent si souvent, n’est donc pas due aux seuls marchés mais bien à l’entente mutuelle entre les États et les marchés. Il s’agit plutôt d’une servitude volontaire de la part des Etats. Ainsi, Pierre Bérégovoy dans sa préface du Livre blanc sur le financement de l’économie (1986), pouvait-il écrire fièrement, après avoir expliqué la nécessité de se financer sur les marchés : « L’économie française est désormais soumise à la vérité des taux d’intérêt », avant de chanter les louanges de la rigueur budgétaire qui y est corrélée.

C’est très exactement la même logique qui est aujourd’hui poursuivie dans les plans de rigueur. Ici encore, il s’agit de faire croire que le refus de faire payer les responsables de la crise est motivé par un souci de bonne gestion, en s’abritant derrière les volontés des marchés comme s’ils étaient des phénomènes naturels.

Il n’y a donc pas d’un côté les méchants marchés avides et de l’autre l’État protecteur, les deux avancent main dans la main pour renforcer l’exploitation des travailleurs et des travailleuses.

Refusons la fausse évidence selon laquelle nous vivrions « au-dessus de nos moyens ». Refusons de distinguer une dette illégitime et, donc, une dette légitime. Nous vivons avec beaucoup moins que ce que nous produisons. Refuser de payer la dette dans son intégralité, c’est simplement récupérer une petite partie de l’argent volé.

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