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[Oaxaca] Nous n'abandonnerons pas, et nous ne permettrons pas qu'on assassine nos camarades

category amérique du nord / mexique | luttes dans la communauté | nouvelles author Sunday February 08, 2009 02:01author by APPO Report this post to the editors

Nous exigeons, l’arrêt de la répression à l’encontre de toutes celles et tous ceux qui, depuis la base, et à gauche, construisent des modes de vie, de communication et de cohabitation alternatifs, comme le font les peuples d’Oaxaca.

Respect de l’autodétermination des communautés indigènes et l’arrêt de leur militarisation

Pour la défense de nos cultures, de la terre et du territoire

Contre les entreprises multinationales et leurs projets mensongers, mortels et de destruction de la nature

Vive l’autonomie des peuples d’Oaxaca

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Oaxaca, (México, Monde), le 27 janvier 2009

Camarades,

Par ce texte, nous apportons notre soutien et exprimons notre solidarité envers notre camarade Ruben Valencia Núñez.

Les différences physiques et linguistiques qui caractérisent les peuples d’Oaxaca n’auront pas eu raison de notre soif commune de rébellion. Un véritable mouvement de résistance s’est ainsi développé et structuré sur l’ensemble du territoire. Tels des milliers de rochers au coeur d’un puissant courant de rivière, cette résistance a pris une nouvelle ampleur avec la création en 2006, de l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO). Le mouvement a donc atteint son degré le plus élevé d’organisation et d’unité, en fédérant les différents peuples de la région, les syndicats, les collectifs mais aussi et surtout, les masses populaires qui en ville comme à la campagne ont développé un mode de vie qui dépasse le capitalisme. Malgré la répression, les escroqueries en tout genre, les comportements racistes auxquels nous devons faire face et des pratiques comme la cooptation, notre action, jusqu’alors niée, s’exprime au grand jour dans les villes et les communautés. Nous incarnons la résistance face aux atteintes que subissent notre territoire, nos ressources naturelles, notre culture, notre identité, notre liberté, notre justice et notre autodétermination. Nous contribuons par ce biais à construire et à défendre physiquement et symboliquement notre territoire. En même temps, nous développons des liens avec d’autres peuples qui, comme nous, luttent pour l’autogestion ou pour le contrôle des gouvernements par les peuples.

Nos actions ne visent pas à conforter l’élite dirigeante, par les partis politiques, les institutions qu’elle contrôle ou les profits qu’elle peut tirer de tout projet développementaliste, mais à ce que celles et ceux qui ont accepté ou subi des gouvernements ou du capitalisme, la pauvreté et l’accaparation des terres, la renverse. C’est pourquoi, nous sommes victimes d’une importante répression de la part des forces de l’ordre, tant au niveau municipal, fédéral que national. Ces actes désespérés de violence institutionnelle prennent parfois la forme d’agressions graves, affectant la vie et l’intégrité physique ou émotionnelle des camarades investis dans les collectifs, les organisations et les communautés. Si nous ne renonçons pas à notre rêve d’un Oaxaca meilleur, nous ne négocierons donc pas non plus avec l’Etat. Non pas parce que nous nions toute forme de pouvoir et d’économie capitaliste mais parce que nous souhaitons les attaquer l’un et l’autre sur leurs fondements. Nous souhaitons par ce biais, faire la démonstration pratique que l’Etat et l’économie capitaliste ne sont pas incontournables et qu’ils sont autant d’entraves à la vie digne et pacifique des peuples ; qui restent les principes de base de notre action. A l’inverse, nous pouvons affirmer que tout mouvement qui cherche à construire d’autres réalités, ne peut contenir de trahison ou d’oubli. Nous pouvons même souligner qu’à mesure que nous nions le système oppresseur nous tentons de construire de nouvelles réalités sociales et humaines, qui sont autant de préludes à la nouvelle société que nous souhaitons pour le tout un chacun. Une société où la politique est axée sur le bien communautaire et non sur l’individualisme issu du colonialisme capitaliste occidental et dans laquelle liberté personnelle et liberté collective s’équilibrent.

Mais c’est tout simplement parce que notre priorité est la construction d’une autonomie et d’une alternative sur les bases d’un « autre monde possible », que nous subissons des provocations et des agressions violentes de la part de différentes corporations policières nationales et fédérales. Ces derniers jours, nous avons appris que des menaces de mort ont été proférées à l’encontre du camarade Angélico Solano Jimenez qui comme Benito Juarez réside à San Miguel Chimalapa. La communauté à laquelle il appartient est connue dans tout le pays pour son acharnement dans la défense de sa terre, de son territoire, de sa forêt et de ses ressources naturelles. Il ne fait nul doute que ces menaces sont à mettre en lien avec les ambitions des exploitants sylvicoles ne parvenant pas à exploiter librement le bois de la région et avec celles des entreprises transnationales qui tentent de piller la zone avec la complicité des gouvernements d’Oaxaca, du Chiapas et du pays. De la même façon nous avions dénoncé les menaces formulées à l’encontre d’une radio communautaire de Juchitàn de Zaragoza (Isthme de Tehuantepéc), Radio Totopo, qui depuis plusieurs années contribue par la défense de la culture et l’accès à l’information à construire l’autonomie des peuples d’Oaxaca. Rappelons cependant, qu’en mai dernier, des jeunes camarades du mouvement social d’Oaxaca ont constitué une caravane, « le sentier du jaguar pour la régénération de la mémoire », et rejoint différent-e-s camarades en lutte sur l’Isthme de Tehuantepéc (dont ceux de la communauté de Benito Juarez, de la région de Chimalapas, de Radio Totopo, de l’Assemblée de défense de la Terre de Juchitan, du collectif « instituteurs populaires du 14 juin » et de la communauté San Blas Taempa où l’un d’entre eux avait été menacé). Durant cette campagne, des policiers fédéraux (qui ne se sont pas identifiés) et des civils armés ont organisé un barrage sur un tronçon inhabité de la route qui mène jusqu’au village de Benito Juarez et ont eu l’intention de menacer les peuples en lutte.

Il convient d’ajouter les récentes agressions commises à l’encontre des camarades membres de la Maison Autonome Solidaire d’Oaxaca du travail autogéré (COSATA) qui ont été calomniés et discrédités par l’ensemble des médias locaux. Télévisions et radios ont en effet justifié les agressions physiques émises à l’encontre de la Maison et de ses résidents. Le 8 décembre 2008 pourtant, policiers nationaux et municipaux ont tenté d’arrêter les camarades en lutte, en ont agressé quelques uns, lancé des gaz lacrymogènes et des pierres, et ont détruit les vitres des portes et des fenêtres principales. Avec l’accord et la complicité des fédéraux, ces mêmes policiers, ont, le 3 janvier dernier, arrêté 19 camarades qui ont manifesté contre le génocide du peuple palestinien à Gaza. Une part non négligeable d’entre eux, était également résident de la CASOTA ou membres des collectifs Vocal, Dignité Rebelle (dignidad rebelde) ou des Brigades indigènes 94 (brigadas indigenas 94).

S’ajoute à cette liste d’agressions, une initiative des plus lâches : la tentative d’homicide qui a eu lieu à l’encontre de notre camarade Ruben Valencia Nunez. Membre du collectif VOCAL et résidant de la CASOTA, il a également participé à la caravane « sentiers du jaguar pour la régénération de notre mémoire » et à diverses autres initiatives en faveur de l’autonomie. Dans la nuit du samedi au dimanche 10 janvier dernier, plusieurs personnes à bord d’une automobile ont donc commencé par l’insulter. Puis, l’un d’entre eux, avec une apparence de flic, l’a agressé verbalement en faisant référence à sa participation à l’APPO avant de se jeter sur lui avec une arme blanche et de lui provoquer plusieurs blessures à la nuque. Le caractère direct et rapide de l’agression lui donne un aspect relativement grave, d’autant que l’une des blessures a été localisée à un centimètre de la veine jugulaire, ce qui aurait pu lui être fatal. Cela nous amène à penser que cette agression a été perpétrée dans le seul but d’éliminer un militant du mouvement populaire et autonome d’Oaxaca. Depuis le Congrès constitutif de novembre 2006 par ailleurs, Ruben Valnecia Nunez est conseiller de l’APPO au sein de la région de l’Isthme de Tehuantepec. Il a également participé aux différents mouvements qui ont eu lieu dans la région à l’encontre des entreprises transnationales et en faveur de la défense du territoire et de la culture.

Nous avons cependant conscience qu’à Oaxaca comme dans tout le Mexique, d’autres agressions de formes et d’intensités diverses sont commises à l’encontre de militants. Les camarades du mouvement zapatiste EZLN au Chiapas, ceux de Radio Nomada (la parole de l’eau), les camarades de Atenco détenus à Mexico, les habitants de la colonie « les Fermes des collines de pouliot » (Chihuahua) et beaucoup d’autres peuples qui luttent depuis le lieu où ils vivent, sont ainsi dans une situation similaire à la notre. Nous savons également que progressent dans le monde entier, les luttes pour la défense des territoires, des ressources naturelles, de l’autonomie des peuples et de leur autodétermination. L’actuelle résistance du peuple palestinien face à la honteuse guerre de destruction que mène contre lui le gouvernement sioniste d’Israël avec le soutien des gouvernements étrangers (dont celui des Etats-Unis), en est un exemple.

Que nous soyons visibles ou non (en dépit de notre grand nombre), avec toutes celles et ceux qui nous ont rejoints dans la lutte pour l’autonomie des peuples d’Oaxaca, nous persisterons dans la voie de la résistance afin de nous libérer de l’exploitation et de l’oppression. Le silence sur notre action, la désinformation et la complicité des médias sur les agressions que nous subissons, n’auront pas raison des bases que nous avons bâties par les luttes. Nous rendons responsables le gouvernement central et le gouvernement fédéral de l’ensemble des agressions commises à l’encontre de chaque militant en lutte pour l’autodétermination au sein de sa communauté et pour l’autonomie en tout lieu des campagnes comme des villes. A tous nos camarades au Mexique et dans le monde, nous vous invitons à vous porter solidaires des éventuelles répressions dont nous pourrions être victimes à travers l’action que nous menons.

Nous exigeons, l’arrêt de la répression à l’encontre de toutes celles et tous ceux qui, depuis la base, et à gauche, construisent des modes de vie, de communication et de cohabitation alternatifs, comme le font les peuples d’Oaxaca.

Respect de l’autodétermination des communautés indigènes et l’arrêt de leur militarisation

Pour la défense de nos cultures, de la terre et du territoire

Contre les entreprises multinationales et leurs projets mensongers, mortels et de destruction de la nature

Vive l’autonomie des peuples d’Oaxaca

Les Membres de l’APPO dans la région de l’Isthme de Téhuantepec : Assemblée de défense de la terre et du territoire (Juchitan), Bibaani (Ixtepec), Conseil des Ancien-e-s de Ranchu Gubina (Union Hidalgo), Benito Juarez (Chimalapa), Municipalité populaire et autonome de San Blas Atempa, Conseil citoyen d’Hidalgo, Conseil Guie Tiqui (Ixtepec), Collectif magistral-popular du 14 juin (Juchitan), Gubina XXI, A.C. (Union Hidalgo), Radio Totopo (Juchitan), Radio Didxaza (San Blas Atempa), Conseil citoyen indigene de Zapoteca, Vocal.

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