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L’anarchie de A à Z: «V» comme violence étatique

category international | divers | opinion / analyse author Saturday February 28, 2009 04:14author by Cause commune - Union communiste libertaire (UCL) Report this post to the editors

Dans son livre «Le savant et le politique», le sociologue allemand Max Weber a très bien décrit le rapport que l’État entretient avec la violence. Selon Weber, l’État moderne s’est approprié «le monopole de la violence physique légitime». C’est même l’une des conditions de sa survie. On le sait, les appareils répressifs (la police, l’armée, le système carcéral) sont sous le contrôle exclusif de l’État. Celui-ci utilise leur force pour préserver l’ordre social sur son territoire. Mais comme l’État est sensé représenter le «bien commun», on finit par penser que la police et l’armée sont au service de la population… C’est du moins ce qu’on tente de nous faire croire. Là où règne l’inégalité, l’appareil de répression a un rôle bien précis à jouer : préserver les privilèges d’une minorité par tous les moyens nécessaires.

Dans une société comme la nôtre, les forces policières sont là pour s’assurer que nous comprenions bien qui détient le pouvoir. Pour bien des gens, il ne s’agit que d’un simple rappel. Cette forme de contrôle social est presque superflue : leur soumission est déjà acquise. Mais pour les autres, pas besoin de préparer la révolution pour subir les assauts policiers : il suffit de s’objecter lorsqu’on nous demande de «circuler», d’être de la mauvaise couleur, d’habiter le mauvais quartier, de perdre son emploi et de manifester pour le conserver. La violence arbitraire de l’État nous attend au moindre faux pas. Mais l’État n’est plus seul à punir en toute légalité. En cette période de libéralisation à outrance, le privé a pris la relève en matière de «sécurité» et assure en sous-traitance des fonctions traditionnellement prises en charge par la police ou l’armée.

L’ordre public s’accommode bien de l’injustice et de l’oppression. Les forces répressives servent à maintenir la répartition inégale des richesses et du pouvoir. Certains s’objecteront : nous vivons dans une société libérale et démocratique, pas dans un régime fasciste. Soyons plus clair : dans cette soi-disant «société de droit», l’appareil répressif est là pour faire respecter le seul droit qui compte, celui du plus fort. Un jour ou l’autre, les injonctions des tribunaux, la loi des boss et des proprios, les décisions prises par en haut ont besoin d’être imposées par la force. Pas une grève sans police. Pas une manif sans police. Pas un blocage sans police. Et quand la pression monte d’un cran, comme à Oka en 1990, on voit ce dont l’État «démocratique» est capable en temps de crise : suspension des libertés civiles, arrestations préventives, promulgation de la loi martiale. Feu à volonté…

Selon Max Weber, «s’il n’existait que des structures sociales d’où toute violence serait absente, le concept d’État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce qu’on appelle, au sens propre du terme, l’anarchie». Comment se fait-il que dans la langue de tous les jours, les termes «anarchie» et «violence» se retrouvent si souvent côte à côte? Pour plusieurs, la disparition de l’État signifierait le chaos pur et simple et l’irruption de la violence de tous contre tous. C’est ce qui arrive généralement quand un État en attaque un autre pour piller ses ressources et asservir sa population. Le projet anarchiste n’a rien à voir avec cela. Nous cherchons à remplacer le système actuel par une société communiste et libertaire. Cette transformation radicale de la société suppose une résistance soutenue contre les diverses formes de domination qui freinent notre libération. Autant dire qu’en chemin, il nous faudra affronter l’État et son régime de violence institutionnalisée. D’ici là, il faut soutenir la lutte contre le harcèlement et la brutalité policière et refuser de se laisser piéger par les discours moralisateurs condamnant d’avance toute forme d’action sortant des cadres pré-établis par nos maîtres. On a raison de se défendre… et de se révolter!

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Extrait du numéro 23 de Cause commune

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