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Les migrants et les migrations en Europe

category international | migration / racisme | déclaration de principes author Monday February 15, 2010 19:54author by Rencontre européenne Anarkismo - Anarkismo Report this post to the editors
En tant qu'internationalistes nous nous opposons à tout type de frontières ou de barrières entre les peuples et nous nous opposons au renforcement des frontières aux portes de l'UE. Nous combattrons tout type de racisme et de xénophobie comme facteur de division à l'intérieur de la classe laborieuse et comme un problème majeur en soi-même. Nous combattrons toute discriminations à l'encontre des migrants et des personnes de couleur. [English] [Italiano] [Ελληνικά]
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Migrants et migrations en Europe


Communistes libertaires et internationalistes, nous supportons le droit de chacun-e à se déplacer et à vivre où il/elle l'entend. Nous nous opposons à quelque frontière que ce soit entre les peuples, que ces frontières soient physiques ou psychologiques (racisme, xénophobie).

Tandis que la situation en Europe ne fait qu'empirer, nous devons rendre ce sujet central dans notre activité et notre propagande.

1° Le capitalisme et l'impérialisme comme causes des migrations

En conséquence de changements dans les structures sociales, économiques et politiques du monde, le dernier demi-siècle a vu un niveau sans précédent (dans les temps modernes) de migration en Europe.

Trois facteurs sont particulièrement saillants pour rendre compte de ce développement de l'immigration :

  • La néo-colonisation qui a suivi la prétendue “décolonisation”; les intérêts politiques et économiques des anciennes puissances dominatrices sont encore un place, à travers des dictatures inféodées au pays occidentaux.

  • Le fort développement des marchés mondiaux depuis des années 70. Par des moyens coercitifs variés, une part de plus en plus grande de la population mondiale et de ses moyens de subsistance, ont été intégrés dans un réseau mondial injuste. Les régions qui se sont montrées économiquement non-viables du point de vue du capital international sont laissées dans la misère, tandis que des régions riches en ressources naturelles tombent dans l'instabilité politique, dans des régimes despotiques, ou sont agressées militairement.

  • L'impérialisme des pays occidentaux, qui apporte la guerre et la terreur dans de nombreux pays, aujourd'hui en Irak et en Afghanistan, demain autre part.
Le résultat commun de ces différentes causes a été que de nombreuses personnes ne voient pas de possibilité d'un futur dans leur pays d'origine, et sont incitées à le quitter. Dans bien des cas, l'argent qu'ils obtiennent est le revenu principal ou unique de leurs villages, puisque les pays occidentaux ont empêché tout développement de l'activité économique.

2° Le développement des racismes d'Etat, et des politiques racistes

Ces dernières années, la xénophobie, le racisme et la peur de l'impact économique de l'immigration ont augmenté pour dominer le débat politique de bien des pays européens.

La raison en est la législation restrictive qui criminalise les migrant-e-s, les articles à sensation de la presse détaillant des crimes commis par des migrant-e-s, et la rhétorique enflammée de politiciens, tout cela accentuant le sentiment xénophobe de la population. Les gens sont amenés à croire que l'immigration sape leur niveau de vie et menace la stabilité sociale. Une telle criminalisation des migrant-e-s sert aussi à distraire l'attention des problèmes sociaux et économiques causés par le capitalisme, et légitime une répression d'Etat de plus en plus forte.

Plus récemment, dans certains pays comme la France et la Suisse, les gouvernements ont essayé d'accuser les migrants de briser la culture nationale et “l'identité nationale”, en apportant leur propre culture et leur propre religion, et ont adopté des lois contre eux et elles, essentiellement basées sur cette nouvelle tendance du racisme qu'est l'islamophobie.

En conséquence de cette propagande, les migrants et les personnes de couleur en général souffrent de discriminations lorsqu'elle cherchent du travail ou un logement. En tant que communistes libertaires, nous nous opposons à toute espèce de discrimination basées sur la couleur ou l'origine aussi bien que sur la classe ou le genre.

Le problème a revitalisé les forces réactionnaires et facilité une expansion des pouvoirs de l'Etat. La détention, la surveillance, le maintien de l'ordre aggressif, et les entraves aux libertés civiles sont de plus en plus étendues. La xénophobie a popularisé des partis dont le programme néo-libéral n'aurait sinon eu aucun impact sur les travailleurs et les travailleuses. La rhétorique employée par de tels partis sert à son tour à enflammer les sentiments xénophobes et à affaiblir la solidarité de classe internationale au bénéfice du nationalisme. En tant que communistes libertaires, nous nous opposons à toute exploitation de classe et à l'Etat, il est important que nous développions une analyse approfondie de ce problème, et que nous trouvions les moyens effectifs de combattre le développement de la xénophobie, des politiques répressives d'Etat contre les migrants, et les traitement inhumains des réfugiés. De plus, nous devons nous efforcer de relier ces luttes à la lutte de classe en général en Europe, et de revigorer le courant internationaliste dans les organisations des classes populaires.

3° Les politiques anti-migrants des pays européens et de l'Union Européenne

A – Politique des pays européen

L'immigration est un effet inévitable des politiques économiques et militaires conduites par les Etats européens; les efforts concertés pour empêcher l'immigration est le résultat du racisme et de la volonté de ne pas en affronter les conséquences dans ces pays.

La réponse depuis de début de la mondialisation a été d'adopter une série de mesures destinées à empêcher les migrations. L'Europe a adopté des cadres communs sur les migrations, a signé des traités régulant les droits des réfugié-e-s, et a renforcé les contrôles des migrations à la périphérie de l'Europe. La volonté sous-jacente est de maintenir les migrant-e-s en dehors des frontières. Dans les initiatives restreignant l'immigration, les pays européens ont violé des conventions internationales sur les droits de l'homme.

Les lois internationales placent la majorité des migrants dans un statut nébuleux. La plupart des Etats européens n'autorisent pas l'immigration de travail (avec l'exception partielle des migrations à l'intérieur de l'Europe), et de nombreux et nombreuses migrant-e-s ne peuvent obtenir le statut de réfugié-e.

L'accès au travail légal est difficile à avoir. En fait, certains pays décident de quotas et de politiques d'immigration “choisie”, c'est-à-dire n'autorisant que les migrants dont les patrons locaux ont besoin.

De plus, le besoin de travailleurs pour faire les basses besognes a conduit à l'augmentation du travail illégal dans des conditions bien en dessous de celles de la classe laborieuse en général. Cela sert aussi à baisser les salaires et à détériorer les conditions de travail de façon généralisée. Les capitalistes sont en fait parvenus à utiliser les politiques de l'immigration pour obtenir de la main-d'œuvre bon marché.

Cela a permis aux pays européens d'adopter des politiques qui ont sévèrement restreint les droits des migrant-e-s.

L'usage de la détention est généralisé, avec des gens dont le statut légal n'est pas encore décidé, ou dont les demandes ont été rejetées, et qui doivent affronter de longues périodes de détention. De façon générale, le cadre légal autour de l'immigration criminalise les migrant-e-s. Plus dramatiquement, la détention et la persécution des migrants en Europe cause d'immenses souffrances et favorise la croissance d'une sous-classe de non-citoyen-ne-s.

B – La politique de l'Union Européenne et de l'espace Schengen

La politique de l'Union Européenne et de l'espace Schengen est particulièrement impliquée dans la fermeture des frontières, à travers des programmes tels que celui de La Haye, et de l'agence spécialisée Frontex, dont tout le travail est fondé sur l'idée que l'immigration et les migrants sont un problème. Cette agence est en charge de la police des frontières européennes qui accomplit des opérations répressives (comme des arrestations collectives et des déportations) sans aucun contrôle.

La politique “d'externalisation de l'asile” (qui consiste à garder les migrants potentiels dans des camps (ou des prisons) en dehors d'Europe comme au Maroc, en Algérie, en Mauritanie, en Libye...) a mené l'UE à coopérer avec des Etats dont le traitement des prisonniers et des droits de l'homme sont inacceptables. Par exemple l'UE coopère avec la Libye pour maintenir les migrants hors de son sol.

4° Les luttes de migrant-e-s

Les migrant-e-s ne sont pas seulement les victimes des Etats et du racisme de l'UE, mais aussi de l'exploitation capitaliste. En tant que tel-le-s, ils et elles sont comme n'importe quel travailleur ou n'importe quelle travailleuse, et c'est pourquoi nous ne devrions jamais séparer les un-e-s des autres. Si nous croyons vraiment qu'une injustice pour un est une injustice pour tous et toutes, ne devons nous efforcer d'étendre les luttes de migrant-e-s aux autres travailleurs et travailleuses.

Même si les migrant-e-s et particulièrement les migrant-e-s illégaux hésitent à se montrer trop et donc luttent peu, des telles luttes peuvent arriver quand la solidarité de classe dépasse la peur de l'autre et le nationalisme.

Par exemple, les grèves de migrant-e-s illégaux en France (Printemps 2008, Automne-Hiver 2009) n'auraient pas eu lieu si quelques équipes dans des syndicats nationaux (CGT, SUD, CNT) et des associations ne les avaient pas soutenues. C'est pourquoi les militants révolutionnaires ont un rôle à jouer dans la naissance de telles luttes. En tant que communistes libertaires et internationalistes, nous soutenons de telles luttes. Elles sont une opportunité de combattre le capitalisme, le racisme et le nationalisme en même temps.

Nous devons nous battre pour la liberté de circulation de chacun-e, qui qu'il ou elle soit. Cependant, à court terme, il est important de soutenir toute lutte de migrant-e-s qui puisse populariser de telles luttes dans la population, en soutenant le droit égal à l'éducation des enfants d'immigrés scolarisés en Europe.

Ni la lutte de classe, ni l'humanisme ne sont la solution miracle dans le combat contre les politiques anti-immigré-e-s, mais les deux sont un aspect fondamental d'une stratégie internationaliste.

Conclusion

En tant qu'organisations communistes libertaires, nous soutenons:
  • la liberté de circulation et des droits égaux pour tous et toutes ;
  • le droit pour tous et toutes de vivre et de travailler dans le pays de leur choix, avec sa famille;
  • l'arrêt des arrestations arbitraires;
  • la fermeture des centres de rétention;
  • l'arrêt des expulsions;
  • la régularisation de tous les sans-papiers;
  • le droit d'asile;
  • l'abrogation de toutes les directives et accords européens.
En tant qu'internationalistes nous nous opposons à tout type de frontières ou de barrières entre les peuples et nous nous opposons au renforcement des frontières aux portes de l'UE. Nous combattrons tout type de racisme et de xénophobie comme facteur de division à l'intérieur de la classe laborieuse et comme un problème majeur en soi-même. Nous combattrons toute discriminations à l'encontre des migrants et des personnes de couleur.

Alternative Liberataire (France)
Federazione dei Comunisti Anarchici (Italie)
Liberty & Solidarity (Grande-Bretagne)
Motmakt (Norvège)
Organisation Socialiste Libertaire (Suisse)
Workers Solidarity Movement (Irlande)


Paris, le 7 Février 2010

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