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Insurrection au Honduras?

category amérique centrale / caraïbes | impérialisme / guerre | opinion / analyse author Thursday July 30, 2009 01:46author by José Antonio Gutiérrez D. Report this post to the editors

La rupture des négociations de San José de Costa Rica pour trouver une sortie "négociée" favorable aux Gorilles du Honduras, affaiblit et isole la dictature, en même temps qu'elle ouvre la possibilité pour que le peuple puisse affermir son rôle d'acteur politique de droit et puisse avancer, par sa résistance, vers une victoire partant du bas. Cette rupture, ouvre de plus grandes possibilités à une victoire populaire par l'action directe, qui aura pour résultat de renforcer le peuple, par l'acquisition d'une plus grande expérience et par la prise de conscience de ses capacités. Ce scénario représenterait une importante défaite des secteurs les plus archaïques de l'oligarchie. C'est dans ce sens, est que notre solidarité doit s'exprimer avec la plus grande force en ce moment critique où le peuple peut passer à l'offensive et pendant lequel la répression sera, probablement, elle aussi accentuée.
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Insurrection au Honduras?

"Kote y'ap plimen poul, kodenn pa ri" (Où on plume le poulet, la dinde ne rit pas, Proverbe Haïtien)

Dans deux articles antérieurs dans lesquels nous avons analysé la situation au Honduras depuis le renversement du président Manuel Zelaya le 28 juin par un Coup d'Etat Militaire [1], nous avons soutenu que l'objectif primordial de ce putsch est de forcer le courant conduit par Zelaya à renoncer à des réformes dérangeantes, y compris un éventuel processus d'Assemblée Constituante, ainsi que démoraliser, user et dissuader le mouvement populaire de pousser pour des transformations plus radicales. Nous disions que le moyen pour atteindre cette fin serait d'obtenir une négociation selon le "modèle haïtien" (1991-1994) dans laquelle on garantirait, d'une part, un "compromis" qui laisserait intact le statu quo et qui fortifierait l'hégémonie des secteurs les plus réactionnaires de l'oligarchie et de l'armée, tandis que d'autre part, il démonterait le mouvement populaire pour empêcher qu'il se transforme un acteur politique à court ou moyen terme.

Effectivement, le cours pris par les négociations et la rupture qui s'ensuivit mettent en lumière les intentions des Gorilles ainsi que le très mauvais calcul politique qu'ils ont fait dans cette conjoncture critique, dans laquelle ils ont sous-estimé, d'une part, le poids des acteurs populaires et, d'autre part, ils n'ont jamais envisagé une condamnation internationale aussi catégorique que celle qu'ils ont reçue, ce qui rend indéfendable cette aventure militaire à moyen terme. À la suite de la rupture des négociations, commence un scenario incertain dans lequel il est très probable que le conflit de classe qui se trouve derrière le problème de l' «Etat de droit» passe à premier plan. De même, dans ce scénario, la solution à la crise reste entre les mains de la mobilisation populaire, en paralysant l'initiative de l'oligarchie conservatrice, laquelle s'est auto-infligé une défaite en raison de sa propre ankylose politique.

Les négociations de San José de Costa Rica: contre le peuple et dans son dos

Bien que depuis le début il était évident que les putschistes ne pourraient pas s'accrocher au pouvoir pour une période prolongée, les premiers signes indiquant que les putschiste commençaient à jouer la carte de la "négociation" ont été donnés le 7 juillet, par la déclarations de la Secrétaire d'État américaine Hillary Clinton et du président du Costa Rica, Oscar Arias. A cette occasion également, la Cours Suprême a commencé à envisager la possibilité d'une "amnistie" politique pour Zelaya, qu'elle n'a pas pris en charge elle-même mais l'a déléguée corps législatif.

Les USA ont favorisé le modèle haïtien de négociation parce qu'avec lui ils peuvent contrôler un processus politique qui ne leur convient pas, en même temps qu'ils évitent la prolongation d'une situation qui pourrait échapper au contrôle de ses alliés au Honduras. Cet intérêt a été exprimé de manière particulièrement claire pour un éditorial du Los Angeles Times qui indique:

"Zelaya devrait renoncer à sa proposition de referendum qui interfère avec la Constitution et à son idée d'étendre la durée du mandat présidentiel, en échange de quoi Micheletti renoncerait à la présidence. Apparemment, les deux bords auront besoin d'une amnistie. Si celle-ci est le coût d'une solution négociée, qu'il en soit ainsi. Mais l'échec du retour à l'ordre constitutionnel enverrait au reste de l'Amérique latine le signal que, de nouveau, les problèmes politiques peuvent être résolus par le vieux recours au putsch. Et pour le Honduras, ceci signifierait un conflit social prolongé, l'érosion de la légitimité des institutions de gouvernement et, très probablement, le surgissement de demandes pour une assemblée constituante, ce que l'élite a précisément essayé de prévenir avec ce putsch".

La responsabilité de négocier entre les parties et d'envisager une "sortie" négociée à la crise, laquelle serait acceptable pour la "Communauté internationale" (ie. USA) et qui, par conséquent, donnerait l'initiative politique aux putschistes, effacerait de la scène les honduriens "d'en-bas » et écarterait la possibilité de changements politiques ou sociaux, a été donnée à Oscar Arias, celui qui avait déjà une expérience, avec les processus de paix d'Amérique centrale, au service de la politique hémisphérique des "faucons" américains dans la région. Une des bases de cette négociation fut de considérer les deux parties comme "équivalentes" en oubliant les violations flagrantes aux droits humains commises pendant la dictature de Goriletti, ainsi que le fait "trivial" que le dictateur ait été imposé par un putsch.

La première ronde de négociations, tenue à peine quelques jours après ces déclarations, le 10 juillet, s'est terminée avec de faibles résultats concrets, mais a permis de renforcer l'intérêt d'Arias et des USA dans une solution qui lierait les mains du secteur libéral de Zelaya et qui s'avérerait favorable aux putschistes, qui font face à des conditions défavorables à tout niveau. Un dirigeant populaire hondurien disait à ce sujet, à la clôture des négociations, que la seule chose qui était claire dans ces négociations était l'intérêt qu'il y a à manoeuvrer pour maintenir les putschistes au pouvoir, tandis qu'on affaiblissait le mouvement populaire . D'autre part, on a constaté que le peuple s'est transformé un acteur de poids et qu'il ne peut pas être ignoré dans les négociations: sa présence à San José, au travers des organisations réunies le Front de Résistance Populaire, s'est transformée,sans aucun doute, en un important facteur de pression .

Négociations sur mesure pour les putschistes.

Mais, quels sont concrètement les sujets mis sur la table de négociations et quels sont les sujets qui importent réellement à l'oligarchie hondurienne? Nous pouvons dire que le Plan en 7 points d'Arias peut se résumer à ce qui suit:

  • La restauration de Zelaya et l'instauration d'un gouvernement d'unité nationale, qui garantit le futur politique des putschistes et qui constitue une camisole de force à toute tentative réformiste;
  • L'amnistie pour les crimes politiques commis "avant et après" le putsch - avec cette mesure on prétend comparer les accusations imaginaires de "trahison à la patrie" contre Zelaya avec les meurtres et les actes de répression pratiqués par les Gorilles;
  • Que Zelaya renonce à la prétention de réformer la Constitution;
  • Garantir la permanence de l'Armée dans l'arène politique, comme un quatrième pouvoir, garantissant ainsi les bases de l'État de Contre- Révolte sacralisées par la Constitution de de 1982 - Cette permanence serait exemplaire pour le contrôle que s'accorderait le Tribunal Suprême Électoral lors de prochaines élections .

    Il est important d'indiquer pour éviter toutes illusions sur des négociations entre les mains du réformisme et bien que ces propositions soient inacceptables, elles ont été complètement acceptées par la commission de négociation de de Zelaya; c'est pour cette raison, et non par un zèle idéologique capricieux, que nous soutenons que c'est uniquement la pression populaire qui peut garantir une sortie qui favorise les intérêts ceux d'en-bas. Tout était négociable pour l'équipe de Zelaya, sauf son retour au pouvoir. Les organisations populaires regroupées autour du Front de Résistance, avec plus de flair, marquèrent leur rejet de la proposition d'Arias (sauf sur le point de la restauration de Zelaya, point sur lequel lequel ils ne cèdent pas mais auquel ils ne se limitent pas) en alléguant qu'avec cette proposition on garantirait l'impunité, on récompenserait les putschiste en leur donnant un rôle politique immérité, on faciliterait la fraude électorale avec l'armée contrôlant le Tribunal Suprême Électoral et qu'on empêcherait le peuple de construire ses propres processus de participation et de réforme sociale (révision du rôle de l'armée, assemblée constituante, etc.).

    Le mauvais calcul des Gorilles casse les négociations faites à "sa mesure"

    Mais même si la commission de Zelaya a complètement accepté le plan d'Arias, ce tour de négociations a échoué à cause d'un nouveau mauvais calcul des putschistes , ce qui a montré une nouvelle preuve de leur absolue incapacité pour accepter tout type de concession:

  • Ils continuent à rejeter la restauration de Zelaya, bien qu'ils acceptent l'idée d'un gouvernement d'unité nationale et d'élections anticipées;
  • Ils s'opposent à l'amnistie, en pensant que de cette manière ils peuvent enfermer Zelaya dans une attitude de défense face à des charges de "traître à la patrie";
  • Ils cherchent limiter le rôle de la Communauté internationale, particulièrement de l'OEA, dans toute instance investigatrice qui pourrait apparaître autour des événements qui conduit au putsch;
  • Ils cherchent étendre la période pendant laquelle Forces Armées dirigeraient le Tribunal Suprême Electoral ;

    La position des négociateurs des putschistes en ce qui concerne le point du retour de Zelaya au pouvoir (condition sine qua non pour résoudre la crise selon l'OEA et la majorité des pays du continent, de l'UE et de l'ONU), les a portés à une situation où ils se sont piégés alors que tout pouvait aller en leur faveur. Ils pensaient, peut-être, qu'en s'opposant dès les premières phases de la négociation à la restauration de Zelaya ils auraient eu une dernière carte à abattre pour éviter devoir faire des concessions dans chacun des autres objectifs politiques qu'ils poursuivaient: freiner les processus de Constituante qu'ils peuvent altérer sans pour autant obtenir de statu quo, freiner les processus politiques qui peuvent menacer le cadre institutionnel hondurien, garantir leur maintien comme arbitres "suprêmes" dans la politique hondurienne et que leur aventure militaire reste impunie.

    Mais ce fut précisément par l'inflexibilité des Gorilles quant à la restauration de Zélaya que, des négociations qui pouvaient s'avérer extrêmement favorables pour eux, ont échoué. Zelaya posant comme condition sine qua non sa restauration comme président, les propositions des putschistes par rapport à l'élection d'un "troisième acteur" (au moyen d'élections anticipées ou «autres mécanismes») qui assumerait la présidence [2], étaient à l'avance les seules propositions qui seraient rejetées par l'équipe de Zelaya.

    Par leur incapacité à céder sur ce point, le seul point sur lequel ils rencontraient une réelle opposition, les Gorilles ont échoué dans la négociation: le second et dernier tour de négociations a été effectuée à San José les 18 et 19 juillet. Il était d'avance condamné à l'échec et Zelaya avait alors déjà lancé pendant la semaine plus de un ultimatum aux Gorilles , en disant que ne pas accepter son retour au pouvoir, impliquerait l'échec des négociations et qu'il commencerait les préparatifs pour son retour, en même temps qu'il défendrait le droit du peuple à l'insurrection.

    "Le Peuple a le droit à l'Insurrection"

    Sans aucun doute les putschistes ont pensé qu'ils auraient davantage de marge et davantage de temps pour négocier. Mais c'est la pression populaire au Honduras qui, en dernier ressort, a défini les délais. Zelaya, qui, dans les négociations était disposé à faire des concessions inacceptables pour sa propre base sociale d'appui, doit céder devant la pression populaire, car, s'étant placé en dehors des partis traditionnels, il dépend exclusivement de cette base pour son maintien au pouvoir [3].

    Les négociations étant un échec, le seul chemin qui reste ouvert au peuple est celui de la confrontation directe avec la dictature. C'est ainsi que le 20 juillet, Zelaya donne pour mortes les négociations et annonce son retour. Mais dès le 15 juillet, le Zelaya libéral prévoit l'échec de la négociation et défend le droit populaire à l'insurrection dans un langage qui était impensable quelques semaines auparavant: "N'abandonnez par les rues, qui sont le seul espace qu'ils ne nous ont pas enlevé, le peuple a droit à l'insurrection, la grève, les occupations, la manifestation (...) l'insurrection est un processus légitime qui fait partie des concepts les plus élevés du sens de la démocratie ".

    Les mots de Zelaya ont eu une répercussion immédiate:

  • Le Secrétaire Général de l'OEA, José Miguel Insulza, a exprimé que le fait de ne pas avoir d'accord sur le retour de Zelaya à sa charge, "le reste" (c'est-à-dire, continuer les négociations) n'aurait pas de sens. Dans une interview postérieure il s'est exprimé de manière encore plus claire: "Je ne crois pas que le chemin de l'insurrection soit un bon chemin, pas plus que celui de la confrontation, mais je crois que nous n'allons pas l'éviter s'il n'y a pas de la part du Gouvernement de fait une certaine flexibilité (...) Cela il va être une affaire compliquée et j'espère que nous pouvons l'éviter, mais la vérité c'est que c'est presque impossible à l'éviter ou à faire un appel au calme quand la dictature prétend au vu et su de tout le monde se maintenir au pouvoir";
  • Arias, par sa part, s'est limité à appeler à la patience, en même temps qu'il condamnait les possibilités de confrontation directe à la dictature, défendant ainsi la ligne américaine de sortie négociée faite sur mesure pour les Gorilles: "quelle est l'alternative au dialogue? Autrement dit, le dialogue est l'instrument adéquat et la manière civilisée de résoudre les conflits. L'usage de la force militaire à laquelle on va très fréquemment recours avant d'épuiser le dialogue doit être le dernier, le dernier recours";
  • Goriletti a immédiatement dû prendre des mesures de caractère répressif, en imposant le couvre-feu après une paire de jours puis le levant en militarisant quelques régions du pays sur la côte des Caraïbes et à la frontière avec le Nicaragua. Au plan diplomatique, il a été forcé d'annoncer sa disposition à "renoncer" si cela garantissait "la paix et la tranquillité" du Honduras. Son renoncement est conditionné, en tout cas, au non retour de Zelaya au pouvoir. Cette annonce démontre le niveau de désespoir des putschistes qui ne savent pas comment sortir dignement de cette crise;
  • La pression internationale a augmenté, avec la congélation des crédits et aide financière des USA (qui ont aussi annulé l'aide militaire), de l'UE , du BID et la de Banque Mondiale , ce qui augmente par conséquent l'isolement international des Gorilles. Même, des secteurs de la classe dominante des USA en sont arrivés à demander à Obama des sanctions pour les individus auteurs du putsch, en annulant leurs visas et en congelant leurs comptes bancaires, ainsi que le renvoi de leur ambassadeur, ce qui constituerait un authentique coup de grâce pour l'oligarchie Gorille .

    Comme il fallait s'y attendre, ces déclarations font que "la Communauté internationale" anxieuse que cette cette crise s'aggrave et est aboutisse à un processus de confrontation ouverte au-delà du cadre imposé par l' "Etat de droit", essaiera trouver les moyens pour que le Gorillisme cède et renonce à cette aventure putschiste. Pour le régime actuel, il ne serait pas impossible, bien qu'il tente de montrer une image monolithique, que le tour pris par les évènements fasse que la bande de Goriletti se retrouve chaque fois plus isolée et que des fractures au sein de l'oligarchie hondurienne commencent à surgir. Quoiqu'il en soit, les jours de la dictature semblent comptés.

    La résistance croit, le spectre de la répression menace.

    Au Honduras, les mobilisations continuent à croître inlassablement en dépit de la répression qui a déjà fait un nombre incertain de morts, de torturés et des milliers de prisonniers politiques. Le 17 juillet, la veille des négociations ratées de San José, le pays était paralysé par des coupures de routes à Tegucigalpa, San Pedro Sula, Santa Rosa de Copàn, Olancho, des occupations universitaires, les grèves dans la santé et des enseignants. Tandis que Zelaya se dispose à revenir au Honduras pour cette fin de semaine, les organisations syndicales et du Front de Résistance ont appelé à une Grève Générale depuis le matin du 24 juillet, par laquelle ils espèrent paralyser le pays. Ce sera un moment clef pour mesurer la force que peut avoir le peuple pour donner le grand coup pour renverser la dictature.

    Pour résister aux milliers de manifestants qui s'opposent à la dictature, l'oligarchie patronale a organisé des manifestations de soutien à Goriletti, lesquelles, à part une poignée de fidèles, doivent être gonflées avec des gens que l'on transporte (ce soient des gens forcés par leurs patrons à y aller ou des gens auxquels on a payé entre 300-400 lempiras y pour assister -15 à 20 dollars ). On remarque la différence en fin de semaine: tandis que ceux qui protestent contre la dictature sont des milliers, les pro-putschiste n'arrivent pas, même avec le soutien de toutes les organisations religieuses, à rassembler plus qu'une centaine de personnes. Même si la presse internationale de droite prétend montrer une situation « d'équilibre » créant une l'atmosphère favorable pour la "solution négociée" (comprendre favorable aux putschistes!), ce qui est certain c'est que toute manifestation de soutien en faveur des putschistes fait pâle figure en comparaison avec les milliers de manifestants qui, contre vent et marée, se sont mobilisés toutes ces semaines en défiant la répression des Gorilles.

    Mais le dictateur ne s'est pas limité à une réponse civile, il a aussi militarisé les régions des Caraïbes et frontalières de Colon, Gracias a Dios et Olancho. A en juger par le conseiller présidentiel qu'a choisi Goriletti, un certain Joya, un ex-chef du groupe paramilitaire "Bataillon 3-16" impliqué dans de nombreuses violations des Droits de l'Homme et crimes pendant les années 80 , il faut s'attendre à ce que la force de répression soit augmentée dans les prochains jours. Tandis que la répression redouble il est parfaitement compréhensible qui le peuple prépare sa défense et sa réponse est aussi dans son renforcement. Les peuples latino-américains doivent défendre le droit à la résistance, lequel doit être exercer sans avoir besoin d'en demander l'"autorisation" à nos "tuteurs" politiques. Nous ne serons pas ceux qui donnons des "leçons" au peuple du Honduras sur les méthodes qui lui reviennent d'appliquer pour résister et combattre: et nous ne serons pas de ceux qui condamnent l'expression de la force de résistance du peuple. Le Honduras a démontré l'erreur de de ceux qui, depuis des positions réformistes, s'empressent de décréter le décès prématuré des méthodes révolutionnaires.

    Le Peuple on doit prendre la parole

    Ce qui est en jeu au Honduras est capital: le putsch de Goriletti a immédiatement produit un bruit de bottes au Guatemala et si le putsch se consolide il est probable que l'oligarchie archaïque de tout le continent, celle qui s'est nourrie à l'ombre de régimes dictatoriaux, essaye de ressusciter l'ère des Gorilles, du moins pour freiner le mouvement pour des changements sociaux qui, avec un plus ou moins grand degré de radicalité, croît dans le continent. Comme disent les frères haïtiens, qui aujourd'hui aussi de l'oppression d'un régime soutenu par la force militaire (d'occupation dans son cas) «là où on plume un poulet, la dinde ne rie pas». Cette crise est un avertissement pour tous. Il est également clair qu'il y a eu des secteurs américains impliqués dans ce putsch: on sait que l'ambassadeur yankee à Tegucigalpa, Hugo Llorens, était au courant et a pris part à quelques réunions pour organiser la sortie de Zelaya. La défaite des Gorilles est aussi une importante défaite politique d'une tradition de plus d'un demi - siècle d'interventionnisme impérialiste des USA en Amérique latine.

    D'autre part, comme nous l'avons soutenu, une victoire du peuple dans les rues, grâce à sa mobilisation, sa lutte et son organisation, indépendamment du fait qu'il ne s''interroge pas pour le moment sur l'essence du régime capitaliste dans lequel nous vivons, signifiera un changement favorable au peuple pour la convergence des forces dans la lutte de classes. Si de cette crise, le peuple en sort comme acteur politique de poids tordant le bras aux Gorilles, rien ne sera comme avant au Honduras. En combattant le peuple apprend, en combattant il découvre ses capacités. Un peuple conscient de ses capacités n'acceptera pas d'être humilié et saura s'ouvrir le chemin vers la conquête de son destin et la construction d'une nouvelle société. Ceci la bourgeoisie libérale le comprend et pour éviter ce scénario, essaiera, sans aucun doute, d'arriver à des accords de dernière minute pour arracher la victoire au peuple et la confisquer dans des tables de négociations.

    Le putschisme, à son grand regret, a beaucoup plus radicalisé le peuple, que jamais Zelaya en aurait été capable. Le projet réformiste de Zelaya n'aurait jamais mis en doute la nature du système, comme lui-même l'a récemment déclaré dans une interview, en se référant à la peur atavique du changement de l'oligarchie hondurienne: "C'est une crainte sans fondement, parce que personne ne leur porte atteinte; toutefois, ils croient que le développement démocratique leur nuise et ils n'acceptent pas la démocratie". En se laissant guider par cette crainte, ils ont ouvert les portes à une crise politique qui a servi d'école à tout un continent. Et le peuple du Honduras doit oser passer cette porte et prendre la parole. [4] S'il le fait, il aura, avec tout un continent, fait un pas en avant dans la lutte commune et ouvert de nouvelles perspectives pour le changement social, en étendant la limite de ce qui, nous croyons, est humainement "possible"...

    José Antonio Gutiérrez D.
    23 juillet le 2009


    [1] "Putsch d’État au Honduras : le retour des Gorilles ou la tactique du travail de sape?" http://www.anarkismo.net/article/13632 et "HONDURAS : On négocie la sortie de "crise" dans le dos du peuple" http://www.anarkismo.net/article/13732

    [2] le secrétaire général de l'OEA, José Miguel Insulza, a affirmé qu'une des possibilités proposées avant les négociations était de convoquer à des élections anticipées, et par conséquent les Gorilles ont pensé que peut-être sa proposition trouverait un écho dans la communauté internationale, chose qui n'arriva pas.

    [3]C'est un phénomène politique qu'on ne connaît seulement qu'au Honduras: dans une grande partie de l'Amérique latine on vit une crise des systèmes de représentation politique traditionnelle, ce qui mène à ce que, d'une part, le mouvement populaire cherche à tâtons les éléments de la démocratie participative dans ses luttes, tandis que d'autre part se renforcent des leaderships caudillistes autour de figures politiques charismatiques qui dépendent d'une base d'appui sociale non alignée sur les partis traditionnels et qui réclame des réformes sociales - ce processus a porté des régimes populistes en Équateur, au Vénézuela, en Bolivie, au Paraguay, etc

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