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Haïti : Quand l'aide humanitaire camoufle une occupation militaire

category amérique centrale / caraïbes | impérialisme / guerre | opinion / analyse author Tuesday March 09, 2010 10:30author by Cause commune - Union communiste libertaire Segnalare questo messaggio alla redazione

Un texte du numéro 27 du journal Cause commune

Plus d'un mois s'est écoulé depuis ce séisme qui, selon les bilans actuels, aurait fait plus de 1,2 million de sans-abri et près de 300 000 disparu-e-s, soit 3,3 % de la population. Malgré l'apparente solidarité internationale, la terrible catastrophe haïtienne camoufle une occupation militaire sans précédent du pays.

Alors que les médias délaissent tranquillement le dossier afin de retourner à des sujets « plus vendeurs », une guerre silencieuse pour la prise de possession des ressources naturelles et de la reconstruction fait rage sur la petite île.

La première réponse à cette crise fut l'envoi de 20 000 soldats états-uniens et d'une armada de navires - dont un porte-avion nucléaire ! - afin d'occuper rapidement les points névralgiques du pays, dont l'aéroport de Port-au-Prince, provoquant ainsi le blocus de l'entrée de vivres et de médicaments. Afin de tirer un bénéfice maximal de ces nouveaux marchés, 13 000 soldats des États-Unis, plus de 10 000 soldats étrangers et 3 000 policiers de l'ONU occupent le pays … et risquent d'y demeurer encore longtemps.

De manière générale, l'opinion publique considère que la pauvreté du pays réside dans sa vocation essentiellement agricole. Pourtant, Haïti recèle de très intéressants gisements de substances minérales de grande valeur économique. Il faut se rappeler qu'à l'origine cette île fut exploitée principalement pour ses ressources en or. Cette exploitation abusive n'a vraiment cessé qu'à l'épuisement des sites aurifères en surface. Depuis lors, l'activité minière dans la partie occidentale de l'île d'Haïti a connu une décroissance (1).

Cinq siècles de génocide…
L’'île d'Hispaniola, nommée ainsi lors de sa découverte par Colomb en 1492, était habitée à ce moment par 400-500 000 autochtones qui eux la nommaient Ayiti. Colomb, après la découverte de gisements d'or, y établit une colonie reposant sur la brutalité, le vol, le pillage et le génocide des autochtones habitant l'île. En 1519, la population, décimée par l'effroyable brutalité espagnole, la famine et les épidémies, est estimée à 3000 personnes. Afin de remplacer les esclaves autochtones dans les mines, on achemine des esclaves du continent africain. La partie ouest d'Hispaniola (Haïti), qui est vite dépourvue de minerai, est rapidement abandonnée par les Espagnols.

Assurant le relai des Espagnols, la France prend possession de l'île et amorce, grâce aux 30 000 esclaves africains amenés de force chaque année, à cultiver la canne à sucre et l'indigo. En 1697, la France devient officiellement souveraine de cette partie de l'île et la renomme St-Domingue. Après une guerre de libération sous le commandement de Toussaint L'Ouverture et des « républicains noirs », l'île proclame son indépendance en 1804 et est renommée Haïti (2). En 1825, par la force, la France oblige Haïti à rembourser pour dédommagement l'équivalent actuel de 45 milliards de dollars, dont le remboursement ne sera complété qu'en 1972 (3).

Une odeur de pétrole
Pour de nombreux observateurs haïtiens, l'aide américaine n'est pas le résultat d'un quelconque sentiment humanitaire, mais bien celui d'une stratégie militaire. Un sismologue haïtien, Daniel Mathurin, déclarait en 2008 qu'une vingtaine de sites pétrolifères ont été découverts à Haïti. Selon lui, ces réserves seraient beaucoup plus importantes que celles du Venezuela (4). Bref, une réserve pétrolière stratégique dans la cour arrière des États-Unis. Les élites politiques du pays savent d'ailleurs depuis les années 1950 que Port-au-Prince est situé sur un gigantesque puits de pétrole dont le gouvernement américain avait formellement exigé l'arrêt des forages. Maintenant que la ville n'est que décombres et que la population fuit la capitale, il est beaucoup plus aisé pour l'Oncle Sam, sous couvert de reconstruction, d'entamer des travaux de forages d'envergure sans alarmer la communauté internationale. D'où la nécessité d'une démonstration de force pour que les « concurrents » internationaux et les Haïtiens qui pourraient avoir la mauvaise idée de résister au pillage de ces richesses comprennent bien le message. Des travaux de reconstruction aux frais du gouvernement haïtien sous forme de prêt seront d'ailleurs effectués en échange de ressources énergétiques (5). Un « pétrole contre nourriture » nouveau genre…

Les intérêts canadiens
Le Canada, en tant qu'allié des É.-U., attend son accord afin d'entrer en force pour protéger ses intérêts économiques. Nul doute que les privilèges canadiens acquis par ses forces policières et militaires occupant officieusement le pays depuis 2004 (sous l'égide des Nations Unies), seront obstinément défendus par notre gouvernement. Déjà, cette occupation a permis l'exploration minière intensive par plusieurs compagnies minières canadiennes - dont les Montréalaises SIMACT et Majescor - qui ont découvert des gisements importants d'or et de cuivre dans le nord-est d'Haïti (6). Par ailleurs, selon des données publiées au Québec, le sous-sol haïtien possèderait des gisements de bauxite, de soufre, d'argent et d'iridium. Ce dernier, qui est un minerai important dans le domaine de l'armement et de l'équipement de haute technologie, serait le deuxième gisement le plus important de la planète (7).

En plus des ressources et de la reconstruction, le contrôle d'Haïti est bénéfique pour les États, car elle assure l'accès à une main d'œuvre à très bon marché à 30 minutes de la Floride. L'occupation permettra également de faire main basse à long terme sur Cité Soleil (l'un des plus grands bidonvilles de l'hémisphère nord), une zone convoitée par les É.-U. qui veulent en faire une zone franche. Et quoi de mieux que quelques dizaines de milliers de soldats pour stabiliser une fois pour toutes le pays dans ce qui s'annonce être un nouveau plan Marshall des années 2000 ?

Est-il encore possible de croire sérieusement que les gouvernements se soucient du peuple haïtien? Alors que les populations des pays occidentaux présents là-bas croient sincèrement que leurs gouvernements apportent une aide réelle à la population haïtienne, nous assistons actuellement à un nouveau déploiement d'impérialisme dans toute sa brutalité militaire et économique. Haïti n'a pas besoin de militaires, mais plutôt d'une solidarité internationale concrète afin d'appuyer par tous les moyens possibles l'essor de mouvements combatifs qui permettront aux travailleurs, aux travailleuses et aux précaires de décider eux-mêmes de leur propre avenir.

(1) http://www.bme.gouv.ht/mines/
(2) http://www.anarkismo.net/article/15586br /> (3) "N'effaçons pas la dette française envers Haïti". Libération, 06/01/04
(4) http://www.montraykreyol.org/spip.php?article871
(5) " Le rôle des ONG en Haïti soulève beaucoup de questions ".Haïti Liberté, 10/02/10.
(6) http://www.majescor.com
(7) " Les vautours s'acharnent sur le cadavre ", Haïti Liberté, 03/02/10.

Link esterno: http://www.causecommune.net
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