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Venezuela : grève des travailleurs du métro de Caracas

category vénézuela / colombie | luttes en milieu de travail | autre presse libertaire author Sunday March 22, 2009 23:42author by El Libertario - CRA Report this post to the editors

[Voici le texte d’un tract distribué le 19 mars 2009 dans le principal
système de transport urbain de la capitale vénézuélienne. Nous avons
intégré entre parenthèses quelques notes pour mieux comprendre ce conflit
et ses acteurs. El Libertario (Venezuela)]



*Nous, travailleurs du métro, ne voulons pas renoncer au contrat homologué*

Cela fait maintenant presque un mois que s’est tenue la plus importante
assemblée impulsée et dirigée par les travailleurs super motivés du Métro
de Caracas, afin de défendre de façon unitaire le contrat qui a satisfait
à toutes les démarches légales pour être homologué par le ministère du
Travail. Depuis cette date, le moral et la décision des travailleurs du
métro n’ont pas varié : nous exigeons le respect du contrat homologué.

Il y a quelques jours, le gouvernement a demandé au peuple de le soutenir
pour faire passer son amendement constitutionnel (il s’agit de celui
permettant à Chavez de se représenter encore plusieurs fois aux élections
présidentielles, NdT), mais il a par contre dressé toute une série
d’obstacles contre nous dans le seul but de briser notre moral et de nous
imposer un contrat au rabais, un contrat de famine. En effet, le
gouvernement pense que s’il réussit à imposer aux travailleurs du métro un
tel contrat, il pourra alors l’imposer à d’autres secteurs qui sont
également en lutte.

Il s’agit d’une politique désastreuse, néfaste. Tout d’abord, le président
Hugo Chávez a commencé par nier que « la crise du capitalisme puisse
toucher le Venezuela ». Ensuite, il a déclaré que « si les prix du pétrole
tombaient à zéro », cette crise ne nous toucherait pas non plus. Enfin, le
gouvernement s’est retrouvé coincé avec la patate chaude et le 15 Février,
une fois que l’amendement constitutionnel a été adopté, il a fini par «
admettre » que nous sommes en crise et par proposer de nous serrer la
ceinture.

Puis nous avons entendu, à Ciudad Piar, la DISIP (la police politique) et
la DIM (les services secrets de l’armée) lancer toutes sortes de menaces à
l’encontre des travailleurs d’autres entreprises dans l’Etat de Guayana
(une zone industrielle au sud-est du pays, berceau de grandes industries
de base). Un tel déploiement de sincérité est accablant. Le gouvernement
parle désormais, mais surtout agit, de façon claire et il prétend se
décharger sur nos épaules, nos familles et celles du reste des
travailleurs dans le pays, de tout le poids de la crise capitaliste dont
souffre l’humanité, en nous imposant des contrats de misère.

Pour couronner le tout, il nous vante les bienfaits du programme Madres
del Barrio (programme gouvernemental d’aide sociale), comme si nous
voulions retirer du budget de ces missions les ressources financières
nécessaires pour respecter le contrat signé et homologué. On nous attaque
en prétendant que ce contrat coûterait trop cher au pays, alors que
l’unique chose qui coûte trop cher au pays c’est cette prétendue «
transition au socialisme » fondée sur les salaires et les conditions de
vie privilégiés des députés, des ministres, des présidents de sociétés, et
du ministre des Affaires étrangères qui prétend non seulement être un
fonctionnaire de l’Etat mais aussi un dirigeant syndical.

Il s’agit d’une campagne de terreur dans le seul but de casser notre moral.

Et nous devons la dénoncer avec force. Cette campagne est menée par
Claudio Farias (président du Metro de Caracas), le ministre Diosdado
Cabello (haut fonctionnaire et l’un des chefs de file de la
bolibourgeoisie), Nicolas Maduro (actuel ministre des Affaires étrangères
et bolibourgeois notoire, qui a autrefois été syndicaliste du métro), et
Francisco Torrealba (bureaucrate syndical super-chaviste) et avec
l’assistance du Président Hugo Chávez, comme il l’a lui-même admis dans
son discours à Ciudad Piar.

Ils unissent donc leurs efforts et mettent le paquet afin de ruiner les
aspirations des travailleurs du Metro, et créer un précédent pour les
autres travailleurs de ce pays. Tout cela n’a rien de socialiste. Derrière
ce discours, se cachent la barbarie de l’exploitation capitaliste et
l’intention claire de nous faire payer la crise, à nous les travailleurs.

Nous avons déjà mis en garde contre le rôle que joue le syndicat lors de
l’assemblée du 17 février, et nous demandons la démission de sa direction.
Cette équipe syndicale n’a jamais été à la hauteur de nos exigences, elle
n’a pas montré la solidité et la détermination nécessaires durant la
période de discussion du contrat, et encore moins durant la période
conflictuelle qui s’est ouverte ensuite. Après avoir organisé cette
assemblée, la direction du syndicat n’a plus jamais consulté les
travailleurs et n’a fait aucun effort pour organiser la pression des
travailleurs et les mobiliser. Elle fait courir le bruit que, dans
quelques heures ou quelques jours, elle arrivera à conclure un accord «
intermédiaire » avec la société du Métro de Caracas, et nous devons être
vigilants, car il est très probable qu’elle va essayer d’imposer ce
nouveau contrat au rabais sans consulter les travailleurs. Cela s’appelle
une trahison, cela n’a pas d’autre nom, la trahison de nos revendications
votées lors de l’assemblée du 17 février, pour défendre le contrat
homologué.

Nous, travailleurs du métro, faisons appel à tous les travailleurs du
pays. Nous lançons un avertissement solennel pour que tous soient
vigilants et empêchent cette mesure que tente de nous imposer le
gouvernement, qu’ils l’empêchent de briser la lutte et les aspirations des
travailleurs. Ce gouvernement qui veut bloquer les droits des
travailleurs, limiter voire de suspendre notre droit d’avoir une
convention collective, restreindre le fonctionnement libre et autonome de
nos syndicats et s’ingérer dans leur fonctionnement, menacer notre droit à
la grève, en nous envoyant la Garde nationale (cette garde "bolivarienne"
est une police militarisée traditionnellement chargée de réprimer les
protestations sociales) et la DISIP pour qu’elles encerclent les
installations du métro. Cela, ce n’est pas le chemin vers le socialisme.
Sans la lutte autonome des travailleurs, jamais nous n’avancerons vers le
socialisme.

Le paternalisme et l’intervention de l’Etat n’ont qu’ un seul but : que
nous, les travailleurs, payons la crise et nous, travailleurs du métro de
Caracas, le refusons. Nous ne renonçons pas à notre contrat homologué,
nous rejetons toute tentative du syndicat de le modifier dans notre dos,
et appelons à la constitution d’un vaste réseau de soutien et de
solidarité avec notre lutte.

(Traduit par Ni patrie ni frontières, mondialisme.org)

[Pour mais info sur Venezuela à français, voir la section "others
languages" dans la web www.nodo50.org/ellibertario]

Related Link: http://www.nodo50.org/ellibertario

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