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Haïti, Culture d'Apartheid et Guerre de Basse Intensité

category amérique centrale / caraïbes | impérialisme / guerre | presse non anarchiste author Sunday October 24, 2010 00:49author by Raynal Trouillot - Noneauthor email raynaldotr at yahoo dot frauthor address Rue Grégoire, Pétion-Ville, Haïtiauthor phone 00 (509) 34974239 Report this post to the editors

et si la classe moyenne se mettait du côté du peuple

Application de la guerre de basse intensité en Haïti dans la vie de tous les jours des haïtiens.

Pour un mouvement culturel en Haïti…
Haïti, culture d’apartheid et guerre de basse intensité
… et si la classe moyenne se mettait du côté du peuple…?

Depuis le 7 février 1986, Haïti est systématiquement en proie à des crises:
a) Une crise conjoncturelle qui se traduit selon le contexte, par une crise gouvernementale, une crise parlementaire, une crise alimentaire, une crise énergétique, une crise de confiance etc…;
b) Une crise structurelle qui nous renvoie aux premiers moments de la formation de la nation haïtienne par le choix du système néo colonial;
c) Une crise mondiale nous rappelant que pays colonisateurs et pays néo colonisés ou dépendant font partie d’un seul et même système: l’absorption chez nous de leur surproduction/blocage de notre production nationale, la cherté de la vie due à notre sous production et à l’importation aveugle de produits de toute sorte, la commercialisation des produits usagés (pèpè) réduisant nos artisans au chômage, le chômage des pays du centre résorbé par les pays périphériques notemment à travers le choix des projets en fonction des besoins du pays prêteur, l’envoi d’experts etc…

Sous une double domination bourgeoise et impérialiste, liée aux grands propriétaires terriens, la population haïtienne subit une guerre de façon permanente: une guerre dite de basse intensité.

C’est une guerre menée par des pays se disant généralement grand amis de pays néo colonisés ou dépendants, une guerre totale s’insinuant dans tous les aspects de la vie d’un peuple, et qui par le fait d’être non déclarée, a un aspect psychologique lui donnant un cachet particulier.
Pour que cette guerre soit une réussite, un certain nombre de politiciens autochtones en sont acteurs et/ou complices, appliquant des politiques de trahison nationale avec l’accord des classes dominantes…

Disons en passant que la guerre de basse intensité, par ses actions néfastes dans cette période soit disant démocratique, devrait faire l’objet de débats, entre citoyens conscients…; ceci permettrait de se rendre compte des problèmes que le pays continue a confronter, de dépasser les obsessions Duvalier/Aristide, qui focalisent les esprits et de chercher des solutions pour l’avenir…

I- Au niveau National
Le Culturel

A- Une guerre au niveau culturel:
- La culture de la majorité des gens du pays est mise au rancart, au profit de la culture d’une minorité au pouvoir;
- Le système éducatif est un système de monopole et d’exclusion encourageant élèves / étudiants des classes défavorisées à privilégier notes et diplômes au détriment de la connaissance; c’est un système qui se caractérise par la contradiction travail intellectuel /travail manuel, la contradiction théorique/pratique, la domination de la langue française sur la langue nationale du pays…
- L’insuffisance de loisirs pour une bonne partie de la population, loisir qui devrait être permanent, diversifié, créatif, dans une ambiance de bonne détente;
- Pour les classes dominantes, la culture de la majorité de la population se résume à des fins commerciales et touristiques; ce culturel dans son fonctionnement de tous les jours ne recueille de la part de ces même classes dominantes que mépris ou indifférence affichée; or, il ne peut exister de développement dans un pays sans le culturel de la majorité de la population et sans cette population qui en est le vecteur…;
- Les programmes de radio, de télévision charrient des émissions favorisant souvent l’aliénation culturelle au niveau des masses populaires ou l’acculturation au niveau des classes moyennes;
- La classe dominante à travers l'État, instrument de sa classe, utilise systématiquement la musique et le sport (le football surtout) comme défoulement, pour canaliser l’énergie des citoyens du pays, et diminuer ainsi leur agressivité en matière de revendications.

B- Une guerre au niveau scientifique et technologique:
- Dans les pays sous développés, sous la double domination bourgeoise et impérialiste, c’est le transfert de machines qui est préféré au transfert de technologie;
- Dans le cadre de la division internationale du travail, la politique néo libérale adoptée par nos dirigeants va à l’encontre de toute politique énergétique au niveau production; cette politique néo libérale d’ailleurs stipule le rejet de toute politique de production nationale;
Notons que dans un pays comme l’Iran ayant déjà un certain niveau de développement et ou est implantée une bourgeoisie nationale, il est interdit a cette bourgeoisie d’avoir l’énergie nucléaire, freinant par là les possibilités de développement du pays;
- Dans les pays colonisés ou dépendants, la faiblesse intentionnelle d’une politique énergétique rend le pays dépendant de solutions individuelles: groupes électrogènes, génératrices, inverter; une solution onéreuse à cause des coûts de production, des salaires des ouvriers nécessairement bas que cela entraine et l’incapacité pour une véritable perspective de développement, qui contredit les promesses et la propagande gouvernementale;
- Depuis l’utilisation du courant électrique dans le culturel haïtien, au début du 20è siècle, la bourgeoisie, l’impérialiste, les grands propriétaires terriens se sont toujours arrangés pour que la production nationale agricole et agro industrielle ne puissent en profiter. Par exemple, des milliers de poteaux sortis de Péligre traversent l’Artibonite et d’autres lieux de production pour alimenter Port-au-Prince et ses environs. La consommation est priorisée par rapport à la production; or c’est la production qui crée des richesses tandis que la consommation se fait à perte.
- Impossible accès de la population au courant électrique au moment d’évènements graves comme dans le cas d’une commotion sociale par exemple;
Notons que dans le réseau électrique, le courant est souvent sujet à des variations menant à la destruction du matériel électrique…
- La plupart de techniciens formés dans les écoles professionnelles en Haïti n’ont pas d’autre choix que de partir pour l’étranger (exode des cerveaux du pays).

C- Une guerre au niveau administratif
- La centralisation administrative est planifiée dans des villes de province et surtout dans Port-au-Prince jusqu’à saturation; aujourd’hui la décentralisaton devient une urgence, mais c’est plutôt la déconcentration qui est organisée par les instances étatiques, gouvernementales, montrant la mauvaise foi de nos dirigeants;
- Ces instances parlent tout le temps de décentralisation comme une preuve de leur bonne intention, tout en sachant pertinnement que cette décentralisation ne peut se faire, vu qu’elle va à l’encontre de leur politique néo coloniale et de surcroit néo libérale d’aujourd’hui qui ne tolèrent que la centralisation;
- Licenciements massifs au sein de l’administration publique;
- Les départs volontaires ou forcés d’employés et de fonctionnaires de l’État au lendemain du 7 février n’ont rien changé à la qualité de service à laquelle la population était supposée s’attendre;
- La corruption dans le mouvement lavalas à travers une clientèle de petites gens, d’éléments de la classe moyenne qui ne conçoivent la politique que dans ce sens: avoir un morceau de pouvoir pour mieux se faire dans l’illégalité…;
- Lenteurs et dysfonctionnement de l’administration publique au niveau des services; manque de visibilité dans le processus, façon assez courante de permettre aux “racketeurs” de rançonner le contribuable en complicité avec les employés de l’institution et l’institution elle-même;
Ce mécanisme de corruption est lié au degré de chômage élevé existant, et tributaire de l'État, plus grand employeur dans le pays;

D- Une guerre au niveau environnemental
- Les effets de la déforestation du pays c’est-à-dire l’érosion et la réduction des espèces végétales et animales plus que jamais se font sentir; les classes dominantes forcent la paysannerie pauvre à détruire son propre environnement en la maintenant dans des conditions de vie précaires;
- Les déchets toxiques déposés aux Gonaïves moyennant pot de vin sous la présidence du général Nanphy: il a fallu des mois de mobilisation populaire et de tractations pour faire enlever cet fatras empoisonné;
- Le fatras dans la rue a servi et sert assez souvent d’arme à l’opposition pour nuire au pouvoir; cela s’est fait au détriment de la population, du sous prolétariat en particulier qui n’a que la rue pour fonctionner;
- L’état lamentable des marchés dans le pays, particulièrement dans les villes, et surtout dans Port-au-Prince, marchés sans infrastructure, sans eau et sans entretien véritable, reflète le peu de souci des dirigeants pour la santé de la population;
Il fut un temps ou un service d’hygiène fonctionnait, et que les classes dominantes s’approvisonnaient également au marché comme les autres classes sociales; par la suite avec la construction d’épiceries, de “markets” qui ont absorbé la clientèle bourgeoise, ce service a tout bonnement été négligé puis éliminé…
- L’achat de gasoline de qualité inférieure durant les trois ans de coup d’état sous le premier mandat du président Aristide a occasionné des pertes en vies humaines à cause des gaz d’échappement des véhicules particulièrement durant les embouteillages…
- L’utilisation de gaz lacrymogène par les anciennes et les nouvelles forces répressives du pays a fait également des victimes…
- Aucune mesure n’est prise par les pouvoirs publics en vue de diminuer le nombre de décibels généré par les musiques, les annonces publicitaires, les avertisseurs, les systèmes d’alarme qui transforment la rue en un enfer bruyant…

L’Économique


A- Une guerre économique, financière, monétaire:
- La dictature économique est exercée directement par les classes dominantes et les “grands amis d’Haïti”;
- L’application des politiques néo libérales dans le pays a commencé déjà sous la présidence de Jean-Claude Duvalier;
- La destruction des cochons créoles, caisse d’épargne de la paysannerie du pays;
- La dépossession de terres dans la paysannerie pauvre du pays;
- L’asphyxsie de la production nationale suite à l’entrée sans contrôle sur le territoire de produits d’importation concurents;
- La vente ou encouragement à la vente de marchandises usagés (pèpè) touchant pratiquement tous les secteurs (vêtements, souliers, mobilier, ustensiles de cuisine, nourriture etc…), destinés à la population défavorisée, en vue de maintenir les bas salaires dans le pays;
- La faible circulation monétaire dans l’en dehors;
- Sous Duvalier l’accumulation des capitaux demeurait impossible du fait que l’argent servait entre autres au paiement des troupes au service de la dictature; dans la période de transition la situation n’a pas changé:
- L’application de la politique néo libérale, imposant l’arrêt de la production, la privatisation (vente des entreprises de l’Etat par exemple);
- L’économie nationale piégée par des opérations de dumping (le riz national par exemple concurrencé par le riz venant de Miami);
- La dévaluation de la gourde et le pays faisant des efforts surhumains pour payer sa dette, ce qui l’empêche d’accumuler du capital;
- Sous prétexte de sanctionner un gouvernement, un ambargo a été décrété par la communauté internationale contre les masses populaires durant les années 90;
- La notion du mot "travail" n’est pas prise en grande considération et dans une atmosphère de vol, de rapine, de rançonnement, la spéculation a la priorité.
- Le revirement réformiste du programme économique des gouvernements lavalas dans des politiques de trahison nationale;
- Les gouvernements lavalas et de transition, tout au long de leur histoire, se sont arrangés pour mettre en vente des entreprises de l’État;
- Le système des impôts et des taxations pèse lourdement sur le épaules de la population à travers l’élargissement de l’assiette fiscale sous forme non visible d’accumulation de taxes indirectes pour un même produit (taxes sur la production, taxes sur la distribution, taxes sur la consommation);
• Le secteur dit informel, en grossissant à toute vitesse, prend de l’extension; c’est en général une armée de petits marchands que la bourgeoisie ou les grossistes ont à leur disposition et qui occupent les trottoirs et les rues de Port-au-Prince et de ses environs;
- Ces petits marchands proviennent de la destruction de l’économie de l’en dehors, destruction liée à la centralisation sur Port-au-Prince, à la politique néo libérale, ce qui a comme conséquence la multiplication de bidonvilles, la dégradation de l’environnement et l’agravation de l’insalubrité;
- On retrouve ces déracinés transformés en sous prolétariat dans les rues faute d’avoir pu être absorbés par les industries et ateliers d’assemblage des villes; ce sont des chomeurs permanents, armée de réserve du système permettant au patron de faire pression sur les travailleurs.
- Un grand nombre d’entre eux provient des maisons des quartiers résidentiels où ils font un travail temporaire de deux ou trois mois pour se constituer un fonds de commerce;
- Les zones éloignées des villes du pays, qui se trouvent dans l’impossibilité d’envoyer leur récoltes aux consommateurs par manque de voies d’accès et dont les produits pourrissent sur place...
- Avec la disparition des Forces Armées d’Haïti et des tontons macoutes, bras armé de la bourgeoisie, celle-ci prend prétexte de l’insécurité, exprime sa peur d’investir dans la production et demande des garanties; aujourd’hui, malgré la présence des corps de la Police Nationale d’Haïti et des forces d’occupation, les classes dominantes n’investissent toujours pas, car en fait c’est une bourgeoisie marchande, désintéressée à investir dans la production nationale;
- Tentative d’introduire des semences de maïs génétiquement modifiés dans le milieu paysan dans le cadre d’un programme d’aide; 10 000 paysans se mobilisent pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis de l’état qui ne les protège pas;

B- Une guerre au niveau social et démographique:
- Le néo libéralisme va de pair avec le chômage: chômage déguisé et chômage absolu;
- L’espace rural se vide; l’émigration accéléré se fait vers les villes, et particulièrement Port-au-Prince;
- La bidonvilisation s’accélère dans les villes par l’augmentation d’un sous prolétariat dans la démesure;
- Les jeunes de la paysannerie pauvre et du prolétariat sont à la dérive: renforcement de l’exclusion, et augmentation des gens qui expriment leur mécontement, leur grogne, leur rancoeur;
- Assez souvent il se répète dans la population, que la femme du peuple est rendue stérile par l’autorité médicale sans son consentement;
- Le souci des dirigeants colonialistes et colonisateurs d’empêcher la classe moyenne de se souder au peuple, à travers le maintien d’un système d’apartheid: centralisation à outrance, préjugés linguistiques, séparation travail manuel et intellectuel, attitude anti paysanne, racistes; le paysan campé dans des sketch, dans des pièces de théatre comme un personnage grotesque et stupide servant à alimenter les préjugés, particulièrement ceux de la petite bourgeoisie etc…
- Il y a même une politique d’émmigration dans les ambassades américaine et canadienne concernant des éléments de la classe moyenne, manipulation pour éviter les tensions venant des revendications et les remises en question du système…
- L’éclatement de la cellule familiale n’est plus uniquement un problème de la paysannerie pauvre du pays, car la classe moyenne en fait les frais maintenant; perdue dans ses préjugés, son racisme et ses illusions, cette classe intermédiaire ne comprend pas encore la nécessité de s’allier à la paysannerie dans un front commun contre un système qui se sert d’elle pour maintenir le néo colonialisme;
- Avec la réduction du pouvoir d’achat entrainant la baisse du niveau de vie des individus dans la société, les rapports sociaux se dégradent entre père et mère, entre parents et enfants, entre voisins etc…;
- Souvent, il y a distribution gratuite de drogue dans une zone du pays; l’intention est de créer une accoutumance avec pour objectif: d’ouvrir un marché, de démobiliser, d’abrutir, d’éveiller la suspiscion des autres vis-à-vis du présumé consommateur, de discréditer;
- Inégalité entre hommes / femmes: le sexisme et le féminisme sont encouragés;
- L’augmentation du travail des femmes avec la multiplication des familles monoparentales;
- Abscence de crèches pour les enfants de la classe des travailleurs (maternelle ou kindergarten);
- La nourriture dans les pays sous développés c’est-à-dire sous domination bourgeoise et impérialiste est une arme. Cette arme est connue sous l’appellation d’arme alimentaire, dont l’utilisation va à l’encontre de tout respect humain, de toute dignité: en Haïti, il y a dépendance alimentaire d’une bonne partie de la population; nous savons bien qu’il ne s’agit pas d’une fatalité mais d’un choix politique, le choix du néo libéralisme…
- Emigration accéléré d’haïtiens vers les Etats-Unis, surtout après chaque coup d’état et ce sont des milliers et des milliers d’haïtiens en situation irrégulière que la bourgeoisie américaine maintient en otage, refusant de normaliser leur cas pour mieux les exploiter;
- L’impérialisme et la bourgeoisie du pays, pour faire du profit, modifient les habitudes alimentaires de la masse des travailleurs et surtout celles des classes moyennes avec des produits sans valeur nutritive qui font la concurrence aux produits locaux et mènent à leur disparition;
- Dans le cadre d’un système tendant plus que jamais à déshumaniser l’homme, les femmes vont jusqu’à s’injecter des produits vétérinaires destinés à faire grossir les porcs, moyen de se gonfler les fesses pour séduire les hommes;
- La fabrication de produits néfastes pour la santé, utilisés par des femmes et des hommes pour s’éclaircir la peau et paraitre plus “attrayant”, compte tenu des préjugés de couleur qui affectent la société et les personnes en cause;
- Le SIDA: il sert de régulateur démographique dans le sens des intérêts des classes dominantes d’un petit groupe de pays colonisateurs vis-à-vis des pays colonisés, ainsi que des travailleurs dans le monde;
- L’État haïtien, instrument de classe d'une petite minorité égoïste, fait voir à la population la nécessité du planning, ce qui est juste mais en faisant aussi croire que beaucoup d’enfants sont la cause fondamentale de leur propre misère, ce qui permet de cacher que les choix économiques des gouvernements sont en fait à la base de cette misère;
- Le mépris, la haine, l’amertume paraissent de plus en plus sur les visages; des réglements de compte sont légions dans la société…

C- Une guerre au niveau psychologique:
- Les plans de parainnage sont légions: assistanat, mendicité entrainant une perte de fierté, une déhumanisation, la population vit au jour le jour entrainant un souci et une obsession de lendemains incertains;
- Les ONG et les Fondations développent une mentalité de mendicité et de dépendance dans la population, allant à l’encontre de l’idée que “le travail” est source de richesse; en effet, c’est par le travail que l’homme évolue, s’épanouit, se fortifie;
- Les sentiments d’infériorité sont encouragés de façon insidieuse, dans un pays où les besoins et l’opinion de l’étranger comptent avant les besoins et l’opinion des haïtiens eux-même.
- L’habitude de maintenir la population en attente à travers des promesses sans lendemain, toujours renouvelées;
Les nerfs de la population sont à vif, dans des périodes ou l’électricité n’est pas distribuée pour différentes raisons:
- Pour empêcher que l’information ne circule dans Port-au-Prince, dans les villes, l’en dehors étant en permanence sans courant:
- Pour raccourcir les journées de travail et inciter les gens à dormir plus tôt;
- Par négligence ou laisser aller durant les périodes électorales, les changements de personnel des classes dominantes, traduisant ainsi le manque d’intérêt des sortants;
- Durant la rentrée des classes ou tout devient cher, avec la hausse des prix;
D’autres facteurs contribuent à irriter la population:
- L’attitude sans vergogne des classes dominantes s’achetant des voitures à des prix exhorbitants à un moment ou rien ne vas plus au niveau économique, social et politique; sous le gouvernement de facto issu du coup d’état du 30 septembre 1991 par exemple, un de ces modèles de voiture portait même le nom de “agase pèp”;
- Les descentes de police dans les rues à l’époque de la rentrée des classes ou des fêtes de fin d’année qui s’emparent des articles ou produits des marchandes pour leur propre besoin; sous prétexe de discipline et d’ordre, le fonctionnement de la police est celui d’un voleur de grand chemin qui pille dans une atmosphère de rapine, vole et fait de la répression;
- Le fait qu’un cadavre reste étalé durant plusieurs heures dans la rue et que les instances concernées tardent à l’enlever, surtout si cette personne est d’origine humble.
Dans les périodes de commotion sociale, un cadavre dans la rue peut être interprété comme une tentative d’intimidation et provoquer la peur;
- Manipulation d’informations ayant un caractère alarmiste en rapport avec les secousses sismiques et la météologie;
- Beaucoup de gens tombent dans la déprime, le stress et sont sujets à des maladies de toutes sortes dans les pays colonisés, pays dépendants comme Haïti, et nous pouvons comprendre pourquoi. De voir après cinq siècles de capitalisme et avec le poids du système, que ce sont, des criminels, des boycotteurs, anciens et nouveaux colonisateurs, maitres de la démocratie formelle, qui parlent de démocratie, de morale et s’arrogent le droit de faire aux autres la leçon...

Le politique

A- Une guerre au niveau politique, militaire et géographique:
- Dans le pays, il y a trois formes de dictature politique: la dictature personnelle, à l’image d’un François Duvalier pouvant se transformer en dictature militaire ou en dictature “lese grennen” (laisser faire) à l’image d’un Pétion ou d’un Boyer;
- Durant la période dite “processus démocratique” deux attitudes ont cours dans les gouvernements de cette période: la perpétration de plus d’une vingtaine de massacres dans certaines conjonctures contre la population, tandis que dans d’autres conjonctures cela a abouti, en un semblant de rapprochement visant à discréditer les organisations populaires;
- De nouvelles équipes gouvernementales remplacent les anciennes, en entrant dans un processus déjà tracé du dehors; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la plupart des candidats n’ont pas de programme, dans l’attente qu’ils sont de photocopies de programmes venant de la communauté internationale;
- Recrutement d’éléments de la gauche dans le secteur des ONG, permettant leur contrôle et de grandes possibilités de déviation;
- Pluralisme démocratique encore en faveur des classes dominantes; un ramassis de politiciens de tout accabit navigue dans le sillage des classes dominantes et de l’impérialisme pour assurer le statut quo et se mettre au service de ces descendants de la flibuste.
- Les reflexes de la petite bourgeoisie lavalasienne et ceux de la petite bourgeoisie duvaliériste se ressemblent par leur individualisme, leur opportunisme; leurs pratiques politiques sont complémentaires influencées qu’elles sont par le changement de conjoncture qui passe de l’étatisation à la privatisation: dénonciation pour le premier, diffamation pour le second par exemple…
- Le nouveau personnel politique est constitué de vendeurs de patrie qui en remplaçent d’autres; le nationalisme de Duvalier, n’était que de façade… C’est sous le régime de Duvalier que l’impérialisme a implanté les industries de sous traitance et c’est encore sous ce même régime que l’impérialisme a ordonné la destruction des cochons créoles de la paysannerie, deux des étapes de l’application de la politique néo libérale dans le pays;
- La réparation en faveur des victimes des trois ans du coup d’état s’est révélé une tromperie; elle constitue une de ces formes de manipulation visant à mettre plein de gens en attente et les mieux controler;
- Insécurité sous forme de répression indirecte, d’intimidation. L’état néo colonial utilise le phénomène “zenglendo” comme forme camouflée de terrorisme d’état pour semer la peur, provoquer le stress et porter les plus hardis des citoyens à se replier sur eux-mêmes;
- Augmentation de l’insécurité souvent à l’occasion de la rentrée des classes, des joutes électorales ou de la fin du mandat de la Minustah par exemple;
- L’insécurité est un instrument entre les mains des classes dominantes, et dans celles de l’impérialisme principalement américain, notemment à travers le maintien de la centralisation, le blocage des forces productives, la marginalisation du culturel de la majorité de la population;
- La répression directe par les S.I.M.O, les Swat Team face aux revendications populaires…
- Les manifestations-bidon de même que les opérations de kidnapping sont organisés de manière à mettre le doute et la confusion dans le camp des classes populaires…

• L’inégalité sociale est la règle, en ayant pour conséquence, l’écart qui s’agrandit:
- Entre l’en-dehors et les villes de province;
- Entre Port-au-Prince et les villes de province;
- Entre Port-au-Prince et l’en-dehors;

B- Une guerre au niveau juridique:
- Le système judiciaire est francophone (code Napoléon) dans un pays à majorité créolophone, et est donc adapté aux besoins d’une petite minorité; il devrait être totalement revisé et accordé aux besoins de justice de la majorité de la population;
- Le processus et les procédures judiciaires sont complexes, manquent de clarté, font perdre du temps et la population a des difficultés à accéder à ces services;
- Durant la colonisation française, le colon marquait l’esclave d’une étampe comme on le faisait pour les animaux;
Après l’indépendance, cette tradition est devenu plus subtile; les classes dominantes à travers l'église et l’appareil judiciaire dotaient les citoyens appartenant à la paysannerie d’un acte de naissance “paysan” ou les affublaient de noms avec des terminaisons en «ius» par exemple comme Elius, Kajus etc pour bien les cataloguer dans l’échelle sociale;

C- Une guerre au niveau idéologique:
• Les réflexions qui reviennent constemment dans les médias tendent à faire croire que “l’Etat n’existe pas” ou que “l’Etat ne fait rien”; en fait l’Etat existe bel et bien à travers ses choix et ses mesures néo libérales, anti nationales, à l’encontre des intérêts de tout un pays: destruction des cochons créoles, vente des entreprises de l’Etat, acceptation de semences OGM sur le territoire, blocage des forces productives au niveau de l’agriculture et de l’industrie, choix d’un fonctionnement énergétique bas dicté par l’extérieur etc…
- Les classes dominantes ont toujours caché que la démocratie et la dictature dans une société à classe, étaient les faces différentes d’un même processus: depuis 1804 (début de la période haïtienne), ce sont la classe bourgeoise et les grands propriétaires terriens qui bénéficient des avantages de la démocratie bourgeoise et la masse des travailleurs est sous le joug de la dictature... avec une bonne partie de la classe moyenne...
- Les dirigeants des services publics ne prennent pas la peine d’informer la population des problèmes du pays: le programme de distribution du courant parait inexistant et le rationnement aléatoire; les dirigeants ne prennent pas la peine d’informer la population de la teneur et des conditions imposées lors de la signature des contrats de projet; très souvent même, de hauts responsables du gouvernement font des déclarations à l’étranger sur des sujets nationaux, alors que la population du pays est dans l’ignorance du fait;
- Les “experts” et des magouilleurs dans tous les domaines monopolisent la parole et apparaissent comme seuls détenteurs de la vérité;
- Face à l'état du pays, la bourgeoisie ou les gens de la classe moyenne se dédouanent en avancant que: “le pays n'a pas d'argent” ou encore “le pays est jeune”, “la démocratie est jeune”, “nous avons fait des erreurs” etc... Et de prendre l’air de déplorer la misère de la masse des travailleurs qu’ils continuent en fait tranquillement d’exploiter...
- Détournement de l’attention des gens sur des problèmes secondaires au détriment des problèmes fondamentaux et globaux;
- La classe des exploiteurs nationaux et étrangers fait exprès de confondre réforme agraire / réforme foncière.
- Les dirigeants du pays personnalisent les problèmes, en désignant des boucs émissaires en leur sein, pour ne pas remettre en question le système qui exige régulièrement un renouvellement de personnel remplacant l’ancien, façon de cacher le rôle similaire que joue ce personnel nouveau au service de la bourgeoisie et des grand propriétaires terriens;
- De fausses rumeurs venant de l’extrême droite dans la petite bourgeoisie, connue pour son illétrisme, font croire que c’est la gauche qui est au pouvoir et que cette gauche récolte des avantages politiques personnels à moyen ou à long terme;

• Les politiciens parlent à la masse des travailleurs sur un ton infantilisant;
- C'est encore le blanc-colonisateur qui vient apprendre aux colonisés les règles de “sa démocratie” dans les séminaires, les ateliers de formation et dans les causeries ...
- La classe des exploiteurs utilise le chantage pour encourager la réconciliation avec des assassins endurcis en prétextant qu’il faut une atmosphère de paix pour que l'étranger vienne investir dans le pays;
- De faux espoirs sont donnés périodiquement à la population, aboutissant à des échecs justifiés par la fatalité;

II- Au niveau international

Guerre de basse intensité – envoi de troupes coloniales en Haïti: un support des “grands amis d’Haïti” pour maintenir le statut quo contre un pays tout entier
a) Vérité à ne pas oublier, il n’y a pas de capitalisme sans colonies, pas de colonies sans le capitalisme; que nous apporte cette mondialisation:
• La domination: imposition, contrôle, sanctions, ambargo contre les dirigeants nous dit on, mais en fait contre tout un peuple, contre tout un pays...
• L’exploitation: mainmise sur les ressources des pays colonisés ou dépendants…
• L’utilisation de la petite bourgeoisie intellectuelle du pays comme rempart contre le peuple haitien et contre le pays tout entier;
• Un ensemble de barrières au niveau du pays, au niveau des individus dressé par le colonisateur: difficulté de trouver des prêts bancaires, d’obtenir un visa, disparité des salaires, refoulement, rapatriement vers le pays d’origine, mépris, racisme, utilisation du virus de la division…
• Des gestes obligés, cyniques: dettes dites éliminées, promesses sans fin renouvellées, emploi de la chirurgie de guerre, aides empoisonnées comme les produits OGM, aides humanitaires données au compte-goutte, non pour résoudre les problèmes de la population mais juste pour assurer sa survie, jouer à volonté avec l’intelligence du peuple haïtien…
• Rumeur d’utilisation d’une arme à onde électromagnétique par les américains ayant provoqué le tremblement de terre de janvier 2010 en Haïti; débarquement de troupes américaines à la vitesse de l’éclair bloquant du même coup l’atterrissage de secouristes venant d’autres pays;
• Des politiques de trahison nationale et le refus aux peuples de leur droit à l’autodétermination;
• Des récompenses pour loyaux services, à une certaine catégorie de la petite bourgeoisie du pays: primes, distinctions, prix littéraires, notes de bonnes conduites, prix nobel, voyages, séjour à l’étranger, croisière etc…
• Des étiquettes à n’en plus finir utilisées comme forme d’intimidation: communiste, terroriste, état voyou, “ratpakaka”, “kokorat”, “dealer” de drogue etc…
• Du dénigrement, du discrédit à connotation raciste (quatre H, incapacité pour des dirigeants de s’entendre, de gouverner, accusations de toute sorte, méfiance, narco état, arme de destruction massive, cas particulier de vol ou d’assassinat généralisé retombant sur toute une communauté et autres exagérations, recherche de sensationalisme à travers la diffusion d’images arriérées du pays);
Constat: il y a exploitation et domination des classes dominantes d’un petit groupe de pays riches au niveau international:
b) Mondialisation (repartage du monde entre les puissances coloniales) dans un processus de:
• Colonisation directe: colonisation esclavagiste, 1492 – 1804;
• Colonisation indirecte: néocolonialisme; colonisation sur la base du culturel des pays colonisés ou dépendants avec l’appui d’autochtones,1804 – 2010;
- Etatisation ou l’État providence
- Privatisation ou déresponsabilisation de l’État: ajustement structurel, privatisation camouflée ou déclarée, néo libéralisme; un choix contre le peuple, contre tout un pays…

c) Les institutions internationales anti-démocratiques et complices:
• La Banque Mondiale, le FMI, l’OMC…
• La FAO, L’UNICEF, L’ONU, L’OTAN etc…;
• Les ONG et autres organismes internationaux;
• La Cour Internationale de la Haye;
• Certaines agences de presse internationales
Nécessité de la transformation, de la démocratisation et de la socialisation de ces institutions internationales face à un monde composé au deux tiers de pays dans la pauvreté…
d) Démocratisation de la langue française;
e) Élimination des inégalités sociales, des discriminations, des préjugés raciaux et de couleurs, des préjugés intellectuels, alimentaires, sexistes etc…;
f) Les bases militaires à travers le monde n’ont plus de raison d’être; promouvoir leur leur élimination;
g) Afin de rendre sa présence acceptable, l’occupant fait de la propagande pour ses travaux de restauration de l’infrastructure défaillante du pays: écoles, hôpitaux, ponts etc...
Ainsi nous venons de voir ce qu’est la guerre de basse intensité en Haïti. Celui qui en fait les frais, c’est le peuple haïtien: la paysannerie, la classe ouvrière embryonnaire ainsi que sa réserve, le sous-prolétariat qui occupe non seulement les alentours de la capitale mais aussi les rues commerciales jusqu’aux places publiques après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Mais ils ne sont pas aujourd’hui les seuls à être victimes de ce système d’apartheid qui a plus de deux siècles d’existence; il y a un nombre incalculable d’éléments de la classe moyenne et même de la bourgeoisie, qui n’arrive pas à appréhender la dynamique de la société. Ils sont victimes tout aussi bien de catastrophes naturelles que de catastrophes sociales, et ils sont dans l’impossibilité d’analyser, de comprendre. Eux tous ont intérêt de cesser leur fuite en avant, de mettre un bemol à leurs préjugés de classe, leurs préjugés de couleur, préjugés intellectuels, linguistiques, alimentaires et autres, pour se mettre du côté du peuple, afin de trouver de nouvelles voies, de nouveaux horizons et doter le pays de voies et moyens pour arriver à l’autodétermination et à l’autosuffisance alimentaire.

Raynal Trouillot

Octobre 2010

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