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Le capital en déroute: une analyse communiste libertaire de la crise

category amérique du nord / mexique | Économie | opinion / analyse author Thursday December 10, 2009 01:18author by Cause commune - Union communiste libertaire Report this post to the editors

Un texte du numéro 26 du journal Cause commune

Texte diffusé à Montréal le 1er mai 2009

La crise des « subprimes » qui a éclaté aux États-Unis s’est transformée en crise financière mondiale. Cette crise, qu’on tente de faire passer pour une simple récession, est en fait l’une des plus profondes depuis la grande dépression de 1929. Dès lors, le capitalisme, au bord de la faillite, lance un vibrant (sic) appel à l’aide à l’État et exige des salarié-e-s qu’ils et elles se responsabilisent et acceptent de faire les frais de cette crise en réduisant leur salaire. Évidemment, personne n’est insensible aux flots de licenciements et aux nombreux ménages qui se retrouvent en situation difficile après avoir subi les conséquences de cette conjoncture économique.
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Nombreux sont les «experts» et les économistes «patentés» qui interviennent afin de réhabiliter le capitalisme. Ils soutiennent en effet que les causes de ce désastre sont extérieures ou étrangères au système. Tel n’est pas notre avis. Il est temps de parler franchement et d’identifier ce que nous croyons être les véritables raisons du cataclysme économique actuel qui nous touche tous et toutes.

2007-2009 : d’une crise à l’autre.

Depuis l’éclatement de la bulle spéculative de 2007, les bourses se sont effondrées avec les conséquences que l’on connait : pertes d’emplois massives, diminution des salaires dégradation des conditions de travail, hausse des prix des aliments et des loyers, inflation, etc. Au Canada, la crise a déjà provoqué des dégâts considérables. Entre octobre 2008 et mars 2009, 357 000 emplois ont été perdus (-2,1%). Il s’agit du taux le plus élevé depuis la récession de 1982. Au Québec seulement, 55 000 travailleurs et travailleuses ont perdu leur emploi pendant la même période et le chômage s’est accru de 1,1% pour passer à 8,3%. Le Conference Board of Canada, un institut économique de droite qui plaide en faveur du capitalisme sauvage depuis des années, est de plus en plus pessimiste quant à la reprise économique, allant même jusqu’à affirmer que le taux de chômage pourrait atteindre les 9,5% d’ici 2010.

En parallèle, nous avons assisté à une hausse de l’inflation de 2,4% en 2008. Celle-ci est due en grande partie à l’augmentation du prix des aliments de 7,4% (à lui seul, le prix des légumes frais a augmenté de 25,8%) et à l’augmentation du coût des logements de 3,0% entre février 2008 et février 2009. Ici, les effets commencent à peine à se faire ressentir alors qu’ailleurs sur la planète, ces augmentations ont poussé les gens à descendre dans la rue et à se révolter contre la « vie chère » provoquée par les capitalistes et les gouvernements. Pour la seule année 2008, le prix du riz a augmenté de 30%, ce qui représente jusqu’à 70% des revenus dans les pays en développement. Cette hausse constitue une catastrophe pour des milliards de personnes dont l’alimentation repose en bonne partie sur cet aliment. C’est, entre autres, parce que les grands de la finance se sont mis à l’abri derrière des valeurs refuges, comme les titres attachés aux biens alimentaires, que la crise financière a provoqué une crise alimentaire. Un phénomène qui a entraîné des pénuries de denrées essentielles et des famines dans un nombre toujours croissant de pays, alors que le gaspillage et la destruction systématique de production continuaient dans les pays riches! Une absurdité alors que l’humanité n’a jamais produit autant de richesses! À ces crises alimentaires et économiques, se joint une crise

écologique majeure (et quasiment irréversible), provoquée par la recherche désespérée du profit maximal sans autres considérations.

Malgré la hausse générale de l’indice des prix à la consommation, pour cette même période, le prix des matières brutes a chuté drastiquement de 30,7%! Pourtant, les patrons profitent de cette crise pour mettre en place des mesures de rationalisation afin de maintenir leur marge de profit, c’est-à-dire en imposant des détériorations des conditions de travail, en diminuant des primes de retraites, en ayant recours au lock-out ou en licenciant massivement les travailleurs et les travailleuses. On n’a qu’à penser à Rio-Tinto-Alcan qui a mis à pied 1100 employé-e-s (et qui en licenciera potentiellement 2000 de plus), à Bombardier qui a licencié près de 4000 employé-e-s, à Pratt and Whitney plus de 500, ou encore le Journal de Montréal qui a mis en lock-out plusieurs centaines d’employé-e-s, etc.

C'est au cœur du système qu’on trouve les causes de la crise, pas ailleurs!

Les crises économiques ne sont pas un phénomène nouveau, le capitalisme a toujours connu de telles secousses. Plusieurs économistes se sont penchés sur l’étude de ce phénomène. Pour les économistes libéraux et néolibéraux, le marché est une donnée naturelle et s’il n’y a pas équilibre, c’est forcément à cause d’éléments extérieurs. Bref, c’est toujours la faute des autres! Pour les économistes keynésiens (les réformistes de gauche), la crise survient lorsqu’il y a une diminution de la demande. Il faut donc la stimuler pour relancer l’économie. Ces deux visions sont incomplètes et laissent croire en un capitalisme qui pourrait mieux fonctionner.

Nous croyons plutôt que l’explication des crises est à rechercher ailleurs, à savoir dans le besoin nécessaire de profits toujours croissants et le besoin d’acheteurs (débouchés) pour rendre possible la réalisation des profits. Il y a ici toute la contradiction sur laquelle repose l’ensemble du système capitaliste. La recherche de profits sur les investissements force les capitalistes à augmenter sans cesse la productivité par tous les moyens nécessaires. Il en résulte donc un phénomène de surproduction et non de sous-consommation. C’est cette recherche effrénée d’accumulation du capital (profit) par une hausse constante de la productivité et une diminution de la masse salariale qui entraîne une tendance à la baisse du taux de profit. La crise devient donc un phénomène inévitable et est revitalisante. La production excédentaire est détruite et l’économie se rééquilibre un peu, en éliminant ses secteurs moins rentables. C’est le moment des fusions et des faillites qui permettent une concentration accrue des richesses. Tout est en place pour le redémarrage du capitalisme vers la prochaine crise.

Les riches propriétaires de compagnies vont tenter par tous les moyens nécessaires de freiner la tendance à la baisse du taux de profit. Parmi ceux-ci on retrouve notamment : l’expansion impérialiste vers de nouvelles matières premières moins coûteuses ou vers de nouveaux marchés, le cheap labor, la privatisation, etc. La financiarisation à outrance de l’économie est également source de haut taux de profit. C’est l’extension significative du crédit au 20e siècle qui a permis de jeter les bases de la généralisation du monde de la finance. Puis, au courant des années 1970, la fin des accords de Bretton Woods a permis à la finance d’exploser sans aucune restriction ni règle pour encadrer ce marché fictif. Fictif, parce que les banques et les grands financiers ont développé tout un arsenal d’opérations financières où il est possible de faire de l’argent... avec de l’argent, l’alchimie contemporaine!

La financiarisation de l’économie a rendu moins fréquente (mais plus violente) la menace de crise générale. En effet, le crédit permet de cacher l’existence d’une surproduction en permettant à l’économie de fonctionner quand même mais sur l’endettement. Évidemment, les soubresauts financiers, quant à eux, sont fréquents. Cela revient à dire que l’argent fictif s’envole souvent en fumée, sans entraîner pour autant l’ensemble de l’économie. Cependant, lorsque des empires se construisent sur cet argent fictif, les risques de débandades incontrôlables sont décuplés. C’est ce qui explique, en partie, la raison pour laquelle, d’une crise financière entourant les titres PCAA (papier commercial adossé à des actifs), nous sommes désormais aux prises avec une crise économique générale.

L'État complice : de droite à gauche, des solutions inutiles et illusoires

L’État est à la fois complice de l’effondrement du système capitaliste et un acteur essentiel à son relèvement. Il est complice par son appui éhonté aux grandes multinationales. En effet, les gouvernements mettent en place un éventail d’outils qui servent à l’expansion de la financiarisation, à l’exportation des capitaux et à l’exploitation des humains et de la nature. Les États sont toujours prêts à user du bâton ou de la carotte afin de permettre à des compagnies de créer de nouveaux profits. Ils mettent aussi en place un vaste contrôle de la population, que ce soit par les mises en scène électorales ou par la répression, afin de permettre aux grandes compagnies de continuer à exploiter et polluer.

L’État est aussi une condition essentielle au rétablissement de la bonne marche de l’économie. Grâce aux fonds publics et au recours aux déficits, diabolisés en temps de prospérité, l’État devient l’outil central pour sauver une compagnie ou une banque en épongeant ses dettes ou encore pour stimuler l’économie. En temps de crise, il peut aussi servir à assurer la subsistance à des milliers de chômeurs et de chômeuses, dont l’existence permet d’exercer une pression à la baisse sur les salaires. Donc, il se trouve à être le vecteur essentiel rendant possible le redémarrage de l’exploitation.

En Amérique du Nord, nous avons pu voir où nous menaient les politiques des grands partis de droite. Tous et chacun épousent, à des degrés divers, les idées néolibérales: coupures, privatisations, déréglementations, etc. Par contre, face à ces partis traditionnels se lèvent de nouvelles forces, représentées entre autre par les partis sociaux-démocrates et « socialistes » qui prétendent vouloir faire différemment. Le problème de ces partis de gauche, c’est qu’ils refusent de s’attaquer aux fondements du système et se contentent d’agir de façon superficielle. On propose du logement social, on propose de meilleures aides gouvernementales, on propose des taxes plus importantes aux compagnies, sans jamais mentionner que si on en est là aujourd’hui, c’est que le système est ainsi fait, les injustices en sont le fondement et l’exploitation le ciment. Bref, les partis de gauche proposent de donner un coup de peinture sur une maison qui est sur le point de s’écrouler en espérant en faire une demeure agréable. Balivernes!

Et les syndicats dans tout cela? L'union quosse ça donne?

Historiquement, le syndicalisme s’est toujours dressé comme une force, comme la force des travailleurs et des travailleuses réuni-e-s, afin de faire obstacle à l’exploitation et à la misère. Cependant, aujourd’hui, les syndicats jouent un rôle indispensable au maintien du système capitaliste et celui-ci est primordial en période de crise. La fonction principale du syndicat est de maintenir les conditions salariales au-dessus du minimum physiologique calculé par les capitalistes. Bref, les syndicats négocient les conditions d’exploitation des travailleurs et travailleuses. En contrepartie, la bureaucratie syndicale assure un certain niveau de production et une « paix sociale » marchandée selon la conjoncture économique. Les syndicats demanderont des hausses de salaires en période de croissance économique et la protection des négociations précédentes en période de ralentissement. Il est donc à l’avantage des syndicats d’exiger une exploitation de la force de travail supérieure en période de crise afin de favoriser une reprise économique rapide et ainsi reprendre les négociations des conditions de travail. Puisque les syndicats ont abandonné depuis longtemps l’idée de renverser le capitalisme ou même de lutter de manière efficace contre le patronat, il est plus que nécessaire que les travailleurs et les travailleuses s’organisent indépendamment des hiérarchies syndicales, à l’intérieur comme à l’extérieur des syndicats. La radicalisation des luttes et la création de tendances autonomes, refusant toute forme de compromis au sein même des syndicats, par les travailleurs et travailleuses, ne pourra qu’accroître l’efficacité de celles-ci et créer des liens de solidarité entre les différentes luttes.

Redistribuez la richesse ou nous irons nous servir!

Évidemment le capitalisme trouvera peut-être une sortie de crise en permettant au capital d’être à nouveau accumulé sans entraves. L’État et les partis de droite comme de gauche continueront à être complice du capitalisme et à lui permettre de se relever rapidement pour reprendre le cycle qui nous mènera à une nouvelle crise. Les syndicats, quant à eux, achèteront la «paix sociale» à coup de petites augmentations salariales insignifiantes et de légères améliorations de nos conditions de travail. Seule notre classe est capable de mettre fin au capitalisme. C’est à nous et à nous seul-e-s, travailleurs et travailleuses, précaires, étudiants et étudiantes, de porter le coup fatal et de créer une société dans laquelle la production et la consommation reposeront sur la devise: « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Nous ne devons pas lutter pour un capitalisme « plus humain » mais bien pour un système dans lequel l’État, les classes sociales, l’exploitation et l’oppression seront abolis. Aucun réformisme n’y changera quoi que ce soit, seule une révolution y parviendra. Il faut donc dès maintenant s’organiser et riposter coup pour coup contre ces riches.

Contre les licenciements, réapproprions-nous les entreprises et autogérons-les!

Contre les propriétaires qui nous foutent à la rue, exproprions-les et administrons nos milieux de vie nous-mêmes!

Contre l’État qui chaque jour nous opprime et nous humilie, appelons à la grève générale!

Le capitalisme agonise, à nous de l’achever!

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